L'Afrique noire depuis l'indépendance

FRONTIERES ARTIFICIELLES ET BALKANISATION

En Afrique noire, le transfert du pouvoir se fait souvent avec un minimum de difficultés et sans effusion de sang. Malgré leurs efforts pour le retarder ou l'aménager, les métropoles ont dans l'ensemble accepté de s'incliner devant les « vents du changement « qui, selon le premier ministre britannique Harold Macmillan, soufflent sur le continent noir. Les jeunes nations naissent à l'issue de négociations et leur indépendance prend souvent un caractère octroyé. Les accords sont conclus à Londres ou à Paris, entre un maître colonial résigné et des dirigeants nationalistes pressés d'atteindre l'objectif convoité. Pour l'Angleterre, chaque indépendance est l'objet d'une négociation ponctuelle. Pour la France, qui a groupé ses possessions africaines en deux grands ensembles, on procède d'abord à leur fractionnement. Seul Sékou Touré s'élèvera de manière inflexible contre la loi Defferre, qui rendait inévitable une Afrique francophone faite de micro-Etats plus ou moins désarmés devant les défis modernes. Selon lui, les chances d'une AOF indépendante auraient été supérieures à celles de huit ou neuf pays affaiblis. Ce sera l'un des motifs mis en avant lors de sa rupture avec la France. II tentera ensuite, mais sans succès, de donner le signal du regroupement en fédérant son pays de manière symbolique avec le Ghana. A la veille même de l'indépendance des colonies de l'AOF, une fédération malienne groupant le Sénégal et le Mali actuel avait éclaté. Pourtant Sékou Touré, comme le Ghanéen Nkrumah, avait bien vu les dangers de la balkanisation du continent noir. Mais il ne sera guère suivi.