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Définition: ÉVENTÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 03/02/2016

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Définition: ÉVENTÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif. I.— Participe passé de éventer* II.— Adjectif. A.— Exposé au vent, balayé par le vent. (Quasi-)synonyme : venté. Pour avoir si bien réussi sur cette terrasse éventée, ces arbres délicats semblaient favorisés d'une protection spéciale du ciel (MAURICE BARRÈS,La Colline inspirée, 1913, page 160 ). Ils se rapprochèrent de la mer. Sur un promontoire de rochers éventés et brûlants (JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, page 117 ). Il faisait un admirable début de jour, transparent, criblé de rayons, frais encore, éventé (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 81 ). — Par analogie. [En parlant d'une personne] Ses joues rougissent, mais son petit nez éventé vous a un air fripon (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 333 ). B.— Altéré, dégradé par l'exposition à l'air. Vin éventé. Les porphyres quartzifères et les trachytes sont, pour ainsi dire, des granites éventés (LÉONCE ÉLIE DE BEAUMONT. dans Bulletin de la Société géolique de France, tome 4, 1847, page 52 ). Une peau de la couleur du carry éventé (GEORGES DUHAMEL, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 33) : Ø La poussière de riz blafarde son cou maigre, Et ses cheveux, tordus dans un chignon épais, À l'âcre odeur du roux mélangent l'odeur aigre Des parfums éventés qu'on achète au rabais. HENRI MURGER, Les Nuits hiver, 1861, page 165. C.— Au figuré. Qui n'est plus secret. C'est un artifice éventé, un piège apparent où la sottise elle-même ne se laissera pas longtemps prendre (ALBERT DE BROGLIE, La Diplomatie et le droit nouveau. 1868, page 203 ). III.— Substantif, vieilli. Personne frivole, écervelée. Alors il faut me taire comme un éventé qui recule devant ses propres discours (VICTOR HUGO, Lettres à la fiancée, 1822, page 96 ). Et quelque beau matin, en ce coin pacifique, Sous les traits affadis du premier éventé, Monseigneur Cocuage entre avec majesté (AUGUSTE BARBIER, Satires, 1865, page 139 ). Fréquence absolue littéraire : 11 Forme dérivée du verbe "éventer" éventer ÉVENTER, verbe transitif. A.— Vieilli. Exposer (quelque chose) au vent, mettre (quelque chose) à l'air. (Quasi-)synonyme : aérer. Il faut éventer un peu ce meuble (Dictionnaire de l'Académie française. ). Pour éviter d'éventer des graines qui ne devront être semées qu'à des époques très-différentes, nous croyons qu'il serait convenable de diviser en quatre parties la totalité de cet assortiment (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 1, 1797, page 208 ). 1. Spécialement. MARINE. Éventer une voile. La mettre en position de prendre le vent. La brigantine fut alors éventée, et le brick, serrant le vent, se trouva par le travers de la Mercy (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 447 ). 2. En particulier, rare. Altérer (une substance) en (la) laissant trop longtemps au contact de l'air. Éventer une liqueur (Dictionnaire de l'Académie Française). — Emploi pronominal, fréquent. S'altérer plus ou moins rapidement au contact de l'air. Je ne gâchais pas mon plâtre assez vite ou plutôt je le laissais s'éventer. C'est en vain que (...), le vieux domestique, m'apportait du plâtre en poudre (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 225 ). Norine. — Ce pot à tabac, comment le trouves-tu? (...). Lenglumé. — (...) Ne touche pas!... Norine. — Pourquoi ça? Lenglumé. — Parce que ça pourrait s'éventer (EUGÈNE LABICHE, L'Affaire de la rue Lourcine, 1857, XI, pages 464-465) : Ø 1. Et quand le père Colombe (...) eut empli les quatre verres, ces messieurs les vidèrent d'une lampée, histoire de ne pas laisser le liquide s'éventer. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 622. Remarque : Certains dictionnaires généraux attestent l'adjectif éventable. Qui peut s'éventer. Et même en l'absence de réactifs solubles accélérateurs, ces produits très poussés sont plus éventables que les ciments normaux (J. CLÉRET DE LANGAVANT, Ciments et bétons, 1953, page 110). · Au figuré. Perdre sa force, sa nouveauté. Les idées se sont éventées au cours des siècles, mais elles demeurent les petites obstinations personnelles d'un homme qui fut de chair et d'os (JEAN-PAUL SARTRE, Situations II, 1948, page 80 ). Il se glissait dans toutes les amitiés des réserves et des rancunes, la haine s'était éventée (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 365 ). B.— Mettre à l'air, au jour (ce qui est enfermé ou caché), en particulier dans le domaine militaire. La mine dirigée par Lefort fut éventée par les Turcs; celle de Gordon éclata (...) celle de Golovine (...) envoya dans les tranchées russes une masse énorme de débris qui tuèrent deux colonels et une centaine de soldats (PROSPER MÉRIMÉE, Histoire du règne de Pierre le Grand, 1864-68, page 680 ). · Locution figurée. Éventer la mine, la mèche. Deviner un secret; divulguer ce qui aurait dû rester secret. Il nous soutenait, avec le plus grand sang-froid du monde, que la mine n'était pas éventée, que les indications portaient nécessairement à faux (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 146 ). Il fallait tenir l'oeil ouvert sur ce croisé naïf qui, par ses maladresses, pourrait bien éventer la mèche (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 786 ). — Par analogie et au figuré. · Deviner, pénétrer (un dessein secret) et (le) faire échouer. Quand elle commence à être grosse, on veut la marier; mais le futur évente une grossesse (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1857, page 316 ). Malheureusement les autorités damasquines éventèrent le complot et firent exécuter les chefs des assassins (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 132) : Ø 2. C'était [Mascha] une femme cruelle, logique, froide, jamais à court d'idées, d'une invention et d'une perversion sataniques quand il s'agissait de monter une nouvelle affaire, d'exécuter un attentat ou d'éventer les traquenards de la police. BLAISE CENDRARS, Moravagine, 1926, page 102. · Faire connaître (ce qui aurait dû rester secret). Si l'on communique et si l'on accorde, on évente le livre (VICTOR HUGO, Correspondance, 1866, page 525 ). Le gamin tenait à nous ménager également, nous qui pouvions éventer ses projets de futur défroqué (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 132 ). C.— 1. Brasser, agiter de l'air afin de rafraîchir (quelqu'un). Nous brûlerons de la résine autour de lui et nous l'éventerons avec des feuilles de fougère (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 303 ). · Par métaphore. La présence de son père auprès de lui, toutes scènes d'un passé si proche et si passé, et une sorte de grande brise fraîche, éventant sa vie (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 258 ). — Emploi pronominal réfléchi. Allez donc dire cela à madame la banquière trois étoiles, qui s'évente là-bas à son balcon (PETRUS BOREL, Champavert, les contes immoraux, 1833, page 222 ). Mais les regards sournois, les physionomies soudainement figées des jeunes filles qui se reposent et s'éventent m'en rendent certaine (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 308 ). 2. Brasser, agiter de l'air afin d'attiser un feu. Un plat en cuivre plein de braise que les enfants éventent à tour de rôle pour réchauffer un peu l'air (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 206 ). Le marteau sonnait sur l'enclume. Les étincelles jaillissaient du fer. La forge, éventée à la main, par un petit garçon qui était le neveu d'Avril, complétait un décor où rien n'était en désharmonie avec l'histoire de Marguerite de Provence (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 61 ). D.— [Le sujet désigne un animal] Prendre le vent pour détecter et suivre à l'odorat ou à l'ouïe, la piste d'un animal. (Quasi-)synonyme : flairer. En général, les animaux carnivores ont l'ouverture des oreilles tournée en avant, pour éventer leur proie (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 304 ). Goupil entendit à l'orée du terrier le reniflement du chien qui l'éventait et l'énergique juron du braconnier supputant de la patience et de l'endurance bien connues des renards (LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 14 ). — emploi absolu " Ce cheval évente. Il a toujours le nez au vent " (Dictionnaire de l'Académie Française). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 221. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 88, b) 372; XXe. siècle : a) 409, b) 416.

« Mercy (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 447 ). 2.

En particulier, rare.

Altérer (une substance) en (la) laissant trop longtemps au contact de l'air.

Éventer une liqueur (Dictionnaire de l'Académie Française). — Emploi pronominal, fréquent.

S'altérer plus ou moins rapidement au contact de l'air.

Je ne gâchais pas mon plâtre assez vite ou plutôt je le laissais s'éventer.

C'est en vain que (...), le vieux domestique, m'apportait du plâtre en poudre (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 225 ).

Norine.

— Ce pot à tabac, comment le trouves-tu? (...).

Lenglumé.

— (...) Ne touche pas!... Norine.

— Pourquoi ça? Lenglumé.

— Parce que ça pourrait s'éventer (EUGÈNE LABICHE, L'Affaire de la rue Lourcine, 1857, XI, pages 464-465) : Ø 1.

Et quand le père Colombe (...) eut empli les quatre verres, ces messieurs les vidèrent d'une lampée, histoire de ne pas laisser le liquide s'éventer. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 622. Remarque : Certains dictionnaires généraux attestent l'adjectif éventable.

Qui peut s'éventer.

Et même en l'absence de réactifs solubles accélérateurs, ces produits très poussés sont plus éventables que les ciments normaux (J. CLÉRET DE LANGAVANT, Ciments et bétons, 1953, page 110). · Au figuré.

Perdre sa force, sa nouveauté.

Les idées se sont éventées au cours des siècles, mais elles demeurent les petites obstinations personnelles d'un homme qui fut de chair et d'os (JEAN-PAUL SARTRE, Situations II, 1948, page 80 ).

Il se glissait dans toutes les amitiés des réserves et des rancunes, la haine s'était éventée (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 365 ). B.— Mettre à l'air, au jour (ce qui est enfermé ou caché), en particulier dans le domaine militaire.

La mine dirigée par Lefort fut éventée par les Turcs; celle de Gordon éclata (...) celle de Golovine (...) envoya dans les tranchées russes une masse énorme de débris qui tuèrent deux colonels et une centaine de soldats (PROSPER MÉRIMÉE, Histoire du règne de Pierre le Grand, 1864-68, page 680 ). · Locution figurée.

Éventer la mine, la mèche.

Deviner un secret; divulguer ce qui aurait dû rester secret.

Il nous soutenait, avec le plus grand sang-froid du monde, que la mine n'était pas éventée, que les indications portaient nécessairement à faux (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 146 ).

Il fallait tenir l'oeil ouvert sur ce croisé naïf qui, par ses maladresses, pourrait bien éventer la mèche (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 786 ). — Par analogie et au figuré. · Deviner, pénétrer (un dessein secret) et (le) faire échouer.

Quand elle commence à être grosse, on veut la marier; mais le futur évente une grossesse (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1857, page 316 ).

Malheureusement les autorités damasquines éventèrent le complot et firent exécuter les chefs des assassins (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 132) : Ø 2.

C'était [Mascha] une femme cruelle, logique, froide, jamais à court d'idées, d'une invention et d'une perversion sataniques quand il s'agissait de monter une nouvelle affaire, d'exécuter un attentat ou d'éventer les traquenards de la 2. »

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