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Y a-t-il de belles morts ?

Publié le 09/01/2006

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Cela dit, que gagne-t-on à fuir cette possibilité éminemment subjective ? N'y prend-on pas toute capacité de choix lucide en nous imaginant que nous avons toujours tout le temps devant nous ? Refouler notre propre mortalité, n'est-ce pas le meilleur moyen de perdre sa vie, de la sacrifier sans même nous en apercevoir ? Il y aurait alors une façon d'envisager la mort dans son lien indéfectible à la vie pour montrer que la vie spécifiquement humaine consiste à vivre pour des raisons et que si ces raisons sont menacées on peut bien alors trouver des raisons de mourir. Analyse de « belle mort » La belle mort ne serait pas alors celle dont nous sommes dessaisis mais la mort envisagée comme un possible assumé au nom des valeurs défendues, des partis pris, des engagements. Mort de Socrate : le mort ne menace pas cette vie qui s'est consacré à la philosophie, face à la tentation de misologie dont un humain « trop humain » serait la proie, Socrate montre qu'il ne s'est pas trompé puisque la seule activité possible est celle de papier sur le sens. Mort de Jean Moulin : héroïsme de l'engagement. Plutôt mourir que de vivre comme un lâche ou un délateur. On comprend bien ici que la belle mort est la mort héroïque mais le terme de beauté n'en appelle pas qu'a la valeur morale mais à une esthétique de la représentation. C'est ici que l'art se convoque, nous avons en effet déjà indiqué que la mort est un impensable, et que l'entendement voit sa logique s'effondre dès lors qu'il a à saisir le passage de l'être au néant, ainsi si le concept reste muet sur la mort il ne nous reste peut-être plus que l'inflation des représentations.

Une question provocatrice en ce que la mort est un concept limite, un impensable qui coupe le souffle (comment comprendre que la vie qui était là l'instant précédent disparaisse de façon définitive l'instant suivant ?) La mort s'associe davantage à l'angoisse et a l'inquiétude qu'a la contemplation esthétique.  Proposer de voir la mort comme belle relève-t-il alors d'une insolence outrageuse oubliant que rien n'est plus douloureux que de se savoir mortel ou s'agit-il par l'intermédiaire de la mort d'une façon authentique de saisir la vie comme nécessairement mortelle, ce qui suppose de prendre acte de son essentielle finitude ?  La lucidité vigilante provoquée par la saisie de ma mortalité n'est-elle pas ce qui engage au refus radical de rater sa vie ?

« PLAN I .

la mort comme impensable qu'on cherche a fuir. La belle mort y apparaît comme ce dont je suis absent.

L'on pourrait bien après tout s'autoriser cette illusion si elleaidait a vivre mais rien n'est moins sûr.

L'illusion pourrait bien en faire proliféré d'autre au point que l'on peut passersa vie dans la procrastination pour laisser faire le temps qui n'est plus celui que des renoncements.

Pourquoi neperdrions nous pas notre vie à la gagner si nous oublions que nous sommes mortels ? Cette belle mort que Rousseaudécrit d'ailleurs dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes est celle de l'hommesde l'état de nature mais il est le premier à faire remarquer que cette mort non douloureuse parce qu'elle est abrutien'est possible qu'a celui qui n'a encor aucune idée de la raison ni de la temporalité.

II.

La mort des justes : la belle mort ? Face a une mort qui égalise les conditions humaines mais qui permet surtout de manifester les morts, de les tuer ensérie ou industriellement, pour tuer toue une individualité véritable dans l'uniformité qui viendrait couronner les sensd'une vie en maintenant ses choix coûte que coûte apparaît comme la belle mort possible parce qu'elle est presquecelle que j'ai choisie.

Quelles que soient les injustices ou les tyrannies du pouvoir ou de la foule, ce qu'ils apprennentdu courage même s'ils le tuent, c'est que l'on n'est jamais reconnu par un cadavre et que s'il fallu tuer c'est que laliberté n'a pas cédé.Mort d'Antigone, de Socrate, de J.

Moulin, de Primo Levi.

III.

Les représentations des morts illustres.

Faire exister par l'art au-delà la mort Des morts qui font l'histoire et qui immortalise les action nobles, les postures héroïques, ou la faiblessehumaine tient tête à la mort.

Cf : morts du christ que la peinture nous livre n'en finissent pas d'entretenir laquestion de l'identité selon qu'il est amaigri et victime, noble et fier, potelé et trop humain.

La peinture des vanitéss'est-elle aussi illustrée par l'inflation des crânes venant signifier à tout pouvoir à quel point il est dérisoire et letableau de La mort de l'enfant vient indiquer gravement que dès que nous sommes nés nous sommes assez vieux pour mourir.

Bref, si la mort est un impensable devant lequel l'entendement s'épuise ou s'affole elle n'en est pasmoins ce sont nous devons prendre acte et puisque nous n'avons de cesse de l'oublier, l'image aura comme toutfantôme le pouvoir de nous hanter, non pour nous terrifier comme si nous étions des enfants mais pour nous signalerque toute la beauté se lève sur cette effroi.. »

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