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Le langage peut-il nous trahir ?

Publié le 10/03/2004

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Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d'absolument nôtre ? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens. Mais le plus souvent, nous n'apercevons de notre état d'âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe. Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles. » BERGSON.     On ne voit pas ce que peut être une pensée sans langage puisque ce que l'on nomme « penser » consiste en une sorte de parole silencieuse que l'on s'adresse soi-même à soi-même, puisque la pensée ne se présente jamais autrement que comme « un dialogue intérieur de l'âme avec elle-même » (Platon in « Cratyle »).La pensée n'est donc rien d'autre qu'un langage intérieur, s'exerçant avec des mots bien que ceux-ci ne soient pas extérieurement prononcés.De plus les idées générales sont impossibles sans le langage.
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« l'intelligence pour redonner au langage une certaine positivité. « Quelle est la fonction primitive du langage? C'est d'établir une communicationen vue d'une coopération.

Le langage transmet des ordres ou desavertissements.

Il prescrit ou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel àl'action immédiate; dans le second, c'est le signalement de la chose ou dequelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future.

Mais, dans un cascomme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujourssociale.

Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par laperception humaine en vue du travail humain.

Les propriétés qu'il signale sontdes appels de la chose à une activité humaine.

Le mot sera donc le même,comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notreesprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera,les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti àtirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.

Telles sont les originesdu mot et de l'idée.

L'un et l'autre ont sans doute évolué.

Ils ne sont plus aussigrossièrement utilitaires.

Ils restent utilitaires cependant.

La pensée sociale nepeut pas ne pas conserver sa structure originelle [...] C'est elle que le langagecontinue à exprimer.

Il s'est lesté de science, je le veux bien; mais l'espritphilosophique sympathise avec la rénovation et la réinvention sans fin qui sontau fond des choses, et les mots ont un sens défini, une valeur conventionnellerelativement fixe; ils ne peuvent exprimer le nouveau que comme un réarmement de l'ancien.

On appelle couramment et peut-être imprudemment « raison » cette logique conservatrice qui régit lapensée en commun: conversation ressemble beaucoup à conservation.

» Bergson , La Pensée et le Mouvant . a) Situation du texte .

Bergson oppose l'intelligence à l'intuition.

La première a été donnée à l'homme par la nature afin de le guider dans ses activités de fabrication.

Quand l'esprit en revanche se détourne de ce qui l'entoure dans l'espace pour se retourner sur lui-même, il met enoeuvre une autre faculté : l'intuition.

La philosophie n'est que le développement de cette intuition ou « attention que l'esprit se prête à lui- même ».

Or tout le problème est de savoir d'où vient le langage : est-il de par sa nature instrument de l'intelligence ou auxiliaire de l'intuition ? Et si la première hypothèse est la bonne, comment le philosophe pourra-t-il encore user du langage ? b) Mouvement du texte . · Premier moment .

( à « les origines du mot et de l'idée. ») : hypothèse sur l'origine du langage.

Le langage, qui est naturel à l'homme, est originairement destiné à rendre plus aisée la vie pratique, et donc essentiellement lamanipulation et la transformation des choses matérielles extérieures.

La formation et l'évolution des languesauront ainsi été ordonnées à la satisfaction de fins utilitaires. · Second moment .

(de « L'un et l'autre ont sans doute » jusqu'à la fin) : ce qui a changé et ce qui n'a pas changé dans le langage.

Le développement des deux facultés fondamentales de l'esprit (intelligence et intuition) a-t-il imprimé au langage sa marque ? Oui, pour ce qui estde la science.

Mais celle-ci se situe dans la continuité de la vie pratique naturelle : elle ne fait que développer et rendre plus précise l'attentionque l'esprit porte à la matière.

Dépositaires d'une pensée sociale qui tend surtout (au même titre que les institutions politiques) à la stabilité,les mots ne se prêtent toujours pas aisément à l'effort du philosophe pour coller au jaillissement continu d'imprévisible nouveauté que sont ladurée pure et la vie même. c) Conclusion .

Le philosophe devra donc pour retourner aux choses elles-mêmes, pour en retrouver les articulations naturelles, se dégager des mots.

Au langage abstrait de la science il devra préférer un langage imagé, qui au moinsne l'invitera pas à se représenter l'esprit sur le modèle de la matière.

« Comparaisons et métaphores suggéreront ce qu'on n'arrivera pas à exprimer ». On ne voit pas ce que peut être une pensée sans langage puisque ce que l'on nomme « penser » consiste en unesorte de parole silencieuse que l'on s'adresse soi-même à soi-même, puisque la pensée ne se présente jamaisautrement que comme « un dialogue intérieur de l'âme avec elle-même » (Platon in « Cratyle »).La pensée n'est donc rien d'autre qu'un langage intérieur, s'exerçant avec des mots bien que ceux-ci ne soient pasextérieurement prononcés.De plus les idées générales sont impossibles sans le langage.

En effet, comme l'affirme Rousseau, « toute idée est. »

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