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fiche de lecture morale du grand siècle

Publié le 04/03/2014

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Morales du grand siècle Introduction : Paul Bénichou, né à Tlemcen (Algérie) le 19 septembre 1908 et mort à Paris le 14 mai 2001, est un universitaire français, spécialiste de l'histoire de la littérature. Racine:La tragédie de Racine peut être considérée comme la rencontre d'un genre littéraire traditionnellement nourri de sublime avec un nouvel esprit naturaliste délibérément hostile à l'idée même de sublime.Dans la première moitié du 17ème siècle, en France, la tragédie cherche avant tout à produire dans le public l'élan de l'admiration morale. Habitudes et conventions sont orientés vers le grand, l'héroïque: pensées rares, grandes actions, délicatesses du coeur. Personnages sont des Rois, des Princes.Il y a ainsi chez Racine une forte tentation de tragédie héroïque, il ne faut pas croire qu'il y introduisit du premier coup la nature. L'homme naturel se glissa dans le théâtre tragique, sans en violer le cadre ni les apparences et sans que l'ambition du sublime ait jamais cessé tout à fait de s'attacher aux créations du poète. Tout le théâtre de Racine est fait d'oscillations entre le sublime traditionnel et une psychologie qui le contredit, d'aménagements et de gradations nuancées, souvent indécises, au milieu desquelles les éléments les plus nouveaux n'ont pas toujours, à première vue, leur plein relief.Dans les premières pièces de Racine, la Thébaïde, l'Alexandre, qui sont au goût du temps, rien n'apparaît de cette psychologie nouvelle de l'instinct qui sera plus tard l'originalité principale de Racine. Les passions vont de l'héroïque au tendre (tendresse= forme renouvelée de la vieille religion courtoise et de ses thèmes traditionnels; dévouement absolu à l'objet aimé et idéalisation de l'amour.Le conflit est très amorti entre cette tendresse et les plus grandes vertus. Pour que ce conflit éclate, il faudrait que la tendresse se mît en révolte ouverte contre les valeurs morales admises par la société. Mais cela n'est pas toujours le cas le plus fréquent: dans l'Astrée, la générosité, sous ses formes les plus sublimes, conserve toujours ses droits. Aussi il ne peut être question que de nuances, d'un dosage entre héroïsme et tendresse.Chez Corneille, héroïsme dominant.Dans les romans ou certaines tragédies contemporaines de celles de Racine, la tendresse domine.Dans l'Alexandre, large part est faite à l'héroïsme et à la gloire.On comprend cette interpénétration du sublime et de la tendresse si l'on se souvient de leur source commune: ce sont les deux créations principales de l'idéalisme aristocratique. Héroïsme et tendresse sont tous les deux liés à une certaine qualité d'âme, sans laquelle on ne peut concevoir de vrai héros ou amant; ce sont également des raisonneurs dans ces domaines.C'est l'absence de ce trait distinctif chez les héros raciniens qui traduit un bouleversement profond de la psychologie tragique. L'originalité de Racine vient de son rejet de l'héroïsme et de la tendresse, au nom de la nature.Andromaque en est l'inauguration.Bien des éléments traditionnels du théâtre tragique y sont présents: le cadre de l'intrigue est le débat entre la Grèce victorieuse et les restes de Troie, les intérêts d'Etats et les devoirs de famille sont présents, un roi fier et violent s'oppose au parfait amant, la veuve d'Hector à une princesse orgueilleuse, etc. Cependant avec Andromaque se dessine une psychologie de l'amour, approfondie plus tard dans Bajazet et Phèdre, ce qui est le plus ouvertement et violemment, à...

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