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Est-il possible de s'affranchir de toute conscience morale ?

Publié le 07/03/2005

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conscience

L’homme est un être moral, en tant qu’il ordonne ses actions à un calcul délibératif ordonné au principe du bien. Ainsi, l’enfant qui va à l’école, le citoyen qui vote, l’homme charitable qui fait l’aumône, le font en vertu d’une conscience morale qui les invite à se conduire selon la justice du bien, qu’il soit bien individuel, bien collectif ou bien d’autrui. Néanmoins, certains enfants font l’école buissonnière, leurs parents ne vont pas toujours voter, et chacun d’entre nous passe souvent devant un mendiant sans lui jeter un regard. Cela signifie-t-il que l’on puisse s’affranchir de toute conscience morale ? Agir sans considération morale, est-ce en être totalement dénué ?

  • 1ère partie : La morale est un artifice dont on peut s’affranchir (= on peut s’affranchir de la morale établie).

  • 2ème partie : L’homme agit toujours selon une morale, quelle qu’elle soit (= on ne peut s’affranchir de toute morale).

  • 3ème partie : La conscience morale est inhérente à la nature libre de la condition humaine. (= il est impossible de s’affranchir de toute conscience morale).

 

conscience

« nécessairement sa morale.

Être immoral (contre la morale), comme le prescrit Nietzsche, n'est pas être amoral(dénué de morale).

En définitive, l'homme obéit toujours à une certaine conscience morale, car en il est un êtred'action et de raison, doué d'une conscience réflexive qui ne permet pas qu'il ne réfléchisse sur ses actes.

L'hommeconscient cherche toujours à justifier ses actions, pour lui-même comme pour autrui, et doit donc se constituer unemorale comme référent. - Ainsi on constate que chaque individu agit naturellement selon ce qu'il juge être bon, et donc suit toujours unemorale quand bien même elle lui serait propre.

En effet, il y a une pluralité de morales au sein d'une même société :morale religieuse, politique, idéologique, corporatiste, etc.

La morale semble donc personnelle à chacun, etcorrespondre à une sensibilité individuelle, une conscience personnelle propre à chaque individu. - Si la morale prétend ériger les critères du bien, il s'ensuit que le bien n'est pas identique pour chacun.

Chaqueindividu a ses préférences, ses priorités, sa sensibilité propre, et c'est sur cette base personnelle qu'il se construitune morale particulière.

Aristote, dans l'Ethique à Nicomaque (livre I, chap.

1), relève cette difficulté : tout le monde recherche le bien, et cela, personne ne le conteste, mais néanmoins, personne ne s'accorde pour dire cequ'est le bien.

Si la morale vise le bien, en revanche, le bien n'est pas unique, mais différent pour chaque individu.Certains recherchent une vie de plaisirs et se règlent sur un principe de jouissance, d'autres visent les honneurs etse portent vers la politique, d'autres encore voit le bien dans la sagesse et optent pour une vie contemplative.

Ils'ensuit que chacun a sa propre morale qu'il juge la meilleure, car c'est ainsi que chacun s'estime le plus heureux.

Onpeut donc s'affranchir d'une certaine morale à laquelle on choisit de ne pas adhérer, mais c'est toujours pour seranger sous l'ordre d'une autre morale. Cette conception particulière de la morale s'inscrit dans une vision eudémoniste, qui associe la morale au bonheur.La morale, si elle a pour but de nous conduire au bonheur, doit alors satisfaire les intérêts de chacun.

Mais ne peut-on pas s'affranchir de toute morale, dès lors que l'on s'affranchit de la morale eudémoniste ? L'homme peut-il ne pasrechercher le bonheur ? 3ème partie : La conscience morale est inhérente à la nature libre de la condition humaine.

(= il est impossible de s'affranchir de toute conscience morale ). - Si la conscience morale réside dans la volonté de l'homme, il faut comprendre que l'homme est nécessairementmoral en tant qu'être libre.

Parce qu'il est libre, l'homme est donc responsable de ses actes.

Son action n'estimputable qu'à lui-même, et il se doit par conséquent de réfléchir sur les conséquence des ses actes, et d'ordonnerson action à un principe moral, à des règles de conduite qui lui garantissent qu'il ne fera de tord à autrui, car sinon ilserait condamné.

C'est en tant que l'action est libre et intentionnelle qu'elle peut être jugée moralement.

« L'hommeest condamné à être libre », écrit J-P Sartre dans L'existentialisme est un humanisme , ce qui signifie bel et bien que par cette liberté essentielle, il ne peut s'affranchir de conscience morale, car il est responsable de ce qu'il choisit defaire de sa liberté.

L'homme n'est pas déterminé par autre chose que par sa volonté, et sa conscience morale vientalors l'aider à s'orienter, en tant que réflexion et délibération sur la portée de son action.

La conscience est avanttout réflexive, elle est jugement introspectif de soi-même, et la morale qui s'y adjoint n'est autre chose quel'évaluation des actes considérés. - La morale, si elle est contraignante, est cependant nécessaire aux hommes.

La morale est ce qui permet àl'homme de se conduire en tant qu'homme.

L'homme sans morale n'est pas libre, puisqu'il est en dessous de lacondition humaine, soumis comme les animaux aux aléas de la nature, sans aucune règle de conduite.

Descartes,dans la 3 ème partie du Discours de la méthode , compare l'homme sans morale à un homme « sans logis », et explique la nécessité pour l'homme de se constituer une morale.

La morale pour Descartes est indispensable pourpouvoir régler sa vie, s'orienter dans la conduite pratique, et servir de référence.

Sans morale, l'homme est commeun voyageur égaré dans une forêt de nuit.

Sa liberté n'est donc que relative, puisqu'il n'a aucune méthode pour s'ensortir.

A l'inverse, la conscience morale donne une ligne de conduite, elle est outil indispensable à l'homme. - Pour Kant, si l'action morale doit être accomplie par devoir, donc semble contraignante, en réalité l'homme moralobéit à sa propre volonté législatrice, une volonté bonne qui lui est naturelle.

Le devoir moral apparaît donc comme« nécessaire » à l'homme, et il n'est donc pas une contrainte mais une donnée humaine.

Kant explique dans laFondation de la métaphysique des mœurs que le sens commun a par lui-même la connaissance de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire ; n'importe qui est capable de se demander quelles conséquences s'ensuivraient sitous agissaient comme lui, par exemple si tout le monde mentait.

La morale n'est donc pas une science, un artificecréé par l'homme, mais est naturelle à l'homme.

L'homme ne peut donc pas s'affranchir de sa conscience morale, ellelui est consubstantielle, inhérente et naturelle. Conclusion : Il est possible de s'affranchir de la conscience morale établie, en décidant de ne pas respecter la morale en vigueurau sein de notre société, qu'elle soit religieuse ou culturelle.

On peut, à l'instar de Nietzsche refuser les valeursinstituées et exacerber sa volonté de puissance en dépit de toute considération pour autrui.

L'homme ainsiaffranchit est un homme sans scrupules.

Mais s'il est possible d'être immorale, en réalité on ne s'écarte d'une moraleque pour se rallier à une autre.

L'homme ne saurait être « sans logis », dénué de toute conscience morale, il estcomme perdu dans la forêt sans boussole.

La conscience morale est intrinsèque à l'homme, elle est ce qui guide sesactions.

Si chacun n'a pas nécessairement la même conscience morale, il est impossible d'être affranchit de touteconscience morale pour autant.

Plus encore, il semble que la conscience morale soit ce qui fait d'un homme un. »

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