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L'État doit-il intervenir dans la vie économique ?

Publié le 12/03/2004

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La philosophie libérale, issue de Locke et de Montesquieu, soucieuse de limiter les pouvoirs de l'État, estime qu'on doit aussi limiter ses fonctions, celles-ci se réduisant à ses fonctions « régaliennes «, c'est-à-dire la sécurité intérieure et extérieure. Le libéralisme politique s'accompagne donc d'un libéralisme économique, c'est-à-dire de l'idée que l'État doit laisser la plus grande autonomie possible au marché. Cette conception peut être fondée sur une analyse de la société telle que la fait Hayek. Ce qu'il appelle la « Grande Société «, par opposition aux petites communautés traditionnelles, est un système complexe, dont le fonctionnement résulte d'une multitude de décisions prises par les individus, qui s'ajustent spontanément les unes aux autres, comme on le voit par exemple dans le jeu de l'offre et de la demande. L'ordre qui en résulte est d'une complexité telle que sa connaissance excède les possibilités de l'esprit humain. La prétention de le maîtriser par une intervention de l'État relève d'une surestimation des capacités de la raison, qu'on appelle le scientisme. Mais, selon Hayek, le libéralisme ne signifie pas que l'État n'ait aucun rôle à jouer dans la vie économique. Par exemple, il doit veiller à maintenir la concurrence en limitant les concentrations qui créent des situations de monopole. Mais, en tout état de cause, l'État ne doit pas fixer des buts à la société, il doit se contenter de placer des bornes à l'intérieur desquelles l'initiative privée pourra se déployer librement.

Tous les aspects de la vie sociale de l'homme - y compris l'économie - sont soumis à la loi dont l'application est garantie par l'autorité de l'Etat. Si l'Etat a pour rôle de limiter l'usage de la violence, il doit aussi empêcher les violences économique.

MAIS...

L'Etat ne doit pas s'occuper des affaires économiques, sinon pour favoriser et protéger ceux qui, librement, ont le pouvoir, le talent, de créer des richesses en utilisant les principes de la libre concurrence, en accumulant toujours plus de richesse.

« Les hommes besoin de se donner des règlesL'ordre disparaît et laisse place à la violence, si aucune règle ne limite les désirs et les ambitions de chacun.Cette violence n'est pas forcément physique.

Elle peut être économique.

La politique a donc pour fin d'assurerla concorde entre les hommes, et non de favoriser la liberté des échanges économiques, laquelle conduit àdes guerres impitoyables. L'économie ne peut pas échapper à la politiqueNul ne peut raisonnablement soutenir que le désir sexuel, livré à lui-même, pourra parvenir à un équilibre.

Demême en matière économique, comment peut-on penser que la quête sans limite du profit peut conduire à lapaix, la sécurité, la justice, le bien-être de la communauté humaine en son ensemble ? C'est donc à lapolitique de réglementer l'activité économique. toute politique raisonnable doit viser le bien-être de tousSi l'économie est au dessus des lois, si l'argent permet à peu près tout, on aboutit nécessairement à unesituation sociale catastrophique fondée sur la violence des rapports sociaux entre ceux qui détiennent lesrichesses et ceux qui les produisent.

La politique, en tenant sous son autorité l'économie, doit préserverl'harmonie sociale. [] L'idée selon laquelle la politique n'est que l'expression de l'économie apparaît avec la montée en puissance dela bourgeoisie.

Derrière elle se cache une autre idée: le pouvoir doit favoriser une classe sociale aux dépensdes autres: la classe des marchands, des financiers, des propriétaires.

Philosophiquement parlant, une telleconception des rapports de la politique à l'économie est extrêmement dangereuse.

En effet, le rôle de l'Êtatest de limiter les possibilités d'émergence de la violence, qu'elle soit individuelle ou collective.

Dès lors quel'économie englobe la politique, il n'existe plus d'instance assez puissante pour mettre un terme aux luttesd'intérêts, aux luttes pour le plus grand profit.

A partir de ce moment-là, et l'histoire de ce siècle le montreclairement, tout peut se produire, tant à un niveau social qu'à un niveau international: krach boursier, grèvesviolentes, licenciements en masse, scandales financiers, etc.

Il convient donc d'affirmer la primauté de lapolitique sur l'économie. Hayek: L'État doit-il surveiller ou diriger ? D'un côté, la société semble subie : les règles et coutumes sont léguées par la tradition, les sociétés antérieures,que nous n'avons pas choisies.

D'un autre côté, elle résulte de l'action humaine, elle est instituée : les lois quiorganisent les affaires humaines proviennent de la décision des hommes, ce qui implique qu'ils agissent librementdans la société.

Bien entendu, ce second caractère sera d'autant plus effectif que le citoyen possède la possibilitéde participer au processus de décision et qu'il accède réellement à la sphère du droit.

D'autant plus que ces lois luiseront par la suite imposées par l'État.Diverses tendances conflictuelles émergent au sein de ce débat : par exemple entre les idées de liberté et d'égalité.Chacun aspire à être libre et en même temps protégé par l'État.

D'autres idées mettent au contraire l'accent surl'intérêt commun : par exemple la fraternité.

Ces enjeux d'idéaux annoncent le passage du social au politique. Une des principales difficultés de la philosophie politique est de concevoir les rapports entre l'État et la société.Jusqu'à quel point l'État doit-il intervenir dans les affaires humaines ? Sa fonction régulatrice et organisatrice doit-elle avoir des limites et lesquelles ?La société civile peut-elle, pour l'essentiel, s'organiser d'elle-même, l'État n'intervenant tout au plus que dansquelques domaines bien précis, telle la justice ? Doit-il, selon la thèselibérale", laisser jouer la libre concurrence, le " marché" ? Ou doit-on penser que le libre jeu des intérêts divergentset contradictoires des acteurs sociaux ne peut conduire qu'à la violence, au désordre et à l'inégalité ? Selon lespériodes et les lieux, les perspectives se modifient, en accord avec les diverses visions en cours de l'être humain. C'est sur le plan de l'administration du droit et de la justice que les rapports entre l'État et la société se révèlent. »

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