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L'homme est il par nature un animal religieux?

Publié le 28/03/2005

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Et Marx de dévaloriser la religion : non pas une encyclopédie, mais seulement un abrégé (« compendium ») ; non pas une logique sous une forme noble, mais seulement sous une forme populaire ; un point d'honneur chevaleresque, mais seulement spiritualiste (et sans doute déjà démodé).Les termes employés pour définir la religion (enthousiasme, sanction morale) expriment a contrario (à l'envers) le monde qu'elle reflète : sans enthousiasme, sans morale, sans honneur. Monde pénible, dont il faut se consoler, monde injustifiable, qu'il faut pourtant justifier. D'où l'énoncé, non seulement de la définition de la religion, mais de sa fonction sociale,, tout entière tournée vers la réhabilitation d'un monde catastrophique.De même qu'il faut aller au fond des choses pour mener la critique irréligieuse, il faut aller au fond des choses, pour comprendre la fonction de la religion. « Au fond », parce que la religion elle-même est le fondement, le sol, le point d'appui à partir duquel il est possible d'une part de consoler l'homme et de justifier le monde.Vide, sans contenu, la religion est pourtant une réalisation, une manière pour le réel de s'effectuer, mais sans réalité vraie, puisque Marx le dénonce, cette réalisation est de l'ordre du fantastique, on dirait aujourd'hui fantasmatique ou plus simplement de l'ordre de l'imaginaire, le caractère dérisoire de l'accolement impensable des deux termes contraires : « réalisation fantastique ». Mais la dimension imaginaire de la religion n'est que la reprise de l'être humain lui aussi en partie imaginaire. L'homme, autrement dit la société, l'Etat, s'échappe à lui-même, il ne se « possède pas ». La réalité qui est la sienne n'est pas complète, n'est pas achevée, n'a pas encore atteint sa vérité : « l'être humain ne possède pas de réalité vraie ».

« la religion se base sur des écrits : il y a donc une transmission humaine du « savoir » religieux.

S'il n'est imaginé, lereligieux est enseigné : en outre, les gens n'ayant pas reçu d'éducation religieuse, et en particulier les enfants,peuvent ne pas avoir de conception du divin.

L'homme ne voudrait pas se borner à être simplement « naturel », maissouhaiterait atteindre, comme le dit Mircea Eliade dans Le Sacré et le profane , « un idéal religieux d'humanité ». D'ailleurs, les principes profonds de l'initiation subsistent dans notre monde actuel.

D'autre part, l'homme n'est pasreligieux, mais le devient.

Les sacrifices rituels et le cannibalisme ne sont pas, en outre des comportements naturelsde l'homme primitif, mais plutôt, en effet, de l'homme culturel, fondé sur une vision religieuse de la vie.

De plus,l'homme religieux est bien différent de l'homme non religieux, de par sa vision de l'Etre, du temps, du monde.

Touthomme n'est donc pas, par nature, un homme religieux, mais se détermine tout au long de sa vie. Pour revenir à l'imagination, Proudhon pensait, lui aussi, la religion issue de l'imagination des hommes.

Ainsiaffirmait-il : « J'appelle religion l'expression instinctive, symbolique et sommaire par laquelle une société naissantemanifeste son opinion sur l'ordre universel.

En d'autres termes, la religion est l'ensemble des rapports que l'homme,au berceau de la civilisation, imagine exister entre lui, l'Univers et Dieu, l'ordonnateur suprême ».

On voit alors biencomme la religion peut être distincte de l'homme, car celui-ci peut s'en défaire, et à la fois inhérente, car l'homme adu mal à ne pas s'y raccrocher.

D'autre part, l'homme peut être amené culturellement à croire, par intérêt.

C'estdonc bien que les hommes déchus et faibles chercheraient quelque chose à quoi se raccrocher, tandis que les fortsaffronteraient la vérité : c'est du moins ce que pense Nietzsche ainsi que les autres philosophes du soupçon quimettent l'accent sur l'illusion de la foi.

Pour Freud, par exemple, l'homme religieux cherche à prolonger l'idée desparents tout puissants.

Certains hommes font donc erreur, souvent après avoir eu une certaine expérience de lavie.

Pour finir, la foi résulte d'un choix personnel : l'homme est donc libre d'être religieux ou non et ce légitimement. L'homme paraît donc religieux par expérience et selon son libre choix.

Cependant, l'homme est également religieuxinconsciemment et « passe » ainsi par la religion « révélée » ou « naturelle ». L'homme se distingue de l'animal d'après plusieurs critères ; et la religion en est un : en effet, il s'agit, déjà, d'unconcept purement humain.

L'homme aspire au divin et recherche naturellement d'où il vient et quel est le fondementmême de son existence.

La croyance religieuse peut résulter d'une adhésion sereine à l'ordre des choses, êtreconforme aux exigences de la raison, mais aussi être le fruit d'un amour mystique ancré d'un sentiment intérieurparticulièrement fort.

Montesquieu a dit : « L'homme pieux et l'athée parlent toujours de religion : l'un parle de cequ'il aime, et l'autre de ce qu'il craint ».

En effet, l'homme, obnubilé par sa condition misérable a réellement besoinde se raccrocher à une forme d'espérance.

Même s'il n'est religieux (pratiquant ou non) il se sentira obligé detrouver un sens à sa vie dans des passions diverses telles que la drogue ou d'autres « croyances » telles quel'astrologie, les sectes ou autres.

Mais bien sûr, hormis la religion, toutes les passions ne sont pas mauvaises.Contrairement à ce que d'emblée l'on peut penser, même les hommes se disant areligieux ont une part de religiositéen eux.

Il n'y a par exemple, pas de savoir sans croyances.

Nous pouvons constater avec Pascal, que lesmathématiques reposent sur des propositions indémontrables et qu'elles sont, par conséquent, impuissantes à sefonder ! Par rapport à la religion révélée, il existe la « religion naturelle » : ce serait cet ensemble de croyances et desentiments religieux qui naîtraient spontanément, naturellement, de l'esprit ou du cœur de l'homme, s'il n'avait pasreçu d'éducation religieuse.

En outre, Pascal nous rappelle que la foi ne peut résulter de l'intelligible, de l'intellect :« C'est le cœur qui sent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c'est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison.

»Nécessairement, la croyance est subjective.

Ainsi, l'homme serait capable lui-même de saisir le divin.

C'est larevendication du théisme : la doctrine selon laquelle la nature de Dieu peut être conçue ; elle le définit comme Dieupersonnel et auteur de l'Univers.

C'est ainsi que l'homme de par sa conscience est appelé à se demander quellessont ses origines.

La religion est donc omniprésente et nécessaire : ayant une part d'inné, elle ne peut pas ne pasêtre. Voulant dissimuler sa condition tragique au sein d'une existence absurde, l'homme introduit également les mythesà sa vie : des récits à caractère religieux concernant l'origine du monde, des êtres ou des événements : le mythe del'Age d'or, par exemple évoque un premier temps qui aurait été celui du bonheur et que les hommes auraient perdu.Ainsi, l'homme trouve des explications : nous connaissons, en outre, l'Epopée de Gilgamesh, œuvre composite rédigée entre le deuxième millénaire et le troisième siècle avant Jésus-Christ, sur des tablettes retrouvées enAssyrie : Il s'agit du plus vieux récit écrit retrouvé ; il relate des événements analogues à celui du déluge dans laBible . L'homme a donc toujours ressenti le profond besoin de la religion.

Plutôt que d'être réellement libre, l'hommechoisit en quelques sortes à qui il s'enchaîne.

Ainsi Marx qui pensait que les religions disparaîtraient un jour setrompait peut-être.

Le religieux reste d'une étonnante vitalité au fil des siècles et soude les hommes entre eux.

Onne trouve nulle part ailleurs cet engouement si particulier lors des manifestations religieuses des rassemblements telspar exemples pour les catholiques que les JMJ (journées mondiales de la jeunesse), ou dans l'histoire, avec lesguerres de religion ; l'aliénation religieuse est peut-être le produit de la pauvreté universelle et effective del'homme ? Il serait empreint de détresse comme l'explique Marx : « La détresse religieuse est, pour une part,l'expression de la détresse réelle et pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupirde la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est. »

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