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FAUT-IL SATISFAIRE NOS DESIRS POUR ETRE HEUREUX ?

Publié le 28/02/2011

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Introduction

Selon Pascal « Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but (...) La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet « (Pensées). Tout le monde s'accordent pour voir dans le bonheur l'aspiration fondamentale de l'homme, mais cette unanimité résiste mal à la tentative d'en déterminer le contenu, que chacun imagine au gré de ses désirs et de ses aspirations. Ainsi tous les hommes veulent être heureux, mais il est bien délicat de dire en quoi consiste le bonheur et comment l'atteindre. Le sens commun atteste pourtant que le bonheur a quelque chose à voir avec la satisfaction des désirs et le plaisir qui l'accompagne Kant lui-même affirme : « Le bonheur est la satisfaction de toutes nos inclinations tant en extension c'est-à-dire en multiplicité, qu'en intensité, c'est-à-dire en degré, qu'en protension, c'est-à-dire en durée « Critique de la Raison Pratique On pourrait donc supposer que la voie du bonheur consiste à satisfaire tous nos désirs. Si l'on définit le désir comme une tension de la volonté vers un objet [1] en vue de se l'approprier, il témoigne alors d'une insatisfaction (je ne peux désirer que quelque chose que je n'ai pas), par suite il semble bien que le bonheur passe nécessairement par la satisfaction des désirs, car on a en du mal à concevoir que l'on puisse être heureux si l'on se sent frustré, si on éprouve une sorte de manque dû à un désir non satisfait.

« vite; puis s'en vient l'ennui, et après un premier élan, le plaisir se flétrit.

Ayant son essence dans le mouvement, ilest toujours indéterminé.

Rien ne peut exister de substantiel en ce qui vient et passe si vite, et se trouve destiné àpérir de par son propre usage; le plaisir en effet aboutit à un point où il cesse, et dès son début, il regarde vers safin.

»De la vie heureuseSénèque oppose ici le caractère durable et permanent du bonheur au caractère éphémère du plaisir ; le plaisir estune sensation qui perd en durée ce qu'elle gagne en intensité, érodant par la même la représentation d'un bonheurque chacun voudrait indéfini.

Le Plaisir nous dit Sénèque a « son essence dans le mouvement », c'est-à-dire que leplaisir apparaît lors d'un changement d'état, lors du passage de la non satisfaction à la satisfaction, mais sitôt cettesatisfaction atteinte, le mouvement cesse et le plaisir disparaît.

Par exemple, le plaisir de manger prend place entrel'état affamé et l'état repu, mais dés lors que l'on est repu, que l'on atteint la « satiété » le plaisir disparaîtet continuer à manger peut conduire au dégoût et aux vomissements.Par ailleurs, le plaisir est inconsistant car l'être désiré ou l'objet consommé perdent à la longue les qualités quel'imagination leur conférait : lorsque le désir se réalise, l'objet désiré ne peut plus être idéalisé dans l'imagination, caril est justement là devant nous, et il y a nécessairement un grand décalage entre l'objet tel que je le désirais (=idéalisé) et l'objet tel qu'il est réellement.Texte 2bis, Sartr« Préférer l'imaginaire ce n'est pas seulement préférer une richesse, une beauté, un luxe en image à la médiocritémalgré leur caractère irréel.

C'est adopter aussi des sentiments et une conduite « imaginaires », à cause de leurcaractère imaginaire.

On ne choisit pas seulement telle ou telle image, on choisit l'état imaginaire avec tout ce qu'ilcomporte, on ne fuit pas uniquement le contenu du réel (pauvreté, amour déçu, échec de nos entreprises, etc.), onfuit la forme même du réel, son caractère de présence, le genre de réaction qu'il demande de nous, la subordinationde nos conduites à l'objet, l'inépuisabilité des perceptions, leur indépendance, la façon même que nos sentimentsont de se développer […] Le rêveur morbide qui s'imagine être roi ne s'accommoderait pas d'une royautéeffective ; même pas d'une tyrannie où tous ses désirs seraient exaucés.

C'est que, en effet, jamais un désir n'est àla lettre exaucé du fait précisément de l'abîme qui sépare le réel de l'imaginaire.

L'objet que je désirais, on peut bienme le donner, mais c'est sur un autre plan d'existence auquel je devrais m'adapter.

»On ne désire par définition que quelque chose que l'on ne possède pas, mais pour désirer il faut bien que l'on sereprésente l'objet de quelque façon (si je n'ai absolument aucune idée de ce que je désire, cela revient à dire que jene désire pas).

C'est notre imagination qui se charge de nous représenter l'objet désiré et la satisfaction que l'onéprouvera quand il sera enfin possédé.

Le désir nous fait donc sortir du monde réel et nous place dans un mondeimaginaire qui, par définition, ne peut exister ailleurs que dans notre tête.

Lorsque j'imagine la réalisation d'un désir,l'imagination ne me présente pas seulement des « images » c'est-à-dire un « contenu » qui serait différent du «contenu » de la réalité (par exemple dans la réalité je suis un amoureux éconduit et je suis pauvre alors que dansl'imaginaire je suis heureux en amour et riche) elle me présente aussi un monde avec une « forme » différente c'est-à-dire un monde sans règle, sans limite, un monde ou je suis tout puissant et où tout se plie à ma volonté.

Dés lors,lorsque mon désir se réalise je passe d'un « plan d'existence » à un autre, je passe de l'imaginaire au réel ; cepassage n'est pas nécessairement décevant, mais il nécessite que je m' « adapte » à la chose réelle que j'ai làdevant moi après l'avoir tant imaginée.Exemple désireux de m'acheter une voiture de sport luxueuse (genre Ferrari) je m'imagine de nombreuse fois auvolant du bolide, je sais que la conduite d'un tel engin doit nécessiter une grande maîtrise et un long apprentissage,mais dans mon imagination cet apprentissage est instantané, et je peux m'imaginer en pilote surdoué qui empreinteles trajectoires les plus audacieuses.

Mais si par chance je parvient réellement à m'offrir cette voiture, alors je vaisréaliser que sa conduite n'a rien d'aisé, que dans la réalité l'engin ne se plie pas si facilement que ça à ma volonté etme résiste, et l'apprentissage qui était instantané tant que j'imaginais va peut-être prendre plusieurs moismaintenant que je suis au volant.Tout désir passe forcément par l'idéalisation de l'objet du désir, au sens où l'on se représente en idée l'objet désiré.Or, comme le remarque Spinoza « L'idée de chien ne mord pas », c'est-à-dire qu'entre l'idée de la chose et la choseréelle il y a un gouffre, un « abyme » dirait Sartre, qui exige que l'on soit capable de s'adapter pour jouir dans laréalité (avec ses règles, ses contraintes, ses lois) de l'objet dont on jouissait sans peine dans l'imagination (sanscontraintes, sans règles, sans lois).Par ailleurs, outre ce sens le plus simple (= représenté en idée), le terme idéaliser a un second sens et il désigne lefait que l'on attribue a un objet des qualités et des perfection qu'en réalité il n'a pas.

Le désir n'échappe pas à cetteforme d'idéalisation et on a toujours tendance à imaginer l'objet désiré plus beau et plus parfait qu'il n'est en réalité.C'est particulièrement vrai dans le cas du désir amoureux, où l'amant, dans un premier temps du moins, a tendanceà gommer tous les défauts de l'être aimé et à exagérer ses qualités (Stendhal dans son ouvrage De l'Amour a nommécristallisation cette idéalisation de l'objet du désir amoureux).Ainsi, c'est parce qu'il ne dure pas que l'on ne peut faire du plaisir le principe d'une vie heureuse (le bonheur estsupposé durer dans le temps).

En outre, le désir conduit à une dangereuse idéalisation de l'objet désiré, qui peutêtre cause de déception par la suite.

Par conséquent, la voie du bonheur passerait non pas par l'accomplissementdébridé de tous nos désirs, mais au contraire elle semble passer par une maîtrise des désirs. 2- La maîtrise épicurienne des désirLe problème n'est pas tant dans le plaisir, qui est toujours bon en lui-même, que dans le désir qui nous pousseincessamment à rechercher de nouveaux plaisirs : une fois le désir satisfait, une fois le plaisir éprouvé, le désir renaîtde ses cendres et nous pousse vers un nouvel objet.

Nos désirs sont sources de troubles parce qu'ils noussoumettent au vertige du changement, à l'instabilité du devenir, à des fuites incessantes dans le renouvellementdes objets du plaisir.

La solution pourrait alors consister à éradiquer nos désirs, à ne plus rien vouloir du tout.

Maisalors comment éprouver du plaisir si on s'interdit de désirer quoi que ce soit ?. »

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