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Après Cannes - José Maria de Hérédia

Publié le 05/05/2011

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Un des consuls tué, l'autre fuit vers Linterne Ou Vénuse. L'Aufide a débordé, trop plein De morts et d'armes. La foudre au Capitolin Tombe, le bronze sue et le ciel rouge est terne. En vain le Grand Pontife a fait un lectisterne Et consulté deux fois l'oracle sibyllin ; D'un long sanglot l'aïeul, la veuve, l'orphelin Emplissent Rome en deuil que la terreur consterne. Et chaque soir la foule allait aux aqueducs, Plèbe, esclaves, enfants, femmes, vieillards caducs Et tout ce que vomit Subure et Pergastule; Tous anxieux de voir surgir, au dos vermeil Des monts Sabins où luit l'oeil sanglant du soleil, Le chef borgne monté sur l'éléphant gétule.

(Lemerre, éd.)

1. Aemilius Paulus, qui préféra mourir plutôt que de fuir ou d'avoir à accuser son collègue imprudent. 2. Terentius Varro, dont l'impétuosité avait causé le désastre. 8. Ville de Campanie. 4. Ville d'Apulie. D'après Tite-Live, cinquante soldats seulement suivirent Varron dans sa fuite. 5. Petit fleuve arrosant Cannes. 6. Le mont Capitolin sur lequel était construit le Capitole. La foudre frappant le temple du Capitole présageait un malheur national. 7. Le bronze des statues. Autre présage funeste. Virgile note un fait analogue, lors des phénomènes annonçant la mort de César (Géorgiques, chant I). 8. Cérémonie expiatoire exceptionnelle : au nom de la Cité, les prêtres offraient des festins aux dieux, dont les statues étaient placées sur des lits d'apparat, qui servaient pour les repas, d'où le nom (lectus, lit ; sternere, coucher). 9. La consultation des oracles sibyllins, achetés par le roi Tarquin à la Sybille de Cumes, était rituel en cas de calamité. Ces livres furent détruits par la foudre sous la dictature de Sylla et reconstitués ensuite tant bien que mal. On y recourait encore officiellement à l'époque de Cicéron. 10. L'historien Tite-Live décrit cette panique avec émotion (livre XXII, chapitre 44). 11. Le quartier mal famé de Rome. D'où le méprisant vomit. 12. Prison pour esclaves. 13. Hannibal avait perdu un oeil dans les marais de l'Arno. 14. La Gétulie était une contrée de l'Afrique du Nord.

« Le sujet du poème n'est plus un événement historique, mais un paysage sous-marin.

La symphonie des couleurs,pittoresque, étrange, mais harmonieuse, est animée par le rapide mouvement du poisson; les impressions de couleuret de mouvement se fondent dans le vers final :Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude. Sur le livre des Amours de P.

de Ronsard.Heredia oppose la brièveté de la beauté et de la vie à la durée de la Poésie.

Qui se souviendrait de Cassandre, deMarie et d'Hélène si Ronsard ne les avait chantées ? Ce thème est commun à toutes les écoles poétiques : poètesde la Pléiade, écrivains classiques, romantiques, parnassiens ou symbolistes le développent tour à tour.

Le sonnetde Heredia, en dehors de sa perfection formelle, révèle un mérite inattendu : une émotion voilée l'anime; on sent latristesse de l'artiste et de l'amoureux devant le destin éphémère de la beauté physique.

La sonorité voilée,mélancolique comme un crêpe de deuil (Cassandre—Cendre) montre que le poète n'était pas dépourvu d'âme. Les Conquérants Les six sonnets groupés sous ce titre évoquent la conquête de l'Amérique avec son double aspect : les appétitsbrutaux, des conquérants et leur goût de l'a venture, du rêve.

De là vient le contraste entre les quatrainsreprésentant les aventuriers et leur navire dans leur course vers l'or et les tercets évoquant l'étrange beauté despaysages inconnus, qui arrache ces hommes durs à leur désir matériel et les fait rêver.

On sent la sympathie dupoète pour les aventuriers qui s'évadent hors de la vie courante, et sa propre nostalgie de son pays natal.

Herediadescendait lui-même de ces Conquérants et s'il ne partait plus à la découverte de cieux inconnus, du moinscharmait-il son besoin d'évasion par la poésie.

Du fond de l'Océan d'une société toujours plus uniforme etmatérialiste, il regardait comme Chatterton, son devancier romantique, monter les étoiles nouvelles de la Poésie. Conclusion. L'étude des sonnets de Heredia fait apparaître un poète sûr de ses moyens, qui place l'art au premier plan de sespréoccupations.

Néanmoins, les grands thèmes lyriques de la Nature, de l'Amour, de la Mort et de la Gloire ne l'ontpas laissé indifférent.

Sa réserve ne doit pas être considérée comme une absence de sensibilité, mais comme lavolonté de fuir la facilité et d'atteindre une beauté durable.

Etat d'esprit d'écrivain qu'explique exactement cetteconfidence d'un autre artiste, Flaubert : On ne vit pas dans l'inspiration...

il faut lire, méditer beaucoup, toujourspenser au style et écrire le moins qu'on peut, uniquement pour calmer l'irritation de l'Idée qui demande à prendre uneforme.... »

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