LE CONTE DU NAUFRAGE

« TOUTE ÎLE MERVEILLEUSE N'EST PAS DÉSERTE Au moment où il allume un feu pour faire une offrande aux dieux, un bruit sourd parvient à ses oreilles et la terre se met à trembler.

Il s'emploie à chercher un abri quand un serpent monstrueux apparaît : à moitié dressé sur son corps long de trente coudées, le reptile surprend également par la longue barbe qui dissimule le bas de son visage, par ses sourcils faits de lapis-lazuli et par l'or qui recouvre ses membres.

Le naufragé ne sait s'il doit fuir ou se réjouir de la venue de cette créature.

Lorsque cette dernière le somme de lui appren­ dre comment il est arrivé sur l'île, faute de quoi elle le réduira en cendres, le naufragé perd connaissance .

Quand il revient à lui, il se trouve dans l' antre du serpent qui lui pose la même question.

Le marin s 'étend sur le ventre à même le sol en signe de soumission et lui relate les événements qui l' ont conduit jusqu'à l'île.

Le serpent, touché par le récit qu'il vient d'entendre, s'efforce désormais de rassurer son visiteur: c'est certainement les dieux qui ont voulu qu'il échoue sur l'île du Ka, où tout ce que l ' on peut désirer se trouve en abondance.

Puis le monstre lui annonce que, après un paisible séjour de quatre mois à ses côtés, il apercevra au loin un navire égyptien qui le ramènera dans son pays .

Là, il pourra raconter à tous les drames auxquels il a survécu.

œ Le Conte du naufragé est certainement une légende populaire égyptienne relativement ancienne.

Toutefois, c'est au début de la XII' dynastie seulement qu'elle aurait été retranscrite pour la première fois, par un scribe nommé Amehaâ fils d'Amehy .

Son manuscrit ne nous est pas parvenu, mais on en connaît l'existence par une copie réalisée quelques années plus tard et conservée au musee de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg.

UN mNÉRAIRE CONTROVERSÉ La plupart des spécialistes s'accordent à penser que les« Mines du Souverain »,vers lesquelles se dirigeait l'expédition égyptienne, étaient situées dans le pays de Pount, soit quelque part en Nubie, au-delà de la cinquième cataracte du Nil.

Ainsi, on a pensé que le navire égyptien, quittant la Basse-Egypte, avait navigué sur la mer Rouge (que le récit nomme, comme toutes les étendues d'eau,« la Très Verte»] en direction du sud ,et que lïle du Ka se situait, pour les E!:Jyptiens, quelque part au large de la cote égyptienne.

Pourtant, certains pensent que le vaisseau du naufragé aurait tout simplement remonté le Nil.

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