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L'illusion vous paraît-elle réductible à l'erreur ?

Publié le 05/03/2004

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illusion

Freud pousse plus loin l'analyse et soutient que l'illusion est positive, elle n'est pas un vain jeu de tromperie réciproque, par exemple l'illusion religieuse permet de reconduire de manière dérivée le désir enfantin de protection (voir L'avenir d'une illusion).            

L'erreur ne semble avoir aucune fonction sociale, et comme l'écrit Deleuze dans Différence et répétition elle est toujours liée à une norme du vrai et du faux, inscrite dans une relation binaire. Mais l'illusion, à l'inverse ne témoigne en faveur d'aucune norme, elle devient elle-même norme (la religion par exemple). L'erreur paraît avoir bien plus de parenté avec la faute (cf les problèmes juridiques et éthiques : une erreur médicale est-elle une faute professionnelle ? Ou à l'inverse, la maladie qu'on prenait avant pour une malédiction et qui est devenue une simple « erreur de recopiage « dans la chaîne Adn, voir Canguilhem « Un nouveau concept en pathologie : l'erreur «).   III-La résistance de l'illusion.               Au début de « la dialectique transcendantale «, dans la Critique de la raison pure Kant distingue entre deux sortes de paralogismes, « Le paralogisme logique consiste dans la fausseté formelle d'un raisonnement, quel qu'en puisse être par ailleurs le contenu. Un paralogisme transcendantal, en revanche, possède un fondement transcendantal qui incite à produire des conclusions formellement fausses «. Ce fondement c'est une illusion de la raison, celle-ci a l'impression de connaître à l'aide de raisonnement les Idées : l'âme, le monde et Dieu. Or Kant montre que cette connaissance est illusoire, en cela qu'elle n'est fondée sur aucune intuition sensible, simplement c'est une illusion interne à la raison ; et si la critique peut mettre une telle carence en évidence, elle ne peut la vaincre entièrement, à l'inverse de l'erreur qui elle ne résiste pas à la correction (paralogisme logique).

 L'erreur se présente à la pensée comme un concept relativement lâche, est-ce un acte : « commettre une erreur « ou bien un état : « être dans l'erreur « ; quel rapport entre l'erreur commise au cours d'un jeu radiophonique et l'erreur de Le Verrier qui crût découvrir une nouvelle planète en supposant que les irrégularités dans la rotation de Mercure s'expliquaient par la présence d'une planète (« Vulcain «, années 1870) dans son orbite ? La notion d'erreur est-elle assez large pour subsumer celle d'illusion ? Ne s'agit-il pas dans l'un et l'autre cas d'un jeu entre le vrai et le faux ? Cependant l'irréductibilité de l'illusion semble assez vite s'imposer à la pensée, n'a-t-elle pas cette dimension affective étrangère à l'erreur ? Tout notre problème tourne autour de la façon de présenter la nuance qui sépare les deux notions engagées.

  • I) L'illusion est réductible à l'erreur.

a) L'apparence est une illusion. b) L'illusion, c'est croire que ce que l'on pense est vrai malgré la réalité. c) L'illusion est un vain espoir.

  • II) L'illusoin n'est pas réductible à une erreur.

a) Une illusion n'est pas forcément en contradiction avec les faits. b) Une illusion exprime un désir. c) On ne désire pas se tromper.

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illusion

« Au début de « la dialectique transcendantale », dans la Critique de la raison pure Kant distingue entre deux sortes de paralogismes, « Le paralogisme logique consiste dans la faussetéformelle d'un raisonnement, quel qu'en puisse être par ailleurs le contenu.

Unparalogisme transcendantal, en revanche, possède un fondementtranscendantal qui incite à produire des conclusions formellement fausses ».Ce fondement c'est une illusion de la raison, celle-ci a l'impression deconnaître à l'aide de raisonnement les Idées : l'âme, le monde et Dieu.

OrKant montre que cette connaissance est illusoire, en cela qu'elle n'est fondéesur aucune intuition sensible, simplement c'est une illusion interne à la raison ;et si la critique peut mettre une telle carence en évidence, elle ne peut lavaincre entièrement, à l'inverse de l'erreur qui elle ne résiste pas à lacorrection (paralogisme logique).

L'illusion est en cela voisine de l'obnubilation,même dévoilée elle résiste encore à la correction, c'est dans sa nature mêmeque la raison est portée à l'illusion, abusée par son propre pouvoir qu'ellesurestime.

L'emploi logique de la raison implique qu'elle recherche toujours la raison dechaque raison, la condition du conditionné, et ce, en une régression à l'infini.Cependant cet emploi logique ne peut décider si le conditionné l'estrelativement ou absolument, en d'autres termes s'il existe un inconditionné.En revanche, l'usage transcendantal de la raison, voulant donner duconditionné une explication complète, postule que le conditionné ne peutavoir d'existence réelle que s'il procède d'un inconditionné qui fonde la réalité.

Cet usage refuse donc la régression àl'infini.

Mais cet inconditionné ne pouvant être trouvé dans le monde phénoménal de l'expérience, la raisontranscendantale le place dans un monde suprasensible, qui est celui de la métaphysique.

Ainsi naissent les idéestranscendantales d'âme, de monde et de Dieu, lesquelles entraînent paralogismes et antinomies.

Or, tandis que lavérité de la science réside dans la coïncidence entre le concept fourni par l'entendement et l'intuition fournie par lasensibilité, il ne peut y avoir, par définition, aucune intuition métaphysique correspondant aux idées métaphysiquespuisque la métaphysique prétend saisir des objets qui sont hors du monde de l'expérience.

L'usage transcendantalde la raison est donc illégitime, et la métaphysique une pure illusion.

En dernière analyse l'illusion se distinguerait de l'erreur par sa dimension affective qui fait que malgré unecorrection logique l'illusion subsiste, un exemple fort est fourni par Freud lorsqu'il dit que nous vivons comme si nousétions persuadés de notre immortalité.

Nous savons pertinemment que nous allons mourir, cela ne nous empêche pasde conduire notre vie comme si nous étions éternels.

Conclusion : Contrairement à l'erreur l'illusion n'est pas purement négative, elle a une dimension d'utilité dans lefonctionnement social, elle est radicalement irréductible à l'erreur en cela qu'elle résiste à la critique logique, ce dontl'illusion amoureuse est peut-être l'exemple le plus parlant.

L'illusion ne s'épuise pas dans la logique binaire et neutre de l'erreur, elle incarne l'inadéquation essentiellede notre être avec le monde (illusion d'optique et de la raison chez Kant) et autrui (illusions socialisantes), tandisque l'erreur apparaît toujours comme accidentelle.. »

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