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Critiques de la théorie freudienne

Publié le 15/01/2004

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Cette thèse liminaire ouvre ainsi un large champ d'investigation, l'inconscient, dont il faut énoncer les lois propres afin de montrer quelle part de méconnaissance constitutive l'homme dans son rapport à ce qu'il nomme lui-même et l'autre. Mais, Freud, n'échappant pas à la domination sans partage du modèle scientifique de son temps, les sciences de la nature et le principe de causalité qui est un principe explicatif, la biologie qui se développe considérablement à la fin du 19e ( rôle fondamental de la théorie darwinienne), oscillera entre deux voies: justifier l'inconscient en l'érigeant en nature, usant ainsi des concepts de causalité et de force mais aussi des concepts de la biologie, appréhender les phénomènes inconscients comme production de signification qui font toujours l'objet d'un travail d'interprétation, comme par exemple le rêve. Ces difficultés de méthode (naturalisme d'un côté, herméneutique de l'autre) que nous ne faisons plus souligner partageront les héritiers et autres qui depuis discutent la théorie freudienne de l'inconscient dont il ne faut jamais oublier que les effets pratiques, thérapeutiques et institutionnels (là encore objet de mille et une controverses).Considérant à partir de Freud que la psychanalyse est une théorie générale des névroses nous pouvons exposer schématiquement cette théorie au moyen de quelques concepts fondamentaux, puis examiner la question classique du déterminisme psychique et à partir de la critique non moins classique de Sartre qui, tout au moins dans "L'être & le néant", nie la réalité de l'inconscient pour lui substituer ce qu'il nomme la "mauvaise foi" comme conduite de négation et de fuite vis-à-vis de soi-même, affirmant ainsi contre tout déterminisme le caractère inaliénable de la liberté dans un monde aliéné.I ) Quelques concepts fondamentaux.1) Découverte de l'inconscience et méthodes.Il y a un mythe fondateur de la psychanalyse. Ce n'est pas Freud qui découvre la voie pour accéder à l'inconscient mais Bertha Appenheim plus connue sous son nom de cas clinique Anna O. Celle-ci, nous sommes en 1880, alors âgé de 21 ans, d'origine viennoise, très vive et intelligente, souffre de symptômes hystériques, liés à la maladie de son père (paralysie de trois membres, troublent de la vue et du langage, comportements très opposées, soit calme et rangée, soit insupportable pour son entourage, etc.).

« séparé », à proprement parler comme quelque chose d'inintéressant, sinon d'impossible. Ce qui est en jeu, pour Alain , c'est un conflit sans cesse recommencé entre les passions (l'inconscient) et la raison (le conscient), ou, plus simplement encore, entre le corps et l'esprit.

Les partisans de l'inconscientestiment sans doute que les signes qui viennent du corps sont des pensées qui méritent d'être interprétées ; pourles tenants du rationalisme, il n'y a de pensées véritables qu'en liaison avec une extrême attention.

Une « pensée qui n'est point formée en pleine attention » n'est pas une pensée du tout. La fabrique de notre corps peut produire des suites de paroles et de gestes par le simple jeu de l'excitationet de la fatigue.

Et parce que je suis homme (et d'emblée crédule), je suis porté à croire que « tous mes mouvements sont des signes, et tous mes cris sont des sortes de mots ».

Je suis porté à croire « que tout cela a un sens, et traduit à moi-même mes propres pensées, pour moi secrètes, de moi séparées, et qui vivent,s'élaborent, se conservent dans mes profondeurs ».

Et avec le grand talent d'écrivain qui est le sien, Alain dénonce cette illusion : « C'est une erreur sur les pensées mêmes, que l'on croit conserver en soi comme des pensées dans les profondeurs, qu'on reverra, qui auront grossi ; ou comme des algues recouvertes d'une eau opaque, quigrandissent et se nourrissent, et que quelque coup de mer jettera sur la plage. » Cette croyance en la possibilité de lire les signes renvoie à cette toute-puissance des passions qui nous rend sifaibles et si crédules.

« Vieille question ; faut-il interroger le chêne de Dodone, ou les entrailles des animaux expirants ? Ou bien encore, faut-il consulter la Pythie, folle par état et par système, et essayer de lire tous lessignes qu'elle nous jette ? » De même faut-il croire que ce qui vient dans mes rêves, « ce qui sort de mes entrailles, sans que je l'aie composé ni délibéré, est une sorte d'oracle, cad une pensée venant des profondeurs » ? Alain répond résolument non.

Non, il faut refuser de croire que les mouvements de notre corps signifient des pensées.

Nonil faut refuser d'interpréter ses propres rêves.

« Il faut plutôt rejeter au mécanisme de la nature ces prétendues pensées, qui ne sont que des rencontres de signes » (« Sentiments, Passions & Signes »). Comme on le voit, la critique de l'inconscient qu'on trouve chez Alain ne porte pas sur tel ou tel point de la doctrine de Freud .

Elle est absolument radicale parce qu'elle écarte, comme on l'a vu, le psychologisme.

Au profit de la morale.

Mais elle est radicale aussi parce qu'elle repose sur une certaine conception de l'homme.

Pour lestenants de l'inconscient, il y a croyance en une intériorité, avec ses degrés de conscience, de préconscient,d'inconscient.

Au contraire pour Alain , il n'y a point un « intérieur » de l'homme : « L'intérieur de l'homme, et ce genre de pensée qui prétend se passer du monde, voilà une fiction de littérateur ».

L'homme qui pense (et c'est là l'honneur de l'homme), c'est un homme non pas replié sur lui-même dans une éternelle introspection, mais projetédans le monde : « L'homme pensant, selon moi, c'est l'homme en mouvement .

» Ce qui est « en lui », dit Alain , ce n'est pas la pensée, mais ce qui est structure et mouvement.

« Bref le dedans de l'homme n'explique jamais rien de ce qu'il dit ou de ce qu'il fait. » Ainsi la pensée de l'homme est dans son action qui lui fait parcourir le monde.

« Point n'est besoin de supposer quelque idée sourde qui revient du fond de la nuit ; le monde est assez grand ; et l'hommepensant le parcourt, faisant de chaque chose dieu et destin. » (« Propos », « Fantômes », 23 septembre 1921).

B.

L'homme est liberté Le point de vue de Sartre, élève d'Alain, s'inscrit aussi dans la lignecartésienne.

Comment le psychisme humain peut-il censurer ce qu'il neconnaît pas ? Si certains de mes désirs sont inconscients, c'est qu'ils ne sontpas connus, et donc qu'ils ne sont pas non plus susceptibles d'être refoulés.Pour Sartre, l'inconscient n'existe pas.

Ce qui existe en revanche, c'est lamauvaise foi, cette comédie par laquelle je fais semblant d'être ce que je nesuis pas (à l'exemple de ce garçon de café qui, de façon un peu tropappuyée, « joue à être garçon de café »).

Mais la mauvaise foi est uneattitude consciente : « La seule façon d'exister pour la conscience, écritSartre dans L'Imagination, c'est d'avoir conscience qu'elle existe ».En invoquant des causes inconscientes pour expliquer – voire pour justifier –nos pensées et nos actes, nous nous mentons à nous-mêmes ; nous tentonsde nous persuader que ce n'est pas nous qui décidons, mais que noussommes gouvernés par des pulsions ou par des tendances contre lesquellesnous ne pouvons rien. Mais refuser la conscience, c'est refuser la liberté.

Il n'y a pas detempérament lâche, dit Sartre ; le lâche est responsable de sa lâcheté.Chacun choisit d'être ce qu'il est, sans excuses.

« Il n'y a pas dedéterminisme, écrit Sartre, l'homme est libre, l'homme est liberté ». L'inconscient. Il y a bien des manières d'introduire le concept d'inconscient et plus encore les phénomènes qu'il permetd'appréhender.

Si Leibniz parle au XVII ième de perceptions inconscientes, c'est d'un point de vue métaphysique etnon psychologique, pour montrer que nous ne sommes pas conscients à chaque instant de tout ce qui nous affecte,. »

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