Devoir de Philosophie

A quoi sert la raison ?

Publié le 17/02/2004

Extrait du document

La raison ne serait pas un choix individuel, rendu possible par une faculté de la nature humaine, mais une aventure collective, un événement culturel fondateur de l'histoire occidentale.

C. La raison comme symptôme (Nietzsche)

Calculer, prévoir, raisonner... autant d'attitudes rationnelles qui ont en commun une même préoccupation du futur : au lieu de jouir du présent, l'homme rationnel vit dans un permanent souci d'un avenir à maîtriser, au moins intellectuellement. L'émergence de la raison n'est-elle pas l'envers d'une incapacité à vivre la vie telle qu'elle se présente ? La prudence n'est-elle pas une fuite devant la spontanéité de la vie ?

HTML clipboardL'utilité de la raison ne paraît pas problématique. Dans des domaines très variés (mathématiques, philosophie, technique), elle permet, par ses calculs, l'exactitude de la pensée et l'efficacité de l'action. Plus que n'importe quel outil matériel, elle semble être le moyen le plus indispensable à l'humanité civilisée. On peut toutefois s'interroger sur la maîtrise que nous promet l'exercice de son pouvoir. N'est-il pas illusoire de croire que par sa raison, l'homme peut contrôler aussi bien ses pensées que le monde ou la nature ? La raison sert, indéniablement ; mais n'a-t-elle pas aussi comme effet d'entretenir de faux espoirs, voire d'alimenter un mythe sur son rôle et sa place dans la condition humaine ? A quoi sert la raison ?

« commune et la confiance entre les hommes.

Un individu rationnel est en effet plus prévisible que celui qui se laisseguider par l'impulsion.

Il est aussi plus convaincant : la raison permet une entente durable, fondée sur des motifsobjectifs (des raisons) et non sur des mobiles affectifs toujours fluctuants.Que pouvons-nous retenir de la raison en général à partir de l'examen de ces différents usages ? 2.

Les illusions de la raison A.

La raison comme projet de maîtriseDans le domaine de la pensée ou dans celui de l'action, la raison se présente donc comme un pouvoir visant unecertaine fin (la non-contradiction de la pensée, la réalisation d'une action ou d'un effet).

La raison n'est donc pastant un fait (une faculté) qu'un projet, voire un pari : celui d'un contrôle de la pensée par elle-même et au-delà,d'une maîtrise de l'action et de la nature. B.

Critique de l'idée d'un pouvoir rationnelLoin d'être un pouvoir à la libre disposition de la volonté humaine, la raison n'est-elle pas une manière, un style depensée qui s'est imposé aux hommes d'une certaine civilisation alors que d'autres modes de pensée (jugésirrationnels) se sont imposés en d'autres cultures ? La raison ne serait pas un choix individuel, rendu possible parune faculté de la nature humaine, mais une aventure collective, un événement culturel fondateur de l'histoireoccidentale. C.

La raison comme symptômeCalculer, prévoir, raisonner...

autant d'attitudes rationnelles qui ont en commun une même préoccupation du futur :au lieu de jouir du présent, l'homme rationnel vit dans un permanent souci d'un avenir à maîtriser, au moinsintellectuellement.

L'émergence de la raison n'est-elle pas l'envers d'une incapacité à vivre la vie telle qu'elle seprésente ? La prudence n'est-elle pas une fuite devant la spontanéité de la vie ? 3.

Que le bon usage de la raison est de se critiquer elle-même A.

La raison comme pouvoir critiqueSi la raison est porteuse d'illusions, si elle consiste en un rêve de maîtrise, il faut néanmoins lui reconnaître lepouvoir de se mettre elle-même en question, de s'examiner de manière critique et d'établir les limites de son usagelégitime.

La pratique de la raison paraît conduire d'elle-même à la dénonciation des ambitions démesurées qu'ellepeut faire naître ou accompagner. B.

Un exemple : le pluralisme des raisons mathématiquesLa raison mathématicienne s'est longtemps crue une et universelle.

L'ordre et l'intelligibilité du savoir mathématiquene faisaient alors que refléter l'ordre et l'harmonie du monde lui-même, eux-mêmes créés par un Dieu géomètre.

Pourtant l'invention au XIXe siècle de géométries nouvelles, concurrentes entre elles, aconsidérablement ébranlé la conviction en une vérité mathématique unique (celle qui, en géométrie, avait été établiedans ses principes par Euclide au iiie siècle avant notre ère).

La raison mathématique s'est donc découverte plurielle: ce qu'elle démontre n'est nécessaire qu'à la condition d'admettre les principes (axiomes) dont la démonstration estpartie.

Entre ces principes, la raison est incapable d'en départager de plus vrais que d'autres.

Ce sont tous, enréalité, des hypothèses. Conclusion Ce que la raison contrôle, elle ne le maîtrise que partiellement ou relativement ; et surtout, la raison ne se contrôlepas elle-même.

Néanmoins, toutes ces limites du prétendu pouvoir de la raison, c'est la raison qui, par son proprediscours, est en mesure de les établir.

À quoi sert la raison ? Aussi et surtout à se critiquer elle-même.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles