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Commentaire composé : La Dispute, scènes 1 et 20 de Marivaux

Publié le 11/09/2011

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marivaux

Les structures grammaticales : la pièce s’ouvre sur une série de questions de la part d’Hermiane au Prince. Ils se vouvoient. Hermiane l’appelle Seigneur, elle lui donne donc son titre tandis que le Prince lui avoue son désir de lui plaire. Le Prince rappelle la thèse d’Hermiane, ce qui se marque par le mode indicatif. Hermiane confirme et étaye sa thèse qui lui semble évidente, comme l’atteste les tournures interrogative et exclamative. Le Prince ne souhaite pas la contredire (il se dit de son côté à plusieurs reprises dans ses longues phrases, mais manifeste de l’ironie, si on lit entre les lignes), mais désire que ce soit vérifié par une expérience afin d’en être sûr.

marivaux

« Les figures rhétoriques : Hermiane recourt à l’hyperbole (« le plus sauvage », « le plus solitaire », « édifice sisingulier »…).

Elle étaye sa thèse par une question rhétorique (« Oh ! Comment veut-on… ?), afin d’en montrerl’évidence.

Le Prince recourt également à l’hyperbole dans l’exposé de son expérience (« le monde et ses premièresamours vont reparaître tels qu’ils étaient… », « aussi neuves, encore plus neuves ») pour valider cette dernière. Quatrième lecture Sonorités, rythme : L’interjection « Oh » a un effet de coupure rythmique après la longue phrase énoncée parHermiane.

La répétition de « comment veut-on » provoque un effet de martèlement de sa thèse.

Cet effet demartèlement se ressent aussi dans une des répliques du prince avec l’allitération du [r] : « Il est vrai que je vousaime, et que mon extrême envie de vous plaire peut fort bien me persuader que vous avez raison… ».

Cetteallitération participe à l’ironie des propos du Prince.

Il y a ensuite une phrase très rythmée et qui contient presqueune rime : « Je n’estime point le cœur des hommes, et je vous l’abandonne ».

Lorsque Hermiane commente lespropos du Prince, la réponse de ce dernier rime (« Ce discours-là sent bien l’ironie.

J’en serai donc bientôt puni… »).Il y a là encore un rythme que l’on peut percevoir.

Dans la dernière réplique du Prince de la scène 1, le groupephonique « être » est répété (être, reparaître, être), ce qui vient enrichir le sens (être au sens d’individu, on peutégalement penser à la citation de Descartes « je pense, donc je suis », le verbe être étant dès lors étroitementassocié à l’origine et à la conscience de l’individu).

Dans la dernière scène, la répétition de la syllabe finale « able »vient renforcer l’exaltation d’Hermiane en rythmant la phrase.

Le rythme s’accélère lors de la phrase conclusive duPrince, et l’on observe un certain contraste : d’abord le Prince s’exprime avec une certaine élégance (« Madame »),avant de trancher dans le vif : « vices, et vertus, tout est égal entre eux ».

Le Prince rappelle la thèse de départ,associe ensuite deux termes opposés (« vices, et vertus ») et conclut sur la convergence de ces deux contraires(« tout est égal entre eux »). II.

Commentaire Une problématique possible : Dans quelle mesure le voyeurisme peut-il se justifier, et quelles sont ses limites ? Premier axe d’étude : le voyeurisme permet ici de tester une hypothèse, et donc de faire avancer la connaissance. Deuxième axe d’étude : le voyeurisme comme entrave à la liberté des individus. Troisième axe d’étude : le voyeurisme comme divertissement. A l’heure où les caméras jouent un rôle croissant dans notre vie de citoyen, réfléchir à la liberté accordée à chaqueindividu s’avère être une question de plus en plus prégnante.

Elle se posait visiblement déjà au dix-huitième sièclesous une autre forme puisque, dans La Dispute, les objectifs des caméras sont substitués par des yeux humains.Cependant, l’inversion de la réception de la pièce de Marivaux (d’un désintérêt à un succès croissant) montre lagrande acuité de cette problématique bien actuelle. Dans cette comédie, les personnages sont entre autres espionnés en vue de faire avancer la connaissance, lesavoir.

Jusqu’où peut-on aller dans le « voyeurisme » au nom de ce noble objectif ? Cette interrogation garde toutesa pertinence lorsque l’on voit toutes ses émissions de télé-réalité pour apprendre à chanter, à cuisiner, à faire rire,à se vendre professionnellement… Quels sont les autres objectifs du voyeurisme, et qu’en penser ? Nous nousattèlerons à répondre à ces questions tout au long de ce commentaire. Dans la Dispute, le Prince propose à Hermiane une expérience en vue de déterminer quel est le sexe le plus enclin àl’infidélité.

Quatre individus, deux hommes et deux femmes, ont été isolés de la civilisation, et ne se connaissentpas.

Confrontés à l’altérité ethnique dès leur plus jeune âge (ils sont élevés par un homme et une femme noirs), ilsvont maintenant s’ouvrir à l’altérité amoureuse, sous les yeux de la Cour.

Cette expérience voyeuriste est proposéepar le Prince en vue d’apporter une réponse définitive à la question de l’inconstance et / ou de l’infidélité : sont-ellesplutôt l’apanage de l’homme ou de la femme ? Aucun des personnages ne prend de la distance par rapport à cetteexpérience, elle n’est nullement remise en cause.

A l’époque, la raison était considérée comme une valeurfondamentale, et l’expérience, de par son caractère concret, semblait le meilleur (voire l’unique) moyen deprogresser dans la connaissance.

Il apparait toutefois clairement que Marivaux se distancie, et se moque de cettephilosophie, en proposant de la pousser jusqu’au bout.

En effet, la liberté humaine est ici complètement sacrifiée aunom du progrès, et doublement en vain, puisque finalement, l’infidélité se manifestera autant chez l’homme que chezla femme.

Marivaux montre ici l’absurdité qu’il y a de vouloir apporter une réponse ferme et définitive à une questionouverte en ridiculisant la démarche rationaliste prônée par les philosophes des Lumières, comme l’atteste le recoursà un langage précieux ironique, souligné par Hermiane. Le savoir est considéré comme un absolu, puisque la liberté des individus se voit complètement spoliée.

En effet, lamanipulation est présente à toutes les étapes de l’expérience.

Les quatre personnes sont isolées du monde, puiséduquées de manière orientée par Carise et Mesrou, qui suivent les instructions de la cour.

Les personnagesapparaissent très instruits intellectuellement, ce qui se marque par leur langage soutenu, mais ils ignorent tout de lavie pratique : Eglé découvre qu’elle peut observer son reflet dans l’eau, ou à l’aide d’un miroir par exemple.

Ensuite,lorsqu’elle se croit amoureuse, Carise et Mesrou dirigent encore sa vie en lui conseillant de s’éloigner pour que leuramour puisse perdurer.

Ils lui tendent, ainsi qu’aux autres personnages, un piège, sans aucun remords.

Et à la fin, le. »

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