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Quels sont les obstacles à la communication entre les hommes ?

Publié le 20/01/2004

Extrait du document

C'est là un des aspects du sujet à développer si l'on veut éviter (troisième écueil) de tomber dans un catalogue des obstacles.Néanmoins, ces derniers doivent être évoqués, en particulier parce qu'ils ne consistent pas uniquement en « bruits » qui parasiteraient la transmission (et donc la compréhension) d'un message. Les ambiguïtés du langage, si elles ont leur importance (comme les malentendus), ne suffisent pas à tout expliquer. Il y a des obstacles qui sont dans la tête des interlocuteurs. La disparité des intérêts et des croyances joue un grand rôle dans les échecs de la communication. Analyser ce type d'obstacle nous place sur le terrain de la psychologie sociale, voire de la psychologie cognitive.Évidemment, ces obstacles cognitifs ne tombent pas du ciel et sont liés à des formes d'apprentissage, à des institutions, etc. Les relations de pouvoir, d'autorité, jouent aussi un rôle. C'est là plus spécialement le terrain du sociologue. Sur le fond, celui de la philosophie est ici de mettre en perspective ces différentes contributions et de rappeler que si obstacles à la communication il y a, c'est que cette dernière est a priori possible.

« notion de raison qui est mise en cause.

Autrement dit, impressionnés par l'importance et le nombre d'obstacles à lacommunication, nous en venons à penser que celle-ci est, malgré certaines apparences, a priori impossible et quedes hommes issus de cultures différentes vivent dans des univers mentaux foncièrement différents.

Mais cettedernière hypothèse est-elle viable?Notez la longueur de l'introduction : elle se justifie par le souci d'évoquer d'entrée de jeu certains aspects du sujet,triviaux mais peu évitables, pour ne plus avoir à y revenir.

La progression doit aller du plus au moins trivial.

On gardele meilleur pour la fin. 1.

Le langage qui rapproche et qui éloigne La langue, principe de rapprochement et de division Bien évidemment, lorsque nous disons que deux sujets ne communiquent pas, nous ne signifions pas, dans la plupartdes cas, que les intéressés n'échangent pas le moindre mot.

Nous voulons dire en général qu'ils ne se disent pas cequ'ils devraient se dire.

Il y a des non-dits qui témoignent d'une complicité, ou encore du fait que les locuteurss'entendent à demi-mot : «entre eux, les choses vont sans dire», observe-t-on.

Il en est d'autres qui suggèrent aucontraire que les sujets ne parviennent pas à trouver les moyens de se faire entendre.

Les raisons peuvent être detous ordres.

La première à venir à l'esprit est que les locuteurs ne possèdent simplement pas les moyensd'expression appropriés.

Pour cette raison, les questionnaires en sociologie ou en psychologie sociale impliquentsouvent d'aider celui qu'on interroge en lui proposant, pour ce qu'il essaie de dire, des formulations avec lesquelles ils'accorde mais qu'il n'aurait pas trouvées par lui-même.

Mais il est une autre explication qui tient à l'articulationentre emploi du langage et structure sociale.Une des idées défendues par le sociologue Pierre Bourdieu dans son ouvrage Ce que parler veut dire est que cequ'on appelle une langue est en vérité un produit historique normalisé, résultant d'un travail de codification etd'unification.

L'édification de la linguistique comme discipline dotée d'un objet autonome a eu pour effet, à l'encroire, d'occulter ce travail historique, forcément diachronique*, par l'adoption d'une approche synchronique.

Ducoup, on perd de vue que ce qu'on appelle la langue est en vérité la langue officielle, laquelle a partie liée avec unÉtat, des institutions (école, académies) qui en assurent la codification et la transmission. La distinction linguistique La conséquence que Bourdieu tire de cette observation est que tous les produits linguistiques n'ont pas la mêmevaleur, compte tenu de ce que la norme linguistique (ou la langue officielle) impose comme étant la manière correctede parler, et d'autant plus si la situation de parole est publique, officielle.

Par conséquent, les locuteurs ayantl'accès le moins aisé à la langue ont toutes les chances d'être intimidés, de commettre des maladresses et, au final,d'être moins écoutés par un auditeur exigeant en matière de correction linguistique.

Certaines situations socialespeuvent ainsi provoquer le mutisme par un effet, voulu ou non, d'intimidation.

Bourdieu note sur ce point :«La compétence suffisante pour produire des phrases susceptibles d'être comprises peut être tout à fait insuffisantepour produire des phrases susceptibles d'être écoutées [...].

L'acceptabilité sociale ne se réduit pas à la seulegrammaticalité.

Les locuteurs dépourvus de la compétence légitime se trouvent exclus en fait des univers sociaux oùelle est exigée, ou condamnés au silence» (p.

42).Le point intéressant est que les obstacles à la communication ne tiennent pas à ce que deux idiomes se trouvent enprésence et que la traduction de l'un dans l'autre soulève des difficultés.

Ils tiennent à ce que dans l'emploi d'une«même» langue on décèle des différences d'appropriation qui sont autant d'obstacles potentiels.

La manière deparler contribue en effet à dessiner l'identité sociale de l'interlocuteur et induit qu'un ensemble de sujets ne serontpas abordés avec lui : il est des questions qu'on n'aborde pas avec quelqu'un qui n'appartient pas au même universsocial que soi.

Au bilan, la pratique d'une même langue ne lève sûrement pas tous les obstacles à la communicationentre ses locuteurs, elle en crée même certains dans la mesure où la disparité d'accès aux moyens d'expressionqu'elle offre apparaît comme un phénomène sociolinguistique de base. 2.

La disparité des intérêts La communication et la règle implicite La phrase de transition est située au début de la partie suivante.

Elle sert ici à passer du registre linguistique (ousociolinguistique) au registre psychologique, avec la notion d'intérêt.Mais il se peut aussi que certaines choses restent non dites parce que l'un des protagonistes n'a pas intérêt à ceque certaines choses soient dites, publiées, manifestées.

C'est précisément cet arrière-plan informulé qui vientbrusquement au premier plan lorsque éclate par exemple une crise domestique.

Tout un ensemble de choses jusque-là réprimées sont alors exprimées.

Comme l'ont remarqué certains théoriciens de la communica tion, c'est comme si la règle implicite sur laquelle reposaient jusqu'alors les échanges entre les agents était remise en question.

Lepsychiatre américain Don D.

Jackson remarque que :«Des couples [...], qui au temps de la "cour" peuvent s'engager dans des jeux de comportement d'une extraordinairediversité, parviennent toujours au bout d'un certain temps à une sérieuse économie concernant les sujets dont onpeut discuter, et comment on doit en discuter.

Ils semblent donc [...] avoir d'un commun accord exclu de largessecteurs de comportement de leur répertoire d'interaction et décidé de ne plus jamais ergoter à leur sujet...

» (Unelogique de la communication, p.

134).Jackson appelle précisément «règle de la relation» cette stabilisation dans la définition de la relation.

Examinant lesinteractions au sein des familles, il a aussi parlé à ce sujet d'«homéostasie» (état stable) familiale.

Bien entendu,. »

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