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Examen des critiques du langage ?

Publié le 12/02/2004

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L'existence de sentiments "propres" par rapports aux concepts de sentiment du langage est en effet sujette à caution. Comment l'individu pourrait avoir conscience d'un sentiment qui n'ait pas été préalablement analysé, conceptualisé ? De même, l'affirmation selon laquelle "les mots sont des étiquettes sur les choses" va à l'encontre de ce que nous dit Merleau-Ponty : " le mot est adéquat à son sens lorsqu'il n'est retenu que sous sa forme instituée". Autrement dit, si le mot s'affranchit de sa dimension symbolique - qui, elle est générique -, il exprime parfaitement une pensée. Le fait de penser le mot "haine" ne fait pas disparaître la profondeur de sens que l'on a pu y placer. En outre de nombreux paramètres tels que l'intonation, le rythme et l'accentuation modulent le sens d'un mot et font de lui plus qu'une simple "étiquette", alors que l'idéalisme de Bergson fait d'une langue un ensemble de correspondances entre des mots et des choses. Un autre élément montrant le caractère singulier de la position de Bergson est sa vision de l'artiste. Il fait de lui un moyen d'expression de la réalité. Mais que devient dés lors sa puissance propre s'il n'est plus qu'un vecteur ? spécieux Hâtif ! Ce texte est visiblement à contre-courant de la philosophie de l'époque.
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« notre approche conceptuelle du monde sensible, approche rendue nécessaire par l'action et le dialogue, qui exigentla rapidité du concept et du mot. Il va plus loin encore, affirmant que notre "individualité nous échappe".

Nous pouvons en effet nous demander silorsque nous éprouvons un sentiment quelconque, nous ressentons notre propre sentiment ou bien le concept qui apu être transmis par les mots jusqu'à notre conscience.

Comme les mots n'expriment que ce qu'il y a de communentre tous les hommes animés d'un sentiment semblable (concepts d'amour, de haine par exemple), l'affirmation deBergson prend tout son sens.

Il tient le signe linguistique pour plat, abstrait et surtout impersonnel.

Dés lors, nefinissons-nous tous pas par adhérer aux mots plus qu'à nos sentiments, nos pensées propres ? Pas tous, nousrépond-il : les artistes pourraient, par leur intuition, ressentir véritablement la richesse de leur pensée.

L'artisteéveillerait alors en nous la perception d'une réalité préexistante mais demeurée inaperçue. Ainsi, il en vient naturellement à tirer les conclusions suivantes : pour la plupart d'entre nous, notre champ depensée (prise au sens large), se situe "extérieurement à nous-mêmes", dans une "zone mitoyenne entre les choseset nous".

Cette réduction est rendue nécessaire, nous dit-il, par les nécessités de l'action.

Il est en effet beaucoupplus facile d'agir sur des concepts véhiculés par le verbe qu'en se cantonnant à la réalité.

L'avantage pratique estindéniable : si l'on compare les progrès d'un singe à ceux d'un enfant en bas âge, la supériorité de l'enfant apparaîtnettement avec l'acquisition du langage.

Voilà pourquoi nous sommes obligés de nous mouvoir comme "en un champclos" en agissant sur des symboles.

Mais il faut toutefois remarquer que Bergson affirme implicitement l'existenced'une partie de la pensée - à l'oeuvre chez les artistes et les philosophes -, qui se laisse entrevoir par l'intuition.Cette pensée, qui s'exprime dans la contemplation de la réalité, n'est pas traduisible par le langage ; elle sembleraitde fait hostile à la rationalité propre à celui-ci.

Ce spiritualisme tout bergsonien aboutit à la conclusion suivante :toute la richesse de la pensée n'est pas exprimable à travers le langage. Cette prise de position est pour le moins originale ! Le spiritualisme de Bergson contraste nettement avec sescontemporains. Saussure expose ainsi dans son Cours sur la linguistique générale que la pensée et l'expression ne sont que "les deuxfaces d'une même feuille" et donc indissociables.

L'existence d'une pensée libérée du langage n'est pas alors admise.L'influence de Kant et d'Hegel, lequel affirmait que "vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée" estencore sensible.

L'existence de sentiments "propres" par rapports aux concepts de sentiment du langage est eneffet sujette à caution.

Comment l'individu pourrait avoir conscience d'un sentiment qui n'ait pas été préalablementanalysé, conceptualisé ? De même, l'affirmation selon laquelle "les mots sont des étiquettes sur les choses" va à l'encontre de ce que nous ditMerleau-Ponty : " le mot est adéquat à son sens lorsqu'il n'est retenu que sous sa forme instituée".

Autrement dit, sile mot s'affranchit de sa dimension symbolique - qui, elle est générique -, il exprime parfaitement une pensée.

Le faitde penser le mot "haine" ne fait pas disparaître la profondeur de sens que l'on a pu y placer. En outre de nombreux paramètres tels que l'intonation, le rythme et l'accentuation modulent le sens d'un mot etfont de lui plus qu'une simple "étiquette", alors que l'idéalisme de Bergson fait d'une langue un ensemble decorrespondances entre des mots et des choses.

Un autre élément montrant le caractère singulier de la position deBergson est sa vision de l'artiste.

Il fait de lui un moyen d'expression de la réalité.

Mais que devient dés lors sapuissance propre s'il n'est plus qu'un vecteur ? spécieux Hâtif ! Ce texte est visiblement à contre-courant de la philosophie de l'époque.

Il faut y voir là la conséquence de ladémarche intuitive de l'auteur qui rejette la connaissance discursive et de facto la philosophie classique.

Bergsonnous soumet le vieux problème du corps et de l'âme, dualisme sous-jacent à ce texte à travers l'opposition entre laspiritualité et la matérialité du langage.

Même si ses thèses idéalistes semblent quelques peu dépassées de nos jours(au regard de la neurobiologie par exemple), il a le mérite de nous proposer un regard neuf sur le monde et de nousinviter à nous détourner de l'action.

Il semble donc apparaître après cette étude que la spiritualité n'est pas incompatible avec le langage, à conditiontoutefois de bien vouloir abandonner la dimension symbolique du signe linguistique, ce que confirmera Merleau-Ponty.

Ce texte ne possède pas moins un intérêt philosophique majeur : son originalité et sa fraicheur, quiexpliquent peut-être le succès de la philosophie bergsonienne dans son époque toute imbibée de scientisme et depositivisme.. »

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