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La liberté implique-t-elle le refus de toute contrainte?

Publié le 26/01/2005

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On peut toutefois remarquer que l'homme cherche à repousser toujours plus loin ses limites, ce dont témoignent à la fois le mythe d'Icare et l'invention technique de l'aviation. C'est bien souvent à travers les obstacles qu'elle rencontre ou les interdits qu'on lui oppose que la liberté se révèle à elle-même. C'est peut-être d'abord en prenant conscience de ce qu'il ne veut pas que l'homme prend conscience de ce qu'il veut. C'est la raison pour laquelle la première définition de la liberté, sa définition la plus simple est une définition simplement négative : être libre, c'est ne pas être empêché de faire ce que l'on veut. Les obstacles que la liberté rencontre peuvent être de deux sortes : les uns sont naturels, les autres humains. Je peux ne pas pouvoir faire ce que je veux, parce qu'un obstacle naturel s'y oppose, ou parce qu'on me l'interdit. Je veux me promener, par exemple, et je dois y renoncer parce qu'une tempête de neige a bloqué ma porte ou parce que mon père me l'interdit, au prétexte que je dois travailler. On voit, sur cet exemple, que la contrainte que m'impose autrui ne produit pas le même effet sur ma liberté que celle que m'oppose la nature. Contre la nature, je peux agir, ou convertir mon projet initial en un autre, sans perdre ma liberté : rester chez moi jouer aux cartes, par exemple. Contre la volonté d'autrui, je ne renonce pas à ma volonté propre, mais la maintiens dans la révolte comme dans la soumission.

« De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fit laguerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son pèreont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par Zeus, à la loide la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge,comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en faisonsdes esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau et juste.

Mais, j'ensuis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s'endélivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussitoutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nousapparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat.

" PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213. (1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av.

JC Exercice : reprenez chacun des arguments de Calliclès qui parle ici, et discutez-le. Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrièreleur apparente impartialité. Les arguments de Calliclès Faite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs.

Elle n'est donc universelle qu'enapparence. 1. Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation.

Elle n'estdonc juste qu'en apparence. 2. Les valeurs prônées par cette loi n'ont pas de réalité propre : elles consistent dans le retournement axiologiquede la réalité de la force, et l'égalité de droit n'est que la dénégation de l'inégalité de fait.

Elle est donc sansconsistance. 3. Les meilleures dispositions sont laminées par l'éducation égalitariste. 4. Le vrai droit est celui de la nature qui est foncièrement inégalitaire.

En effet, il est universel, nécessaire,irrécusable. 5. Cette fausse loi sous laquelle nous vivons est intrinsèquement fragile, puisqu'elle se maintient en s'appuyantsur un verbiage sans répondant, et grâce à l'absence momentanée d'un individu suffisamment fort pour larenverser en lui et hors de lui. 6. Discussion de chaque argument Calliclès confond expression et représentation.

S'il est vrai que les lois représentent la masse, ellesont une réalité qui ne lui est pas réductible.

La vraie question est donc celle de la spécificité dupolitique : un ordre d'existence que son absence de répondant réel n'autorise pas à qualifierd'illusoire. 1. Calliclès suppose que l'homme est un être sorti tout constitué de la nature, c'est-à-dire qu'il est unsimple vivant, alors qu'il est le produit des lois.

Il est donc absurde de considérer que les loisl'oppressent : elles le constituent comme sujet. 2. L'égalité conditionne l'idée même de loi, à la fois parce qu'elle doit être la même pour tous et qu'elleeffectue la forme même de la réflexion, puisque réfléchir revient à se poser soi-même comme unsujet indifférent c'est-à-dire juridiquement égal aux autres.

La loi a la consistance de la réflexion,acceptée par le discours de Calliclès en tant que c'est un discours et non un pure violence. 3. La cité, dit Aristote, exclut aussi bien ceux qui sont trop inférieurs (bestialité) que ceux qui sont tropsupérieurs (les dieux, les héros), puisqu'il est impossible à l'individu moyen de se reconnaître en eux.Toute éducation a donc bien une dimension de dressage à la " semblance " (être le même que soiparce qu'on s'est soumis à ce qui rassemble les semblables) c'est-à-dire à la médiocrité.

Cependantles dispositions exceptionnelles ne sont pas naturelles mais humaines (l'idée d'un gène de lamusique, de la philosophie ou des mathématiques est absurde, puisque ce sont des réalités 4.. »

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