Le libéralisme économique ?
Publié le 11/02/2004
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politique, des frontières seront tracées à l'intérieur desquelles l'autorité étatique sera cantonnée.Doctrine de la limitation de l'Etat — mais non de sa destruction —, le libéralisme se propose de laisser les individusêtre les véritables acteurs de la vie politique et sociale.
Confiant dans la nature humaine et dans ses ressources,convaincu de ce que histoire est synonyme de progrès, il affirme que telle est la condition d'une société vivante,dynamique et harmonieuse : la liberté de chacun est la condition du bonheur de tous.Libéralisme et démocratie ne sont pas des termes synonymes.
Il y a eu, au XVIIIe et au XIXe siècle, un libéralismearistocratique dont Montesquieu, et de manière plus complexe Tocqueville, ont été les plus célèbres figures.Inversement, les démocraties populaires se définissent très clairement par le refus du libéralisme.
Cependant,l'histoire du libéralisme et celle de la démocratie sont si intimement liées que, en Occident tout au moins, idéal libéralet idéal démocratique ont fini, à tort ou à raison, par apparaître comme identiques, car participant d'une mêmeambition politique, d'une même vision idéologique.
Libéralisme économique
Parallèle au libéralisme politique existe un libéralisme économique.Celui-ci se définit de manière très semblable par l'affirmation que la liberté totale des acteurs économiques estnécessaire à la prospérité générale.
Le libre jeu des forces du marché, la liberté d'entreprendre, l'absence decontraintes, la concurrence véritable sont les seules règles du jeu qui doivent prévaloir.
Ainsi que l'explique lephilosophe écossais Adam Smith — le principal des théoriciens du libéralisme économique — il existe « une maininvisible » qui fait servir les efforts individuels des agents économiques — aussi désordonnés et contradictoires qu'ilspuissent sembler — à une seule et même grande cause qui est l'enrichissement de la collectivité.
Chacun travaillepar souci de sa propre fortune, mais, ce faisant, il participe sans le savoir au progrès de l'ensemble de la société.Dans de telles conditions, la seule politique économique possible est celle qui passe par l'abstention totale et leretrait de l'Etat.
Le marché, en effet, laissé à lui seul tend à l'équilibre optimal; spontanément, il assure la gestion laplus intelligente et la plus parfaite des ressources.
Confrontant en permanence l'offre et la demande, il met en placeles conditions d'une croissance saine et durable.
Toute intervention ne pourrait que perturber ce mécanismeimpeccable.
La seule attitude de l'Etat doit se résumer en la célèbre formule de « Laissez faire, laissez passer».
Le triomphe libéral ?
Si l'on voulait tracer à gros traits l'histoire du libéralisme en Occident, peut-être pourrait-on avancer que le XVIIIesiècle fut le siècle de sa naissance, le XIXe celui de son essor, et le XXe, enfin, celui de sa mise en question.Perceptibles sans doute dès le départ, les limites du libéralisme apparurent véritablement dans la première moitié denotre siècle.
Avec la Première Guerre mondiale et la crise économique de 1929, il devint évident que l'Etat modernene pouvait se cantonner dans la politique de non-intervention quasi absolue qu'avaient dessinée pour lui lesthéoriciens libéraux.
Pour relancer une économie au bord de l'écroulement, pour régler les problèmes politiques etsociaux qui, par leur ampleur, ne pouvaient être abandonnés aux seuls individus, pour corriger les déséquilibressociaux que tendait à produire le pur jeu du marché, l'Etat s'avérait nécessaire.
Laissée à elle-même, la sociétérisquait de devenir une jungle où seule compterait la loi du plus fort et où la seule liberté véritable serait, pourreprendre une formule célèbre, «la liberté du renard dans le poulailler ».
Les Etats occidentaux s'engagèrent doncdans une politique d'intervention économique et sociale qui, passant par la mise en place de l'Êtat-Providence, se fità rebours d'idéaux libéraux jugés désormais dépassés.Est-ce pur et mécanique retour du balancier? Toujours est-il que l'on a beaucoup parlé à la fin des années 70 ettout au long des années 80 d'un retour au libéralisme.
Celui-ci fut d'abord économique : la crise de 1973 révéla eneffet l'incapacité de l'Etat à relancer l'économie selon les méthodes utilisées jusque-là; davantage, le poids de l'Etatfut souvent perçu comme un frein par les entreprises et les individus.
Le procès de l'Etat-Providence était engagé.Dans le champ politique, un véritable raz-de-marée électoral porta un peu partout en Occident des gouvernementsse réclamant d'un libéralisme parfois sauvage (Ronald Reagan aux Etats-Unis, Margaret Thatcher en Grande-Bretagne).
La seule exception fut française et confirma largement la règle.
Portés au pouvoir pour appliquer unepolitique de gauche, les socialistes en effet se convertirent au libéralisme.
A la bourse des valeurs intellectuellesenfin, Tocqueville et Aron remplacèrent Marx et Engels.S'agit-il là d'un triomphe du libéralisme? En partie sans doute: de manière légitime, le libéralisme vient mettre unterme à une croissance étatique devenue quelquefois insupportable et nous rappeler qu'il n'est pas de valeur plushaute dans une société que la liberté des individus qui la composent.
Tels sont les principes que réaffirme avecjustesse le libéralisme aujourd'hui.
Mais ces principes, quelquefois, peuvent servir de masque à une réalité beaucoupmoins légitime.
On se contentera à cet égard d'ajouter que s'il se confond avec la politique anti-sociale qui prévauttrop souvent aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, ce triomphe du libéralisme a un goût des plus amers et vauttoutes les défaites..
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