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Hume: conscience et morale

Publié le 11/01/2004

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hume
Prenez une action reconnue comme vicieuse : un meurtre prémédité, par exemple. Examinez-la sous tous les aspects et voyez si vous pouvez découvrir ce point de fait, cette existence réelle que vous appelez vice. De quelque manière que vous la preniez, vous trouvez seulement certaines passions, certains motifs, certaines volitions et certaines pensées. Il n'y a pas d'autre fait dans ce cas. Le vice vous échappe entièrement tant que vous considérez l'objet. Vous ne pouvez le trouver jusqu'au moment où vous tournez votre réflexion sur votre propre coeur et découvrez un sentiment de désapprobation qui naît en vous contre cette action. Voilà un fait : mais il est objet de conscience et non de raison. Il se trouve en vous et non dans l'objet. Si bien que, lorsque vous affirmez qu'une action ou un caractère sont vicieux, vous voulez simplement dire que, sous l'effet de votre constitution naturelle, vous éprouvez, à les considérer, un sentiment de blâme.

POUR DÉMARRER

La morale ne repose pas sur l'expérience, les faits, la raison, mais sur la subjectivité et la conscience de l'homme, dans laquelle elle prend sa source : cette idée directrice permet également de saisir l'intérêt philosophique essentiel de ce texte. Elle vous rappelle que Hume mettait l'expérience au centre de sa philosophie. CONSEILS PRATIQUES Dans ce texte, il est capital de bien définir un certain nombre de termes essentiels : vice, fait, passion, volition, coeur, conscience, raison. Toute la philosophie de Hume se manifeste à travers eux. Hume avait à coeur de constituer une science de la nature humaine, de prendre en compte les principes réglant les opérations de la pensée. C'est bien ce que nous donne à voir ce très beau texte.

 

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« II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. A - MOMENTS DU TEXTE. Le texte est constitué de trois moments, correspondant à la démonstration de la thèse. Le premier moment établit un "fait" : quand nous "examinons" une action mauvaise, et que nous visons à la juger,c'est-à-dire à "affirmer" à son sujet sa valeur morale positive ou négative, nous ne pouvons nous appuyer que surdes éléments subjectifs qui appartiennent à l'auteur de l'action : "passions", "motifs", "volitions", "pensées" que nousreconstituons à partir de notre propre expérience. Le deuxième moment du texte explicite cette démarche subjective de celui qui juge l'action. Le vice de l'action est attribué à celle-ci, non pas en la comparant aux exigences de la raison en matière de morale,mais par la comparaison spontanée que nous effectuons entre la subjectivité de l'auteur de l'action et notre propresubjectivité. Placés dans les mêmes circonstances empiriques, aurions-nous agi de même, ou autrement et mieux ? De là, naît ennous un sentiment positif ou négatif à l'égard de l'action jugée. Le troisième moment du texte conclut le raisonnement : si le prédicat "vicieux" est fondé sur le sentiment issu de lacomparaison des expériences subjectives, alors on ne peut pas affirmer que le vice a une "existence réelle". Autrement dit, le vice, ou le mal en général, n'est pas une essence objective définissable rationnellement etuniversellement : il existe seulement pour les hommes, et plus encore, il existe à chaque fois différemment pourchaque homme en particulier. B - TERMES ET ARGUMENTS A DISTINGUER : Dans le premier moment (jusqu'à "dans ce cas"), le terme de "fait" est central. La démarche de Hume consiste à établir, avant tout raisonnement abstrait ou intellectuel, et afin de permettre untel raisonnement, les données de l'expérience - les faits - sur lesquels il doit s'appuyer. Le fait, ici, est de nature à la fois subjective et empirique : c'est toute la matière variable des "pensées" de l'auteurd'une action mauvaise. Seules existent l'action et les intentions réfléchies ("volitions" et "pensées") ou irréfléchies ("passions" et "motifs"). Le vice, c'est-à-dire le mal considéré comme réellement présent dans l'action, et donc, plus profondément, dans lasource de l'action (son auteur) n'existe pas. Dans le deuxième moment, "coeur", "sentiment", "conscience" sont sur le même plan.

Hume décrit la "naissance" d'unsentiment "en vous", qui juge l'action. On peut peut-être dire que le vice est un "objet", et même un "fait" de second degré par rapport au fait empiriqueétabli au début du texte, mais ce fait ou cet objet n'est pas à proprement parler objectif, c'est-à-dire universel àtous les hommes, car il est relatif à ma conscience, il est "en moi", et vaut donc seulement pour moi. Le dernier moment (de "il se trouve" à la fin) conclut le raisonnement en lui donnant un argument général.

Leprédicat "vicieux" est un " effet de votre constitution naturelle". La nature affective du vice est réaffirmée : le verbe "éprouver" renvoie à nouveau à l'expérience subjective. III - LES REFERENCES UTILES. Critique possible du texte à partir des Fondements de la Métaphysique des Moeurs de Kant (deuxième section) oùKant pose l'aptitude de l'homme à être, malgré et par delà son individualité, "législateur universel" en matière morale. L'homme est, pour Kant, apte à établir les exigences rationnelles universelles de l'action bonne, pour lui-même etpour les autres. IV - LES FAUSSES PISTES. Insister exclusivement sur la réduction sceptique, voire cynique, de la morale au profit d'un individualisme moral était. »

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