Devoir de Philosophie

Est-ce par crainte du châtiment qu'on obéit aux lois ?

Publié le 02/09/2005

Extrait du document

Cette obéissance est un devoir moral. Pour lui désobéir aux lois va contre le principe de justice même. Si l'on obéit seulement aux lois qui nous conviennent et nous avantagent, cela signifie que l'on utilise la loi comme un moyen. Or, pour être sacrée, la loi doit être prise comme une fin. Par ailleurs, tant que l'homme obéit à la loi, même si c'est parce qu'il craint le châtiment, la justice est préservée. La loi comble en quelques sortes les lacune de la raison humaine qui est encore à éduquer. La peur du châtiment est utile tant que l'homme n'obéit pas de lui-même à la loi morale prescrite par la raison pratique Selon Kant, cette loi morale s'exprime sous la forme d'une devoir et elle est universelle. Cependant parce que l'homme est un être sensible qui doit apprendre à devenir raisonnable, la loi morale s'exprime sous la forme d'un impératif catégorique : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d'une législation universelle ». De ce fait, obéir à la loi qu'on s'est prescrite et pas seulement à celle qui nous est imposée constitue la forme la plus achevée de la liberté. Ainsi, L'utilité de la crainte du châtiment devient dérisoire quand l'homme agit en connaissance du bien, de façon morale, quand il sait ce qu'il faut faire.

Analyse du sujet :

  • Châtiment : sanction sévère infligée à un coupable pour le punir d’un méfait, d’une faute ou d’un acte contraire à la loi civile.

  • Obéir : se plier à un ordre, obtempérer, ne pas enfreindre les lois qui régissent la société. Se distingue de la soumission parce que l’obéissance est un acte volontaire par lequel on reconnaît une certaine autorité.

  • Lois : sont des règles obligatoires qui régissent les rapports sociaux et auxquelles chacun se doit d’obéir. Comme le précise Rousseau dans le Contrat social, la loi est générale par son objet et par sa source car elle s’adresse non pas à un individu en particulier mais à tous et elle n’est pas le fruit de la réflexion d’un seul qui imposerait sa règle à tous les autres, elle est le résultat d’une volonté générale pour satisfaire le bien public et non privé.

Problématique :

Il s'agit ici de s'interroger sur ce qui nous conduit à respecter les lois. En effet, si les lois étaient édictées sans qu'aucune sanction ne tombe pour celui qui ne les respecte pas, nous pouvons être amenés à penser que peu de lois seraient respectées. Il suffit pour cela de constater ce que peut produire "la peur du gendarme", de voir comment la présence des forces de l'ordre conduit traditionnellement à respecter la loi. Ce respect est ainsi semble-t-il fondé sur une forme de crainte. On peut d'ailleurs remarquer que la notion de respect est très proche de la crainte en ce qu'il impose une forme de distance. Respecter les pelouses c'est se tenir à distance, ne pas marcher dessus. On peut également remarquer que lorsque nous enfreignons la loi, nous nous attachons à le faire de manière masquée. Ainsi, si c'est la crainte du châtiment qui nous conduit à obéir aux lois, force alors est de constater que se manifeste là une logique pure de l'intérêt particulier. Vous pouvez vous reporter ici aux analyses de Hobbes dans le Léviathan. Alors qu’il montre que l’état de nature est un état de guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun parce que c’est un état dans lequel les lois instituées sont absentes, il donne l’argument suivant : si vous ne croyez pas que l’état de nature est tel et que les hommes spontanément cherchent leur propre intérêt et cherchent à abuser des autres, pourquoi ferme-t-on sa porte à clef quand on part en voyage ? Ainsi, nous obéirions aux lois dans un simple calcul de ce que l’on peut gagner et de ce que l’on peut perdre. Néanmoins, peut-on penser que les hommes ne sont animés que par cet intérêt particulier ? Ne peut-on pas penser que nous obéissons également aux lois pour des raisons morales, au nom de l'intérêt général ? En outre, ne peut-on pas distinguer différentes formes de désobéissance ? En effet, la réalité montre que la présence de gendarmes et de contrôles conduit les gens à rouler moins vite au volant, mais ce n’est peut-être pas l’existence des lois qui fait que nous ne tuons pas notre voisin quand il fait trop de bruit…N’est-il pas possible que nous agissions aussi parfois en tant qu’être moraux ? La force de la loi ne tient-elle pas aussi parfois dans son caractère moral ? Peut-être s'agit-il alors de montrer que si la crainte du châtiment est nécessaire pour conduire au respect des lois, celles-ci peuvent aussi être comprises comme servant l'intérêt de tous. Obéir aux lois n’est-il pas le moyen pour l’homme d’acquérir et de garantir sa liberté ? L’obéissance aux lois ne peut-elle pas devenir morale ?

 

« Dans l'Ethique à Nicomaque, Aristote définit la justice de la manière suivante :"Le juste est ce qui est susceptible de créer ou de sauvegarder, en totalitéou en partie, le bonheur de la communauté politique." La justice n'a de sensréel que par la communauté et pour elle.

Elle n'est pas une vertu en soi, maisdans la relation à autrui.

Elle consiste essentiellement à obéir aux lois de laCité, qui, étant fixées par le législateur, sont nécessairement légales.L'injustice sera une action commise contre la loi, un non-respect de ce quirègle les rapports corrects des hommes au sein de la communauté.

Elle peutêtre aussi le fait d'outrepasser ses droits, c'est-à-dire de réclamer plus quece qui nous est dû, ou encore le non-respect de l'égalité des citoyens.

Seconformer aux lois est donc le devoir de justice premier de tout citoyen,puisque les lois sont faites en vue du bien commun et de l'intérêt général.Première de toutes les vertus politiques, la justice contient en elle toutes lesautres vertus qui ne font qu'en découler, puisque le respect d'elle seule esten mesure de maintenir l'ordre et l'harmonie entre les hommes. L'article 8 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen insiste sur ce caractère nécessaire de la punition : « La loi ne doit établir quedes peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut êtrepuni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délitet légalement appliquée ».Ainsi, loi et sanction vont de pair et si le châtiment joue aussi sur la peur pour éviter la transgression c'estpour garantir le bien commun.Cependant, l'obéissance aux lois n'est pas du seulement à la contrainte et à la peur d'être pénalisé par lasanction.

Ne peut-on pas penser que l'homme qui obéit à la loi agit aussi dans son propre intérêt ? 2- Obéir aux lois pour être libre : Tout d'abord, l'obéissance aux lois universelles sert les intérêts privés.Selon Hobbes, le contrat social par lequel tout le monde accepte de transférer sa puissance naturelle à uneautorité souveraine est avantageux pour chaque individu.

En effet, sans ce pacte social, c'est un état deguerre de tous contre tous qui règnerait parce que l'homme est un être qui cherche à accroître sa puissanceet à satisfaire tous ses désirs.

Cela entraînerait des conflits perpétuels qui nuiraient aux individus.

Il est doncutile et avantageux de renoncer au droit d'agir à sa guise.

Obéir aux lois, c'est donc renoncer à la violence etcela sert finalement les intérêts de chacun.De plus, selon Rousseau, la loi exprime la volonté du peuple, la volonté générale.

En les respectant, le peupleobéit à lui-même.

Les lois doivent « partir de tous pour s'appliquer à tous », c'est le « peuple statuant sur lepeuple » ( Contrat social, II, 6 ). ROUSSEAU : l'État, expression de la volonté générale Selon Rousseau, les hommes sont contraints de s'associer pour survivre.Le problème est de « trouver une forme d'association qui défende etprotège de toute la force commune la personne et les biens de chaqueassocié, et par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtantqu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant ».

Sa solution, c'est lecontrat social.

Rousseau l'énonce ainsi : « Chacun de nous met encommun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction dela volonté générale, et nous recevons en corps chaque membre commepartie indivisible du tout.

» Par ce contrat chaque individu préserve doncintégralement sa liberté puisqu'il décide librement d'obéir à la volontégénérale, et son égalité, puisque chacun participe également à cettevolonté générale.

L'État trouve sa légitimité dans cette volonté généraledont il ne doit être que l'expression.

Dès que l'État ne représente pluscette volonté générale, le contrat est rompu, et l'État devient illégitime. « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toutela force commune la personne et les biens de chaque associé etpar laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant» (Rousseau) Le Contrat Social propose une solution à ce difficile problème : Le souverain c'est l'ensemble des membres de lasociété.

Chaque homme est donc à la fois législateur et sujet : il obéit à la loi qu'il a lui-même établie.

Celasuppose l'existence d'une volonté générale distincte de la somme des volontés particulières.

Chaque homme acomme individu une volonté particulière qui le conduit à vouloir son intérêt particulier et qui en ce sens leconduit à s'opposer aux autres ; mais il a aussi comme citoyen une volonté générale qui lui fait vouloir le biende l'ensemble dont il est membre.

Il appartient à l'éducation de former cette volonté générale et Rousseaudéveloppera ce thème dans son projet de gouvernement pour la Pologne.

« C'est l'éducation qui doit donneraux âmes la force nationale et diriger tellement leurs opinions et leurs goûts qu'elles soient patriotes par. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles