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Le langage permet-il de tout dire ?

Publié le 26/02/2004

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Le langage est le propre de l'être humain, et lui permet de partager ses pensées et ses états d'âme avec autrui. Pourtant, il arrive que nous soyons incapables de traduire avec des mots ce que nous ressentons. Nous nous demanderons donc si le langage permet de tout dire, ou si, au contraire, ses capacités restent limités. Le langage permet d'élaborer et de préciser de nouvelles idées à l'infini, mais n'est-il pas un obstacle à l'expression du réel?
 
Définissons d'abord ce qu'a de particulier le langage. Le langage humain permet l'expression de ses pensées et la communication de ces dernières aux autres, ainsi, un être qui ne pense pas ne peut pas parler.
Remarquons également, qu’il s’agit ici d’étudier la capacité du langage à tout exprimer, le sujet n’invite donc pas à se demander si il faut tout dire, ou si nous avons le droit de tout dire, mais si le langage a les capacités, les moyens de permettre à l’homme de tout exprimer.
Le problème posé est donc : Le langage est-il apte à transmettre toutes nos pensées, toutes nos perceptions, sans exception ?
  • I) Il y a toujours un moyen pour dire ce que nous avons à dire.
a) Le langage n'a pas de limite. b) Je peux toujours inventer le moyen qui me manque. c) Tout peut être dit, même si tout n'est pas compris.
  • II) Le langage ne permet pas de tout dire.
a) On ne peut communiquer que ce qui est commun. b) Certaines choses sont indicibles. c) Il faut montrer ce qu'on ne peut pas dire.
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« « fragment du monde métaphysique » n'est rien d'autre qu'une superstition grammaticale.

Mais l'autorité d'un Platon et d'un Descartes , et une longue tradition ont fait le reste : le pessimisme que Nietzsche manifestait dès le début du texte (« à supposer que nous réussissions ») trouve en écho, à la fin du texte, la quasi-fatalité de la régression.

C'est donc malgré les croyances grammaticales qu'il faut tenter de philosopher : le philosophe a bien dumal à se défaire des « filets du langage ». Il n'est donc guère étonnant que ce soit à l'occasion d'une critique del'ineffable que Hegel ait écrit : « C'est dans les mots que nous pensons ». Dire que nous pensons en mots, comme on paye en francs ou en dollars,c'est définir le mot comme l'unité de la pensée.

Loin d'être deux mondesradicalement extérieurs, « incommensurables » comme le disait Bergson , le langage et la pensée apparaissent ici comme absolument consubstantiels. Que reproche Hegel à l'ineffable ? Il lui reproche de n'offrir, en fait de pensée, qu'une matière de pensée sans la forme que seule la formulation parle langage pourrait lui conférer.

L'ineffable en effet, c'est la pensée informe,c'est-à-dire une pensée usurpée, une pensée qui n'en est pas vraiment une.Pour mériter ce nom, pour être vraiment la pensée, celle-ci doit en passerpar l'épreuve de l'explicitation. Il y a ici un malentendu possible contre lequel il faut mettre en garde lelecteur de Hegel : c'est le malentendu de l'énonciation.

Le problème de Hegel n'est pas de savoir s'il faut se taire ou parler, ni de savoir si les vérités sont ou non bonnes à dire : l'enjeu de l'exigeante conception deHegel est de savoir à partir de quoi, à partir de quel critère on peut réellement considérer qu'on a affaire à de la pensée, à partir de quel critèrela pensée mérite le nom de pensée.

Ce critère, c'est la « forme objective » (le mot) qui rend ma pensée publiable, identifiable même par moi seul (tantencore une fois il ne s'agit pas ici de rapport à autrui).

Pourquoi faire un brouillon avant une dissertation ?Justement pour expliciter le flux d'abord confus de l'inspiration qui nous traverse à partir d'un sujet, pour incarnercette manière, cette pensée virtuelle en une réalité palpable & travaillable, réalité que les mots que nous écrivonslui donnent. Il s'agit là, pour la pensée, d'une véritable épreuve, de l'épreuve de ce que Hegel appelait le « négatif » : pour devenir ce qu'elle est, la pensée doit en passer par ce qui n'est pas elle : le langage.

Dans cette épreuve parlaquelle elle devient ce qu'elle est, la pensée fait donc face à d'apparents périls qui peuvent nous faire prendre lelangage pour un inconvénient.

Au premier rang de ces périls, celui qui apparemment menace ce que nous pourrionsappeler la subjectivité, notre singularité : ne risquons-nous pas, en incarnant notre intériorité dans une formeobjective, d'en perdre irrémédiablement ce qui en elle nous appartient le plus ? Le mot peut, ainsi, être perçucomme commun et galvaudable : nous savons bien que chacun peut transformer nos paroles comme il l'entend, queles « je t'aime » que nous prononçons ont été cent fois, mille fois, prononcés et entendus, que nos pensées dans nos paroles deviennent anonymes comme une rumeur sourde.

Puisque « tout est dit depuis huit mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent » (La Bruyère ), le refus des mots ne serait-il pas le dernier refuge de l'intériorité ? Ce sont ces appréhensions que la pensée hégélienne entend conjurer avec la dernière énergie. Le présupposé qui est ici en jeu a quelque chose à voir avec la question de la propriété de la parole. Ce dialogue constant de la pensée avec le langage, cette lutte entre l'ineffable et les mots, bref ce passage, pourla pensée, du non-être à l'être prend donc évidemment, comme on l'a vu, un sens particulièrement aigu enlittérature et spécialement en poésie.

Si le passage par la parole marque la vraie naissance de la pensée, c'est qu'ilfaut concevoir le langage comme quelque chose de plus haut qu'un simple instrument.

Ce qui se conçoit bien nes'énonce clairement, pour paraphraser Boileau , que dans la mesure où l'énonciation claire est elle aussi à son tour la condition de la bonne conception. La fonction essentielle du langage, selon Hegel , est de tirer l'esprit du monde complexe et confus que lui présente la perception brute et de le faire accéder à un monde plus intellectuel, purifié, celui des mots:"L'intelligence se trouve comme remplie par l'objet qui lui est donné immédiatement et qui entraîne avec lui lacontingence, l'inanité et la fausseté qui sont le propre de l'existence extérieure" .

Mais, le rôle de l'intelligence est de "purifier le contenu de l'objet qui s'offre à elle d'une façon immédiate, en y effaçant tout ce qu'il a d'extérieur, d'accidentel et d'insignifiant" .

Or c'est le son articulé, le mot qui accomplit cette fonction, car d'un côté le mot est une forme externe mais il est aussi l'oeuvre de l'esprit: il est un signe et il est par là une forme interne. "Le son. »

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