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Est-ce faiblesse que de croire?

Publié le 05/03/2005

Extrait du document

.. » [1] -, la croyance se dilue et s'exténue en deçà même de l'opinion plus ou moins fondée, pour rejoindre la conjecture la plus hasardeuse et la plus gratuite, l'impression la moins contrôlée. A l'autre extrémité - celle du « croire en... » [2] - , la croyance désigne non seulement un haut degré subjectif de conviction, mais un engagement intérieur et, si l'on peut dire, une implication de tout l'être dans ce en quoi ou celui en qui l'on croit. » (Paul Ricoeur)   3-      Les concepts d'opinion et de foi font varier la valeur de la croyance   L'articulation de la faiblesse et de la croyance est pertinente lorsqu'il s'agit de mettre en évidence la certitude propre à la connaissance. Croire semble faiblesse pour autant que la croyance occupe l'espace délaissé par la raison, c'est-à-dire le domaine de la preuve et de la recherche du vrai. Toutefois, agir engage la croyance et croire devient alors une force et c'est au contraire la raison qui doit s'incliner : s'efforcer de démontrer a priori s'il y aura une bataille navale demain peut nuire à l'action. On voit donc que croire peut être à la fois, faiblesse et force selon que l'on pense la croyance relativement à l'opinion ou relativement à la foi : ·         dans le premier cas, l'opinion, ou intelligence paresseuse clouée au corps et aux sens, tire la croyance du côté de la faiblesse, et donc contribue à justifier l'estimation valorielle qu'on lui attribue ·         dans le second cas, la foi au sens large de confiance, crédit volontaire et reconnu, fait gagner à la croyance un surplus de sens et de valeur.   Cependant, l'opinion et la foi sont des concepts dont la valeur est aussi variable. Par exemple, Aristote, dans la Rhétorique, montre que la doxa joue un rôle axial dans les débats démocratiques et que le rôle de l'orateur n'est pas de démontrer mais bien de persuader (démonstration est réservée aux géomètres qui ne jouent aucun rôle dans l'administration d'une cité). De même, le croyant peut être le superstitieux aux yeux de l'incroyant, et la vaillance machiavélienne n'est pas que force ( la fameuse formule selon laquelle « la fin justifie les moyens » est loin d'aller de soi).

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Analyse du sujet :

Ø  « Faiblesse « : peut être de deux sortes : 1- physique ; elle s’oppose alors à la force entendue comme ce qui a pour principe d’anéantir toute résistance, c’est-à-dire toute force contraire à son mouvement propre 2- morale ; elle s’oppose alors à la volonté pour désigner une certaine conduite de vie relâchée, c’est-à-dire un manque de caractère et de fermeté.

Ø  « Croire « : la forme infinitive est importante : il s’agit de considérer la croyance dans son caractère dynamique. N’étant donc pas ici réductible à sa seule forme dogmatique, la croyance devra donc être envisagée au-delà de sa dimension religieuse. « Croire « indique qu’il s’agit de questionner une opération subjective, un acte mental, et non un objet de croyance ( = ce qui est cru importe moins que la façon dont on y adhère)

Ø  Globalement la difficulté du sujet vient de que la croyance peut recevoir une valeur positive et négative :

-          en tant qu’opinion incertaine, croire est faiblesse au regard du savoir qui implique effort rationnel, quête du vrai qui exige détermination et persévérance.

-          en tant qu’acte de foi, croire est force puisque la conviction est soutenue par un investissement personnel.

Ø  Finalement tout le problème consiste à examiner ce qui du « tenir « (= marque d’une tension, d’un mouvement volontaire) ou du « pour vrai « (= marque du semblant, où « comme si « = imagination < raisonnement conceptuel) importe dans l’          acte de croire.

 

Problématique : la faiblesse, parce qu’elle consiste en une absence de force, d’énergie physique, morale ou intellectuelle permettant à une personne de s’imposer ou d’agir, permet de rendre compte d’un certain type de croyance : celui qui croit est victime d’illusions, de préjugés ou d’opinion car il ne dispose pas de la volonté nécessaire à l’exercice de l’esprit critique et de la raison. Pourtant, croire, en tant qu’il s’agit d’un acte d’attribution d’une valeur de vérité, semble tout de même impliquer la volonté du sujet qui croit. La croyance n’est pas seulement subie mais elle semble aussi d’une certaine façon produite. Dès lors, est-ce faiblesse que de croire ou bien peut-on soutenir que croire implique un investissement ferme et volontaire du sujet ? La croyance doit-elle être valorisée ou dépréciée ?

« l'absence de preuve, implique que le sujet ne relâche pas son adhésion, qu'il « tienne bon ».

N'est-ce pas une formede force ?§ Croire n'engagerait-il pas la volonté du sujet ? La croyance n'est-elle pas toujours implicitement consentie et en cela produite par le sujet qui croit ? 2- CROIRE N 'EST PAS FAIBLESSE a) qu'est-ce que la faiblesse ? Au sens nietzschéen, est faible celui qui manque de ressources suffisantes pour répondre aux difficultés de la vie.

Plus largement, on peut considérer que la faiblesse désigne un certain état d'imperfection et de défection (ainsi, Nietzsche désigne le faible comme un malade).

Le faible serait celui à qui la force, la détermination fait défaut.

Orest-ce le cas du croyant ? b) la croyance est un moyen d'agir dans l'ordre de l'incertain Selon Machiavel, dans certaines situations urgentes, la réflexion peut être un mal, c'est-à-dire une faiblesse.

Le kairos , ou saisie du moment opportun engage de la « vaillance », la virtù et c'est à elle que l'on doit les actions politiques les plus brillantes, les plus efficaces.

Dès lors, si agir promptementet sans délai en fonction des occasions que nous présentent la fortune estgage de force, on peut envisager que ce n'est pas faiblesse de croire dans cedomaine. Considérons l'argument des « futurs contingents » présenté par Aristote avec son exemple fameux de la bataille navale qui aura lieu demain : si jedécide de déclencher une guerre, il me faut au préalable croire que je remporterais la victoire - puisque, la guerre peut indifféremment être ou nonremportée par mon armée.

Autrement dit, décider d'agir implique de croire à la pertinence de sa décision puisque toute décision a lieu sur fondd'incertitude.

Rester indécis sous prétexte que croire n'est pas savoir, dans le domaine de l'action, est une faiblesse . Transition§ Croire n'est pas que faiblesse : celui qui croit fait preuve de volonté, c'est-à-dire de détermination et de persévérance dans la poursuite d'une fin qu'il sedonne, et en cela, il déjoue l'incertitude relative aux propositions portant surl'avenir, sur ce qui n'est que probable.§ Cependant, comment expliquer cette ambiguïté qui persiste lorsqu'il s'agit d'attribuer une valeur à la croyance ? Problème : « A une extrémité donc – le « croire que...

» [1] –, la croyance se dilue et s'exténue en deçà même de l'opinion plus ou moins fondée, pour rejoindre la conjecture la plus hasardeuse et la plus gratuite, l'impression lamoins contrôlée.

A l'autre extrémité – celle du « croire en...

» [2] – , la croyance désigne non seulement un haut degré subjectif de conviction, mais un engagement intérieur et, si l'on peut dire, une implication de tout l'être dansce en quoi ou celui en qui l'on croit.

» (Paul Ricoeur) 3- LES CONCEPTS D 'OPINION ET DE FOI FONT VARIER LA VALEUR DE LA CROYANCE L'articulation de la faiblesse et de la croyance est pertinente lorsqu'il s'agit de mettre en évidence la certitude propre à la connaissance.

Croire semble faiblesse pour autant que la croyance occupe l'espace délaissé par laraison, c'est-à-dire le domaine de la preuve et de la recherche du vrai.

Toutefois, agir engage la croyance et croiredevient alors une force et c'est au contraire la raison qui doit s'incliner : s'efforcer de démontrer a priori s'il y auraune bataille navale demain peut nuire à l'action. On voit donc que croire peut être à la fois, faiblesse et force selon que l'on pense la croyance relativement à l'opinion ou relativement à la foi : · dans le premier cas, l'opinion, ou intelligence paresseuse clouée au corps et aux sens, tire la croyance du côté de la faiblesse, et donc contribue à justifier l'estimation valorielle qu'on lui attribue · dans le second cas, la foi au sens large de confiance, crédit volontaire et reconnu, fait gagner à la croyance un surplus de sens et de valeur. Cependant, l'opinion et la foi sont des concepts dont la valeur est aussi variable .

Par exemple, Aristote, dans la Rhétorique , montre que la doxa joue un rôle axial dans les débats démocratiques et que le rôle de l'orateur n'est pas de démontrer mais bien de persuader (démonstration est réservée aux géomètres qui ne jouent aucun rôle dansl'administration d'une cité).

De même, le croyant peut être le superstitieux aux yeux de l'incroyant, et la vaillancemachiavélienne n'est pas que force ( la fameuse formule selon laquelle « la fin justifie les moyens » est loin d'aller desoi).

En un mot, la force ou la faiblesse sont tributaires des fluctuations sémantiques que connaissent les notions d'opinion et de foi – et celles-ci sont susceptibles de variations selon le système philosophique deréférence qui sert de contexte à leur définition conceptuelle.

[1] Sur la façon dont procède l'exploitation des affects par la rhétorique dont usent les sophistes : « Il n'y a pas de. »

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