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Définir une notion le totalitarisme ?

Publié le 11/02/2004

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Depuis 1945, «totalitarisme» est devenu un terme courant, souvent synonyme d'autoritarisme, et appliqué aussi bien à des États qu'à des partis et à des idéologies. Ce concept a depuis lors fait l'objet de recherches multiples qui l'ont précisé ou en ont élargi le champ d'application.On s'est d'abord préoccupé d'approfondir ce concept dans ses liens avec les régimes particuliers (fasciste, nazi ou soviétique) qui servirent de base à son élaboration. Dans son étude «L'Évolution de la théorie et de la pratique des régimes totalitaires», troisième partie de l'ouvrage collectif intitulé Totalitarianism in Perspective (1969), Carl J. Friedrich définit ainsi «les traits qui distinguent [ces] régimes d'autocraties différentes ou plus anciennes, aussi bien que des démocraties de type occidental : une idéologie globalisante ; un parti unique prenant en charge cette idéologie et généralement dirigé par un homme, le dictateur ; une police secrète très développée ; et trois sortes de monopoles ou, plus précisément, de contrôle monopolistique : ceux des communications de masse, des armes opérationnelles, de toutes les organisations, y compris économiques». Ce courant phénoménologique, représenté aussi par John Kanstky, Raymond Aron, von Carl Deutsch, s'attache à définir un modèle totalitaire à partir d'une description des régimes existants et par opposition à d'autres modèles, tels que, pour R. Aron, les modèles pluralistes-constitutionnels (démocraties occidentales) et autoritaires-conservateurs (Portugal).Un deuxième courant, illustré par Hannah Arendt, J. L. Talmon et Karl Popper, met l'accent sur l'«exercice» du totalitarisme, son contenu idéologique, ses méthodes.

« Le totalitarisme, nazi ou stalinien, doit être distingué, selon Hannah Arendt, des autres formes de régimeautoritaire.

Il n'est pas seulement une dictature, un despotisme, une tyrannie.

Sa logique est d'unenouveauté radicale.

Ce qui la résume, c'est : « Tout est possible ». Les conditions du totalitarisme selon Hannah Arendt □ Le totalitarisme est, selon l'expression d'Hannah Arendt, la cristallisation d'éléments présents dans l'histoireeuropéenne comme des cours d'eaux souterrains : l'antisémitisme, l'impérialisme, l'apparition des masses.

Ilreprésente la systématisation et l'aboutissement d'un processus de désolation, au sein duquel les hommes en nombre de plus en plus grand apparaissent comme détachés du monde, jusqu'au point où les hommes eux-mêmessont rendus superflus. □ Selon Hannah Arendt, l'antisémitisme est le signe qu'on refuse aux Juifs une place dans le monde commun deshommes.

Arendt pose le problème de l'antisémitisme sur un plan politique.

Il doit être envisagé en relation avec ledéclin d'une Europe organisée en nations. □ Le déclin de l'État-nation (forme d'organisation politique caractéristique de l'histoire européenne du xixe siècle),déclin qui culmine après la Première Guerre mondiale, rend possible le développement des mouvements totalitaires.Ce déclin, corrélatif des logiques d'expansion impérialiste et de la domination du pouvoir économique sur le politique,a provoqué, en particulier, l'apparition de sans-patrie et de minorités privées de représentation politique et dusentiment de l'appartenance politique : groupes d'habitants « qui se considéraient en permanence comme étrangersà l'organisation générale du pays », dit Arendt.

Le pouvoir totalitaire □ L'apparition de masses sans feu ni lieu, déracinées, désolées, est le troisième facteur décisif pour lacompréhension du totalitarisme.

Ces masses se caractérisent, selon Arendt, par leur désintéressement et par leurindifférence, c'est-à-dire par la disparition de l'attachement à quelque chose comme un intérêt personnel (y comprisà leur propre vie) ou un intérêt commun.

Ce qui caractérise ces masses, c'est la perte de l'autonomie du jugementet de l'action (tout devient possible), la disparition des rapports sociaux normaux, enfin « la tendance passionnée àprendre les notions les plus abstraites comme règles de vie ». □ À ces masses, l'organisation totalitaire fournit alors un chef, un mouvement et un encadrement.

L'organisationprétend dominer de façon permanente les individus « dans toutes les sphères de leur vie », dans la perspective de laréalisation d'un homme entièrement nouveau.

C'est l'administration de la terreur.

Le système totalitaire manipulel'humanité en prétendant obéir aux lois de l'histoire (stalinisme) ou de la nature (nazisme). □ Le système totalitaire se caractérise enfin par le recours à l'idéologie, c'est-à-dire par une logique des idées quiprétend tout expliquer.

La propagande installe un monde fictif, cohérent, à la place de la réalité plurielle etimparfaite du monde commun.

Le totalitarisme signifie qu'on ne croit plus à sa propre expérience, à laquelle onpréfère la fiction cohérente de l'idéologie.

C'est la perte du sens commun. Le terme est d'emploi courant depuis 1945 et s'applique aussi bien aux États qu'aux partis ou aux idéologies.

Ildésigne en effet un pouvoir autoritaire et dictatorial, dont le caractère principal est d'instituer une dynamique deperpétuation du régime par le musellement a priori de toute contestation.

Les exemples de systèmes totalitaires nemanquent pas, mais c'est sans aucun doute la bureaucratie soviétique, mise en place par Staline de 1934 à 1953,qui a fait couler le plus d'encre.

Celui qu'on appelait « le petit père des peuples » est parvenu, en s'appuyant sur lesdogmes du marxisme-léninisme et sur la pratique intensive des déportations, tortures et exécutions, à instituer un. »

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