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Le citoyen n'a-t-il le droit de s'opposer aux lois qu'en paroles ?

Publié le 08/02/2004

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Mais est-ce là véritablement le seul mode possible d'opposition ? Après avoir rappelé la façon dont Spinoza justifie ce point de vue, nous-nous demanderons dans quelle mesure un recours à d'autres moyens peut être nécessaire.Le point de vue de Spinoza pourrait être qualifié de légitimiste : certes il ne prône pas la discipline muette et l'obéissance aveugle ; mais il déconseille la rébellion ouverte. Comme le libre jugement des hommes est tout à fait divers et que chacun pense à lui seul tout savoir, et qu'il est impossible que tous pensent également la même chose, et parlent d'une seule voix, ils ne pourraient vivre en paix si chacun n'avait pas renoncé au droit d'agir selon le seul décret de sa pensée. C'est donc seulement au droit d'agir selon son propre décret que l'individu a renoncé, non au droit de raisonner et de juger; par suite personne ne peut, sans danger pour le droit du pouvoir souverain, agir à l'encontre du décret de celui-ci, mais il peut totalement penser et juger, et par conséquent aussi s'exprimer, à condition cependant qu'il se contente de parler et d'enseigner, et de défendre son opinion par la seule Raison, sans introduire par la ruse, la colère et la haine quelque mesure contraire à l'État qui ne ressortirait que de l'autorité de son propre vouloir. 1. Thèse du texte Dans ce texte, Spinoza établit une distinction importante entre d'un côté la liberté d'agir du citoyen qui, selon lui, doit nécessairement être limitée, et de l'autre la liberté de pensée et d'expression qui doit être absolument garantie dans une cité. L'auteur montre tout d'abord que la paix civile ne peut être assurée qu'à la condition que les hommes renoncent au droit d'agir entièrement selon leur bon vouloir. II montre ensuite qu'en conséquence, c'est seulement la liberté d'agir qui peut être restreinte mais non la liberté de raisonner et de s'exprimer. Spinoza termine son propos en introduisant une certaine nuance au sujet de la liberté d'expression: seules les opinions fondées sur la raison doivent pouvoir être librement défendues au sein 'de la cité.
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« Spinoza : le citoyen n'est pas son propre juge Pour Spinoza, même si le citoyen peut condamné une loi en parole, il n'en demeure pas moins qu'il est soumis àelle par un devoir inconditionnel d'obéissance.

En effet la société a pour objet de faire sortir les hommes de leurcondition d'esclave à l'égard de leurs sentiments.

Il écrit au cours du Traité de l'autorité politique : « Maiscomme les hommes sont soumis à des affections (corollaire de la proposition 4) qui surpassent de beaucoupleur puissance ou humaine vertu (proposition 6) ils sont traînés en divers sens (proposition 33), et sontcontraires les uns aux autres (proposition 34), alors qu'ils ont besoin d'un secours mutuel (proposition 37,scolie 2, p255).

Pour palier cet inconvénient, les hommes doivent renoncer à leur droit de nature afin de ne pasfaire de mal à autrui et de s'assurer qu'il ne leur sera pas fait de mal à autrui et de s'assurer qu'il ne leur serapas fait de mal.

La société ne marque pas pour autant l'avènement du règne de la Raison pour les hommes,même si l'on peut dire qu'elle résulte d'une décision rationnelle en vue de leur conservation : « Par cette loi,donc une Société pourra s'établir si elle revendique pour elle-même le droit qu'a chacun de se venger et dejuger du bon et du mauvais, et qu'elle ait ainsi le pouvoir de prescrire une règle commune de vie, d'instituer deslois et de les maintenir, non par la Raison qui ne peut réduire les affections (scolie de la proposition 17), maispar des menaces ».

C'est à une telle société que Spinoza attribue le nom d'Etat, dont les membres sont les «citoyens ».

Il en découle que le citoyen ne peut vivre selon sa fantaisie, sans quoi il renonce à son statut decitoyen et doit se soumettre, en vertu même de la définition de l'Etat, à la loi dont il a besoin pour ne pascéder à plus fort que lui.Il confirme cette vision au cours de l'article 4, livre 3 du même ouvrage : « Nous ne pouvons en outre qu'il soitpermis à chacun d'interpréter les décrets de la cité, c'est-à-dire ses lois.

S'il avait cette licence, il serait eneffet son propre juge, il n'y aurait point d'acte accompli par lui, qu'il ne pourrait rendre excusable ou louableavec une apparence de droit, et conséquemment il règlerait sa vie selon sa complexion, ce qui est absurde ».Spinoza refuse donc que le citoyen ait un droit de désobéir à une loi. Comme le libre jugement des hommes est tout à fait divers et quechacun pense à lui seul tout savoir, et qu'il est impossible que touspensent également la même chose, et parlent d'une seule voix, ilsne pourraient vivre en paix si chacun n'avait pas renoncé au droitd'agir selon le seul décret de sa pensée.

C'est donc seulement audroit d'agir selon son propre décret que l'individu a renoncé, nonau droit de raisonner et de juger; par suite personne ne peut, sansdanger pour le droit du pouvoir souverain, agir à l'encontre dudécret de celui-ci, mais il peut totalement penser et juger, et parconséquent aussi s'exprimer, à condition cependant qu'il secontente de parler et d'enseigner, et de défendre son opinion parla seule Raison, sans introduire par la ruse, la colère et la hainequelque mesure contraire à l'État qui ne ressortirait que del'autorité de son propre vouloir. 1.

Thèse du texte Dans ce texte, Spinoza établit une distinction importante entre d'uncôté la liberté d'agir du citoyen qui, selon lui, doit nécessairement êtrelimitée, et de l'autre la liberté de pensée et d'expression qui doit être absolument garantie dans une cité.L'auteur montre tout d'abord que la paix civile ne peut être assurée qu'à la condition que les hommesrenoncent au droit d'agir entièrement selon leur bon vouloir.

II montre ensuite qu'en conséquence, c'estseulement la liberté d'agir qui peut être restreinte mais non la liberté de raisonner et de s'exprimer.

Spinozatermine son propos en introduisant une certaine nuance au sujet de la liberté d'expression: seules les opinionsfondées sur la raison doivent pouvoir être librement défendues au sein 'de la cité. 2.

"ils ne pourraient vivre en paix si chacun n'avait pas renoncé au droit d'agir selon le seul décret desa pensée" Spinoza évoque ici ce que l'on peut considérer comme l'une des clauses les plus fondamentales du pactesocial: en s'unissant, les hommes ont renoncé à leur liberté naturelle pour se soumettre à la loi commune quigarantit à chacun la sécurité.

Dans une cité, en effet, la liberté d'action des hommes ne saurait être sanslimites car sinon chacun, en faisant tout ce qui lui plaît, risquerait de mettre en péril la liberté de sessemblables.

La liberté d'action des hommes doit donc être limitée par une loi commune de façon à ce qu'aucunne fasse de sa liberté un usage nuisible pour autrui. 3.

"défendre son opinion par la seule Raison" Spinoza soutient qu'il ne doit y avoir aucune limite à la liberté d'expression et donc que toutes les opinionsdoivent pouvoir être soutenues au sein d'une cité mais à la condition, précise-t-il, que celles-ci soientdéfendues « par la seule Raison ».. »

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