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LA FRANCE AU DÉBUT DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE.

Publié le 19/10/2010

Extrait du document

 

Quand en septembre 1939, le gouvernement français, à l'exemple du cabinet anglais, accepta d'entrer dans le conflit déjà commencé en Pologne, je n'eus pas le moindre doute qu'il le faisait avec l'illusion qu'en dépit de l'état de guerre on ne se battrait pas à fond. Comme commandant des chars de la 5e armée, en Alsace, c'est sans aucun étonnement que je vis nos forces mobilisées s'établir dans la stagnation, tandis que la Pologne était foudroyée en deux semaines par les Panzerdivisions et les escadres aériennes. Il est vrai que l'intervention soviétique hâtait l'écrasement des Polonais. Mais dans l'attitude de Staline, faisant, tout à coup, cause commune avec Hitler, on discernait sa conviction que les Français resteraient immobiles, qu'ainsi le Reich avait les mains libres et qu'il était préférable de partager avec lui la proie, plutôt que d'être la sienne... Il faut dire que certains milieux voulaient voir l'ennemi bien plutôt dans Staline que dans Hitler. Ils se souciaient des moyens de frapper la Russie... beaucoup plus que de la façon de venir à bout du Reich. Beaucoup professaient tout haut l'admiration qu'ils éprouvaient à l'égard de Mussolini. Le 10 mai, l'ennemi, ayant auparavant mis la main sur le Danemark et presque toute la Norvège, entamait sa grande offensive. Celle-ci serait, de bout en bout, menée par les forces mécaniques et par l'aviation, la masse suivant le mouvement sans qu'il fût jamais besoin de l'engager à fond... On peut dire qu'en une semaine le destin était scellé. Sur la pente fatale où une erreur démesurée nous avait, de longtemps, engagés, l'armée, l'État, la France, roulaient, maintenant, à un rythme vertigineux. Le peuple est là qui, de toute manière, va subir l'invasion, mais dont la République peut susciter la résistance, terrible occasion d'unité. Le monde est là, qui est susceptible de nous fournir de nouvelles armes et, plus tard, un puissant concours. Une question domine tout : les pouvoirs publics sauront-ils, quoi qu'il arrive, mettre l'État hors d'atteinte, conserver l'indépendance et sauvegarder l'avenir ? Ou bien vont-ils tout livrer dans la panique de l'effondrement ?

Charles DE GAULLE, Mémoires de Guerre. L'appel, 1940-1942.

 

 

Le texte est accompagné de quatre questions simples et précises. Le candidat doit s'efforcer d'y répondre avec clarté et rigueur en s'appliquant à faire apparaître nette-ment la progression des idées et leur enchaînement.

 

 

Questions

1° Expliquez, au premier paragraphe, accepta d'entrer ; l'attitude de la France face aux événements internationaux qui ont précédé septembre 1939 permet-elle de compren-dre cette expression ? 2° Quelle est l'attitude de l'U.R.S.S. en septembre 1939 ? Expliquez-la. 3° Quelle est la situation militaire de la France à la fin de mai 1940 ? 4° Analysez le dernier paragraphe et montrez quel est, selon l'auteur, le choix à faire par la France.

 

« politique intérieure.

C'est un pays vieilli, saigné par la guerre précédente, affaibli par le malthusianismedémographique.

Son appareil de production reste archaïque, sa puissance militaire tournée vers la défensive (ligneMaginot) et mal adaptée à la guerre moderne : « manque de divisions blindées, d'aviation ».C'est à Munich en 1938 que la passivité de la France apparaît nettement : l'Allemagne obtient tous les territoiresrevendiqués.

La Tchécoslovaquie, pays allié de la France, est abandonnée.

La paix est sauvée, mais à quel prix ? La« reculade des démocraties » les a discréditées aux yeux de l'opinion internationale.

L'Allemagne voit sa positionrenforcée.La France, certes, s'associe à la Grande-Bretagne à partir du printemps 1939 et semble disposée à soutenir laPologne.

Une action de redressement économique, militaire, démographique se manifeste, mais trop tardivement.De Gaulle est persuadé que les responsables français n'aspirent qu'à un arrêt rapide des combats, comme la plupartde leurs compatriotes.

L'inaction de l'armée française pendant la campagne de Pologne (« et je vis nos forcesmobilisées s'établir dans la stagnation...

») est une bonne image de l'attitude passive et hésitante du pays.La France de 1939 est un pays divisé, routinier et craintif dont la détermination face à Hitler reste faible. Question n° 2 Le 23 août 1939, l'U.R.S.S.

signe avec l'Allemagne un pacte de non-agression (« faisant tout à coup cause com-mune avec Hitler »).• La situation diplomatique.

— Devant la montée du nazisme et les menaces de Hitler envers la paix, la pre-mièreattitude de l'U.R.S.S.

fut une vaine recherche de la sécurité collective au sein de la S.D.N.

; à la fin 1938 destentatives de rapprochement s'esquissent en direction des démocraties anglaise et française.

De longues et com-plexes négociations aboutissent à un projet d'accord en juillet 1939.

Mais les obstacles sont nombreux.Une partie des opinions française et anglaise, par peur du bolchevisme, est hostile à une alliance avec Moscou : « Ilfaut dire que certains milieux voulaient voir l'ennemi bien plutôt dans Staline que dans Hitler ».- La Pologne est très réticente de son côté et ne veutpas autoriser les troupes soviétiques à traverser son territoire en cas de conflit.Staline enfin se méfie, depuis la conférence de Munich qui s'est déroulée en l'absence et sans l'avis de l'U.R.S.S.,des démocraties occidentales (« on discernait sa conviction que les Français resteraient immobiles...

»).

Il nommeMolotov aux Affaires étrangères en remplace-ment de Litvinov et le charge de négocier avec l'Allema-gne.• La signature du pacte et ses conséquences.

— A la stupéfaction de l'Europe entière, Von Ribbentrop ministreallemand des Affaires étrangères, se rend à Moscou et signe l'accord au nom de l'Allemagne.

Deux élémentscomposent ce dernier : Un pacte de non-agression public qui laissait pratiquement les Allemands libres d'envahir la Pologne sanscraindre une intervention soviétique.

La menace d'une guerre sur deux fronts comme en 1914 était écartée.Un protocole secret qui prévoyait le partage de la Pologne entre l'Allemagne et l'U.R.S.S.

et reconnaissait lesdroits de l'U.R.S.S.

sur la Finlande, les Pays Baltes et la Bessarabie.

Un important accord économique lecomplétait : « il était préférable de partager avec lui la proie, plutôt que d'être la sienne...

». L'accord offre à l'U.R.S.S.

le moyen de reprendre l'expansion territoriale vers l'ouest, après vingt ans de stabilité desfrontières, et d'effacer ainsi le recul consécutif à la Révolution de 1917.

Il lui permet également de poursuivre leréarmement de l'Armée Rouge et d'obtenir ainsi un temps de répit. Mais ce pacte est dangereux et seulement temporaire car les desseins profonds de Hitler envers l'U.R.S.S.

sontinchangés et la croisade antibolchevique n'est que reculée. Question n° 3 La Deuxième Guerre mondiale commence le 1er septembre 1939, mais la grande offensive allemande sur le frontoccidental date du 10 mai 1940, après les longs mois de la « drôle de guerre » (« le 10 mai 1940 l'ennemi entamaitsa grande offensive...

»). Les opérations militaires, du 10 mai à la fin du mois, sont menées très rapidement par l'Allemagne.

La Meuse estfranchie le 14 mai.

C'est la guerre-éclair comme en Pologne.

Les contre-offensives alliées échouent.

Dès le 19 mailes blindés de Guderian foncent vers la mer.

Anglais et Français se replient sur Dunkerque où ils sont encerclés,tandis que l'armée belge capitule le 28 mai.

L'opération de sauvetage entamée par les flottes alliées permet deramener en Angleterre l'ensemble du corps expéditionnaire britannique et cent mille soldats français.

Mais le gros destroupes françaises est capturé ; tout le matériel est perdu. La situation à la fin mai est donc grave.

Comment reformer une ligne de front ? Comment contenir la formidablepoussée des blindés appuyés par l'aviation (« les forces mécaniques et l'aviation...

»)? Weygand a remplacé le 19mai le général Gamelin mais ne possède que 49 divisions pour faire face aux 100 divisions allemandes le long d'uneligne de 300 km sur l'Aisne et sur la Somme.

C'est maintenant la retraite des armées, la débâcle même, l'exode demillions de civils sur les routes.

Le 10 juin un nouveau front s'ouvre sur les Alpes avec l'attaque italienne.

La bataillede France est perdue.

Les troupes stationnées dans l'Empire colonial, la flotte sont à ce moment inutilisables. Cette défaite est une des plus graves de l'histoire du pays : « sur la pente fatale...

la France roulait maintenant àun rythme vertigineux ».. »

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