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Commentaire composé : Le Mariage de Figaro scènes VI VII VIII de l'acte II « Suzanne entre avec un grand bonnet […] en emportant le manteau du page »

Publié le 29/09/2010

Extrait du document

mariage

 

Le 18ème siècle est une période de renouveau pour le théâtre. L’apparition de la comédie dramatique permet aux dramaturges d’éduquer la population en abordant des tabous sociaux. 

Pierre Augustin Caron de Beaumarchais n’échappe pas à cette évolution, et sous des comédies qui peuvent paraître parfois grotesque il soulève des problèmes importants de la société de son temps. En 1784 la censure autorise la représentation du Mariage de Figaro écrit quatre ans auparavant par Beaumarchais.

Cette pièce de théâtre relate l’histoire de Figaro et Suzanne dont le mariage est compromis par le comte Almaviva. Ce dernier n’autorisera l’hymen qu’après avoir obtenue un rendez-vous galant avec la promise. 

Le passage que nous allons étudier (l’acte II scène VI VII VIII) met en scène Chérubin, Suzanne et la Comtesse. Chérubin vient de chanter sa romance dans laquelle il déclare ne pouvoir vivre séparer de sa marraine dont il est éprit. Ici les deux femmes complotent et souhaitent piéger le comte en lui accordant une fausse entrevue avec Suzanne. Elles travestissent Chérubin de façon à ce que le comte ne puisse le reconnaître puis décident de l’envoyer à la place de la camériste. 

Les scènes évoquent une situation particulière où la Comtesse et Chérubin échangent part des regards et des gestes implicites une complicité des plus intimes. Suzanne n’est pourtant pas effacée elle possède un rôle fort sur lequel repose l’acmé comique des scènes.

Dans cet extrait Pierre Augustin Caron de Beaumarchais met en valeur la ruse et l’intelligence féminine de façon à dévaloriser les valeurs masculines. 

Nous verrons donc comment, tout en éveillant le rire chez le spectateur ce passage remet en question la condition sociale de la femme du 18 éme siècle. Pour cela nous analyserons dans un premier temps en quoi ce passage dévoile une relation presque incestueuse entre Chérubin et sa marraine, et dans un deuxième temps nous verrons l’importance du personnage de Suzanne dans l’engagement sociopolitique de Beaumarchais tout en aillant une fonction purement théâtrale. [, puis, pour finir nous mettrons en évidence la manière dont Beaumarchais manipule ses spectateurs ou lecteurs de façon a ce qu’ils prêchent ses idéaux.]

 

Dans cet extrait le dramaturge met en scène le traditionnel trio du théâtre comique. Trio, ici traditionnellement divisé en deux. 

Un premier tandem grave et sombre dans lequel se trouve Chérubin et la comtesse, et dans un deuxième temps une soliste, Suzanne. Cette dernière est exclu de la relation privilégiée des deux autres personnages, sa présence légère et enjoué sert a équilibré le trio. Ce fait est souligné par les didascalies laissées par l’auteur. L’intimité des deux protagonistes est illustrée scène VII quand « Chérubin la dévore de ses regards « Suzanne elle s’en est allée chercher « un grand bonnet « ou du  « taffetas gommé«. Le jeune page et la comtesse restent « assis « ou « à genoux «. Dans l’étendu des scènes ils sont presque immobiles comme hors du temps. Leurs corps ne bougent plus, par cet effet le spectateur ressent la force tragique qui pèse sur leurs épaules. Ils sont d’autant plus isolaient par les particularités que présente leurs profils psychologiques. Le nom de « Chérubin « donnait au jeune page connote l’ambiguïté sexuelle du personnage. Effectivement les chérubins sont des enfants ailés asexués. De plus dans les scènes suivantes Suzanne et la comtesse travestissent le jeune homme. Ce fait qui peut paraître négligeable est en réalité essentiel au déroulement des scènes. C’est un personnage au sexe indécis (presque féminin) qui va ridiculiser le comte en convoitant Suzanne, la comtesse et Fanchette. C’est encore Chérubin qui conteste  l’autorité d’Almaviva en ne partant pas à Séville et en se cachant a demi nu dans le cabinet de son épouse. L’auteur ridiculise le comte, icône de la masculinité, par un être aux allures féminines qui selon les dires « est jolie en fille «. Par la relation qu’elle noue avec le jeune page la comtesse devient inconsciemment sa complice. Dans cette relation presque incestueuse le rang social de Rosine n’est pas un hasard. Rappelons qu’à cette époque seul les hommes étaient libres sexuellement, alors que les femmes étaient (sauf exception) soumises, contraintes par un regard extérieur, une société conformiste. L’entrevue décrite dans cet extrait n’est pas convenable. Le parti pris de l’auteur pour le beau sexe est flagrant. On pourrait pensé que dans ses scènes la comtesse prend le rôle du comte. Par les gestes et les propos qui lui sont attribués l’auteur prône une égalité des mœurs sur tout point de vue. On relève plusieurs exemples qui illustrent la démarche de Beaumarchais. Tout d’abord le peu d’importance qu’elle attribut au cachet de Chérubin. Pourtant si le brevet n’est pas cacheté il ne peut se rendre au combat. Cependant elle ni fait que très brièvement allusion et s’empresse de changer de sujet. 

« Suzanne entre avec un grand bonnet: Le cachet, à quoi ? 

   La comtesse : A son brevet.

   Suzanne : Déjà ? 

   La comtesse : C’est ce que je disais. Es-ce là ma baigneuse ? «

Ce cachet est « providentiellement « oublié par les soins de la comtesse. Car tant que manque le cachet, Chérubin reste au château. C’est involontairement, la comtesse qui par le biais de cette « oubli « va rendre possible les va et vient du page et par la même occasion l’exaspération du comte dans l’acte V. Rosine essais inconsciemment par cette oubli de combler un manque mais aussi d’attirer l’attention de son mari qui le délaisse. Et si le cachet est mis de coté dans les scènes suivantes, le ruban lui y occupe une place conséquente. Le ruban apparaît dans la scène VI au bras de Chérubin. Il est tachait de sang. La comtesse est prise d’une monté d’adrénaline traduite par une exclamation « il y a du sang ! «. Elle y porte une grande attention. La présence du sang sur le ruban  a un effet symbolique. Le ruban est marqué par la mort. Il illustre les causes violentes que pourrait entraîner l’amour incestueux. Le ruban qui appartient à la comtesse donne lieu à des échanges entre elle et Chérubin.

L’importance de l’objet aux yeux de Rosine est soulignée par l’auteur. Quand Suzanne se met à rire de l’accident minime de Chérubin  la comtesse lui ordonne « d’un ton glacé « de rester en dehors de leurs relations. « Occupez vous plutôt de m’avoir du taffetas gommé, dans ma toilette «. Il est aussi précisé dans une didascalie scène VII que la comtesse « reste un moment sans parler, les yeux sur son ruban «. Elle prétexte par la suite vouloir récupérer le ruban car « c’est celui dont la couleur l’agrée le plus «. En le substituant à du taffetas gommé elle accepte un échange et la symbolique de ce dernier. Le ruban est maintenant marqué d’un double contact symbolique. 

 

Cependant tous ces détails ne sont pas évidents pour le spectateur et pour les mettre en avant l’auteur introduit le personnage de Suzanne. Elle contraste le tandem par ses effets comiques et amplifie sont aspect tragique. Suzanne  met en avant la relation ambiguë de la comtesse et de Chérubin. Le tandem et la soliste sont totalement opposés. Pourtant Suzanne comme dans une photographie est le révélateur qui laisse apparaître le motif. C’est par cette différence de point de vue que Suzanne renforce la situation de Rosine et du jeune page. Dans les didascalies l’auteur fait exprès de la mettre en mouvement «  elle chante avec des épingles dans sa bouche «, «  elle le coiffe «, « elle lui prend le menton «, « Suzanne lui pousse la tête, en riant ; il tombe sur les deux mains. «. C’est un total retour au réel que nous offre Suzanne. Elle est pleine de mouvement. Chacun de ses gestes peut paraître insignifiant pourtant ils sont essentiel et possèdent tous une symbolique bien particulière. Quand la camériste chante légèrement, avec des épingles dans la bouche elle réveille les tourments du page, et les simples aiguilles apparaissent comme une métaphore du champ de bataille. Enfin elle ajoute un apport comique a la scène par des réflexions et des gestes brusques «  là mais voyez donc ce morveux, comme il est jolie en fille ! « rappelant aux spectateurs les aspects cocasse et coquin des scènes. Si par curiosité on lis les scènes en enlevant les répliques, les faits et les gestes de Suzanne, l’on peut rapidement oublié qu’ici on assiste a une scène presque coquine et ne voir que l’aspect tragiquo-romantique de la scène. L’auteur utilise ce personnage pour nous rappeler que la comtesse commet un semi adultère et part la même occasion il témoigne de son engagement. Par le simple fait de concevoir une liaison extraconjugale de la part d’une femme. Encore une fois par le rire, la camériste nous rappel l’ambivalence du personnage de Chérubin «  Ah ! Qu’il a le bras blanc ! C’est comme une femme ! «. Suzanne a la scène VIII fait remarquer au spectateur que la comtesse par un subterfuge c’est emparée du ruban permettant l’échange symbolique du taffetas gommé « Et la ligature à son bras ? «.

Beaumarchais par le biais de Suzanne nous rappel aussi la condition sociale de la femme du 18 éme siècle, « Et surtout un ruban volé. Voyons donc ce que la bossette, la courbette ! La cornette du cheval ! Je n’entends rien à tous ces noms-là. «. Les hommes vivent à l’extérieur et cultivent l’art de la chasse, de la guerre et de la politique pendant que les femmes elles parlent chiffons, rubans, bonnets ou toilettes. Suzanne est un personnage à multiples fonctions, elle souligne des détails pour mieux rappeler la nature de la relation Chérubin/Comtesse, mais c’est aussi par ses maladresses que le dramaturge dresse une critique sociale. Mieux que sa ! Suzanne par son rang sociale et sa solitude face au tandem est une mise en abîme des spectateurs. Le spectateur s’identifie inconsciemment à la camériste par les points communs qui les lie mais aussi par le comique qu’elle reflète. Coup de ch ef pour l’auteur qui va par le biais de se personnage faire accepter, ses thèses libertaires, égalitaires à son publique voir même à la censure.

 

Les scènes que nous avons étudiées sont à l’effigie de la comédie dramatique, elles permettent de faire prendre consciences des problèmes sociaux à la population tout en entraînant une réflexion sur ces derniers. Dans cet extrait Beaumarchais expose la condition féminine du 18 éme siècle grâce à Suzanne et la remet en cause par l’intermédiaire de Chérubin et la Comtesse. Pour faire passer en douceur ses idéaux libertins et révolutionnaire aux yeux de la censure l’auteur utilise de nombreux subterfuges notamment le rire. Subterfuges parfois complexes et qui demande de longues heures d’analyses. Peut-on alors affirmer que par son inconscient le spectateur saisisse toutes les nuances du texte ? Le stratagème de l’auteur influent il vraiment sur l’inconscient du lecteur ou es ce que seul un lecteur avisé peut percevoir les problèmes exposés ?

 

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