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Peut-on se passer de dogmes ?

Publié le 22/02/2004

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L'adjectif possessif « ses » est ici un élément de relativisation, au regard duquel on soulignera l'exigence d'objectivité qui est évoquée dans l'expression « agir conformément à la raison ». Avoir ses raisons, c'est donc avoir ses motifs personnels, qui peuvent coïncider, ou non, avec des raisons « objectives » (relevant de la raison), mais ne sont pas a priori acceptables comme tels. Être raisonnable, c'est penser et/ou agir conformément aux exigences de la raison, celle-ci étant dotée d'un minimum d'existence objective en tant que faculté de distinguer le vrai et le faux, ou idéal de rationalité dans la conduite de la pensée et de l'action. Dire que l'on a « ses raisons » est donc très équivoque ; on peut toujours s'illusionner sur ses propres motifs, et leur conférer une valeur d'objectivité qu'ils n'ont pas effectivement. Le sentiment d'« avoir raison », tout simplement, se substitue à la conscience des raisons que l'on peut avoir, et l'intolérance n'est pas loin si l'on confond les deux. On peut aussi avoir de « bonnes raisons », ou de « mauvaises raisons », de faire ceci ou cela. Les premières seront appréciées par rapport à une exigence de vérité et d'authenticité, auxquelles les secondes ne satisfont pas. Les dogmes religieux sont nécessaires Les hommes ne peuvent se passer de dogmes, pas plus qu'ils ne peuvent se passer de religion. C'est là un besoin irrationnel, affectif, spirituel, aussi inhérent à la nature humaine que le besoin de connaissance. Le dogme de la divinité du Christ est nécessaire au chrétien pour donner un sens à sa vie et au monde.

« indémontrables.

Sans le dogme de la lutte des classes, il ne reste plus rien du marxisme.

Sans celui ducomplexe d'oedipe, la psychanalyse s'effondre.

Toute théorie repose sur des postulats qui valent commedogmes. Il n'y a pas de vérité définitivene autre acception du mot dogmatisme est la croyance selon laquelle l'esprit est capable d'atteindre desvérités certaines.

Dans ce sens, il s'oppose au scepticisme.

Or, les sceptiques soutiennent que l'on ne peutétablir aucune vérité définitive.

Et la science semble leur donner raison.

Considérons par exemple les postulatseuclidiens qui jouèrent si longtemps le rôle d'un absolu dans la pensée géométrique.

Selon Kant ilsappartiennent encore à la structure intime de l'esprit humain, qui porte en lui universellement etnécessairement la « forme a priori » de l'espace.

Mais les travaux de Reimann et de Lobatchewski ont montréqu'on peut construire une géométrie cohérente tout en modifiant le postulat euclidien des parallèles.

Reimannréussit à construire un système dans lequel, par un point pris hors d'une droite, on ne peut construire aucuneparallèle à une droite tandis que Lobatchewski admet, axiomatiquement, la construction d'une infinité deparallèles.

Dans la première de ces géométries la somme des angles d'un triangle est supérieure, dans laseconde inférieure à deux droits.

On s'avise alors que l' « absolu » indémontrable d'où part Euclide n'est qu'uneconvention parmi d'autres possibles, une « définition déguisée ».

La géométrie d'Euclide décrit le cas trèsparticulier d'un espace à « courbure nulle » tandis que Reimann construit un espace à « courbure positive » etLobatchewski un espace à « courbure négative ».

L'esprit mathématique moderne opère donc une révolutionradicale dans l'idée traditionnelle de l'axiome ou du postulat.

Ces premiers principes ne sont ni vrais ni faux ;ce sont des conventions et on n'a plus à se préoccuper de leur essence, de leur nature.

Ils ont revêtu unesignification fonctionnelle, ce sont simplement des règles opératoires.La physique de la « relativité » a opéré dans la pensée scientifique une mutation du même ordre.

Le dispositifexpérimental de Michelson et Morley destiné à mettre en évidence le mouvement de la Terre par rapport àl'espace absolu de référence, à l'éther, et qui était assez précis pour accuser une vitesse de déplacement dela Terre dix fois plus petite que celle qu'elle a en réalité, n'a jamais révélé la moindre différence de vitesseentre deux rayons lumineux, l'un émis dans le sens du mouvement de la Terre, l'autre en sens inverse ; d'où lanécessité de réinterpréter l'ensemble de la Mécanique, et de modifier de fond en comble l'esprit de la sciencenewtonienne. [L'esprit ne peut pas se passer de dogmes, c'est-à-dire de vérités tenues pour certaines et définitives.

L'esprit ne peut se passer de certitudes et de véritésdéfinitives.

Certaines vérités, en particulier morales, ne sauraient être remises en question.

Par ailleurs, les dogmes religieux sont nécessaires au croyant.] La connaissance repose sur des dogmes,Sans vérités définitives, il n'y aurait pas de connaissance possible.

Descartes, par exemple, fonde laconnaissance sur une certitude qui ne peut être prouvée: je pense donc je suis.

De même, lesmathématiques, la logique sont fondées sur des axiomes indémontrables, comme le principe de non-contradiction: une chose ne peut être à la fois elle-même et son contraire.

Parmi les principes de la raison, on peut distinguer les principes logiques et les principes rationnels.

Leslogiques sont ceux qui commandent la mise en oeuvre de tout raisonnement déductif.

La pensée discursive aune cohérence interne, elle chemine, elle se déplace selon un ordre logique.

Les principes rationnels sont desprincipes d'intelligibilité du réel. Tous les raisonnements (ou du moins ceux d'entre eux qui sont reconnus logiquement valables) s'appuient surdes principes, qui, selon une célèbre formule de Leibniz , « sont nécessaires comme les muscles et les tendons le sont pour marcher quoiqu'on n'y pense point ». Ces principes ne figurent jamais explicitement dans nos raisonnements mais ils sous-tendent toutes les démarches. 1.

Les principes logiques. a) Le principe d'identité. C'est d'abord le principe d'identité qui est à tel point fondamental et nécessaire (sans lui aucune pensée neserait possible) que son énoncé déconcerte toujours un peu (tant il paraît aller de soi) : « Ce qui est, est ; A est A ».

Par exemple, lorsque le géomètre a défini le triangle et qu'il entreprend de déduire toutes les propriétés des triangles, il va de soi qu'il prend toujours le concept de triangle au sens où il l'a défini.

Le sensde ce concept reste identique dans tous les moments du raisonnement.

Sans cela notre pensée serait tout àfait incohérente.. »

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