Devoir de Philosophie

Etude Du Personnage De Catherine Leroux Dans Madame Bovary De Flaubert

Publié le 19/09/2010

Extrait du document

leroux

 

Nous allons étudier le personnage de Catherine-Nicaise Elisabeth Leroux à travers sa description. Nous essayerons en même temps d’en dégager le type de personnage et sa portée symbolique.

   Tout d’abord, Catherine Leroux est présentée avec son nom en entier : « Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux, de Sassetot-la-Guerrière «. Cette minutie nous révèle que le personnage a son identité propre. Nous avons l’impression que cette femme peut avoir existée. C’est donc avec réalisme que Flaubert souhaite nous plonger dans ce portrait. Le dialogue précédant sa présentation montre que Madame Leroux est timide et peu habituée aux us et coutumes de la bourgeoisie : « – N'aie pas peur ! /  – Ah ! Qu’elle est bête ! «. Une fois qu’elle a compris qu’elle devait monter sur l’estrade, Flaubert nous livre sa description : « une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements «. Nous avons à faire à une paysanne assez âgée. Ensuite, l’écrivain décrit sa tenue en tant que témoin. Nous avons l’illusion d’être dans le public en train de la regarder. Il commence par parler de ses chaussures avant de remonter vers son visage. Le tout est peu élogieux : « Son visage maigre […] était plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie «. Catherine Leroux est habituée à se priver et à la vie agricole. C’est pour cela que sa peau paraît flétrie. Puis Flaubert s’engage dans une longue description des mains de cette femme. Effectivement, les mains des personnes à l’époque étaient représentatives de leur classe sociale. Généralement, les bourgeois et les nobles avaient des mains parfaites alors que les paysans les avaient abîmées par un long travail de la terre. C’est le cas de Catherine Leroux : « force d'avoir servi «. Après ce sont les sentiments de la paysanne qui sont mis en valeur. Le narrateur redevient omniscient abandonnant son rôle de témoin. Il nous reparle de son visage mais avec une valeur d’interprétation : « Quelque chose d'une rigidité monacale relevait l'expression de sa figure «. Le dur labeur qu’a du effectuer Madame Leroux l’a profondément marqué et l’a plongé dans un mutisme certain. Elle a appris à dissimuler ses sentiments et a affronter la vie sans se plaindre : « C'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une compagnie si nombreuse ; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux […] elle demeurait tout immobile «. C’est cette réserve excessive qui a poussé les examinateurs du jury à se demander si elle était saine d’esprit. Ils ne comprennent pas sa réaction. « Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude. « L’expression « demi-siècle de servitude « renforce bien l’aspect du travail dur qu’exécute Catherine Leroux. Elle contraste étonnamment avec « ces bourgeois épanouis «. Ils ne connaissaient certainement que l’opulence et se cachent la misère. Enfin, nous pouvons voir la dernière réplique de Catherine Leroux : « Je la donnerai au curé de chez nous, pour qu'il me dise des messes. «. Cette phrase met en avant son coté dévot mais aussi sa simplicité de vie.

   Ainsi, le personnage de Catherine Leroux dénonce la misère des paysans par rapport aux bourgeois grâce à ce portrait et aux remarques de l’auteur. La vie simple accompagnée d’un dur labeur de Madame Leroux est mise en avant.

 

Passage où apparaît le personnage :

«Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux, de Sassetot-la-Guerrière, pour cinquante-quatre ans de service dans la même ferme, une médaille d'argent – du prix de vingt-cinq francs !«

      «Où est-elle, Catherine Leroux ?« répéta le Conseiller.

      Elle ne se présentait pas, et l'on entendait des voix qui chuchotaient :

      – Vas-y !

      – Non.

      – À gauche !

      – N'aie pas peur !

      – Ah ! qu'elle est bête !

      – Enfin y est-elle ? s'écria Tuvache.

      – Oui !... la voilà !

      – Qu'elle approche donc !

      Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements. Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et, le long des hanches, un grand tablier bleu. Son visage maigre, entouré d'un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses. La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire ; et, à force d'avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d'elles-mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies. Quelque chose d'une rigidité monacale relevait l'expression de sa figure. Rien de triste ou d'attendri n'amollissait ce regard pâle. Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité. C'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une compagnie si nombreuse ; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d'honneur du Conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s'il fallait s'avancer ou s'enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui souriaient. Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude.

      – Approchez, vénérable Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux ! dit M. le Conseiller, qui avait pris des mains du président la liste des lauréats.

      Et tour à tour examinant la feuille de papier, puis la vieille femme, il répétait d'un ton paternel :

      – Approchez, approchez !

      – Êtes-vous sourde ? dit Tuvache, en bondissant sur son fauteuil.

      Et il se mit à lui crier dans l'oreille :

      – Cinquante-quatre ans de service ! Une médaille d'argent ! Vingt-cinq francs ! C'est pour vous.

      Puis, quand elle eut sa médaille, elle la considéra. Alors un sourire de béatitude se répandit sur sa figure, et on l'entendit qui marmottait en s'en allant :

      – Je la donnerai au curé de chez nous, pour qu'il me dise des messes.

      – Quel fanatisme ! exclama le pharmacien, en se penchant vers le notaire.

 

Liens utiles