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La démocratie est-elle l'affaire de tous ?

Publié le 12/01/2004

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On en arrive alors à la seconde notion importante de la citation : la notion de publicité. Elle n'est pas à prendre dans son sens courant de communication sur les mérites d'un produit dans le but de le vendre mieux, mais dans un sens plus large : elle désigne en effet le caractère public, accessible à tous, d'une chose (par opposition à caractère privé, personnel, caché). On parlera ainsi de la publicité d'une décision politique lorsque le pouvoir décide de faire connaître à tous les citoyens cette décision. Il s'agit ici de lier l'idée d'une protection contre l'arbitraire à la notion de publicité, en montrant en quoi la citation de Benjamin Constant se justifie, puis en la remettant en cause en réévaluant les notions qu'elle contient ou la manière dont celles-ci sont articulées : Les citoyens doivent-ils tout savoir sur l'exercice du pouvoir ? Ou doit-on considérer qu'il est mieux qu'un pouvoir cache certaines choses ? (on pourra se référer au récent débat sur la publicité ou la non publicité de l'état de santé de J. Chirac, ou interroger les notions de « secret d'Etat », de « secret défense ») Dans ce second cas, comment prémunir les citoyens contre l'arbitraire ? On pourrait envisager une démocratie totale, dans laquelle chaque citoyen aurait part au pouvoir et n'y serait donc jamais complètement soumis, ou des instances de contrôle sur le pouvoir, pour garantir à la fois le fonctionnement du pouvoir et l'absence de tout arbitraire dans son exercice... b) Et derrière l'idée de pouvoir, il y a l'idée de capacité, mais plus modestement aussi, l'idée de potentialité. Si en droit tout citoyen est potentiellement à même d'exercer le pouvoir, rien n'assure qu'il en ait la capacité.

« De plus, il y a fort à parier que les lois seront justes, puisque ceux qui les font doivent les subir ; chaque membre de l'Etat est à la fois et législateur et sujet.

Son propre intérêt lui commandedonc de faire des lois judicieuses, puisqu'il en subira les conséquences.

Ainsi, l'égoïsme naturel se voit servir l'intérêtcommun.On comprend alors la fort belle formule de Rousseau : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.

» Laliberté n'est pas le caprice, mais le respect des lois que l'on se donne à soi-même et qui nous préservent de subir lecaprice d'autrui. On oppose communément la liberté à la loi.

Se soumettre à la loi, ce serait ne pas ou ne plus être libre.

Mais n'obéirà aucune loi, serait-ce être libre ? Mais il faut s'entendre sur le terme liberté et sur le terme loi..Il y a un premier sens du mot libre qui est négatif : être libre c'est ne pas être empêché de faire ce qu'on a envie defaire.

On emploie le terme libre dans ce sens à propos des choses comme à propos des hommes : retirer d'un cheminles arbres qui font obstruction, c'est libérer le passage, ne pas retenir un oiseau dans sa cage, c'est le laisser librede s'envoler, ne pas empêcher quelqu'un de s'étendre sur le gazon d'un jardin public, c'est le laisser libre de le faire.Toute loi comporte des interdictions.

Dès lors toute loi réfrène la liberté, prise en ce sens négatif.

C'est le seul sensque Hobbes donne au mot liberté.

Selon Hobbes, dans l'état de nature, chacun est empêché à tout moment, dansses mouvements et ses entreprises, par autrui qui est virtuellement son ennemi.

Mais les lois d'un Etat - institué envue justement de mettre fin à cet état de guerre qu'est l'état de nature - empêchent les individus de se nuire lesuns aux autres.L'autre sens du mot liberté n'est réservé qu'à l'homme, et caractérise ce que Kant appelle l'autonomie : obéir, à la loidont on est, en tant qu'être raisonnable, l'auteur, ou encore, obéir à sa propre raison.

Obéir à sa raison, c'est êtrepleinement responsable de sa conduite.

Etre libre, c'est s'obliger soi-même à une conduite raisonnable, s'interdirecertains débordements, en un mot c'est obéir à la loi qu'on s'est prescrite.La loi peut s'entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique.

Autrement dit, les obligationsauxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu'on subit bon gré malgré une contrainte) sont morales,ou bien civiques.

C'est dans ce sens-ci d'obligation civique que Rousseau l'entend d'abord.

Rousseau dans le ContratSocial jette les bases d'un Etat dont les lois constituent des obligations et non des contraintes : car c'est le peuplesouverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité) qui décide des lois.

Ainsi chacund'entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu'il se soumet aux lois dont il est l'auteur, en tant que membrede la volonté générale. L'obéissance au seulappétit est esclavage etl'obéissance à la loi qu'ons'est prescrite est liberté.(Du Contrat Social) La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs.

Ellen'est pas dans l'absence de contraintes mais dansle libre choix des contraintes que l'on se donne àsoi-même.

On peut appliquer cette idée au peuple.Un peuple libre est celui qui se donne à lui-mêmeses propres lois, ce qui définit la démocratie. II - Démocratie d'expérience Pourtant on pourrait se demander si la fidélité à la raison ne témoigne pas d'un oubli de l'expérience, car sous lesconcepts qu'elle forge, il y a des individus qui vivent, et il n'est pas certains qu'ils vivent conformément à leurconcept.a) Derrière le mot peuple, Benjamin Constant ne voit pas un corps de citoyens dont les activités seraientessentiellement tournées vers la vie publique, mais une somme d'individus avant tout soucieux de leurs intérêtsprivés. Benjamin Constant a dit : « L'unique garantie des citoyens contre l'arbitraire, c'est la publicité.

» Expliquez etcritiquez cette citation. Deux termes en particulier sont à définir très précisément : Arbitraire : on se trouve ici dans un cadre politique (il est question de « citoyens »), c'est donc de la bonneorganisation de la communauté politique (et de l'exercice du pouvoir qui l'accompagne) qu'il est question ici.

Dans cecadre, l'arbitraire est justement celui du pouvoir : arbitraire du roi, du dirigeant, de l'assemblée, bref, de touteinstance qui exerce un pouvoir public.

Il correspond à une manière privée, fondée sur un jugement ou despréférences personnelles, d'exercer le pouvoir, alors que l'organisation politique suppose que les prises et lescontenus des décisions soient publics. On en arrive alors à la seconde notion importante de la citation : la notion de publicité.

Elle n'est pas à prendre dansson sens courant de communication sur les mérites d'un produit dans le but de le vendre mieux, mais dans un sensplus large : elle désigne en effet le caractère public, accessible à tous, d'une chose (par opposition à caractèreprivé, personnel, caché).

On parlera ainsi de la publicité d'une décision politique lorsque le pouvoir décide de faireconnaître à tous les citoyens cette décision. Il s'agit ici de lier l'idée d'une protection contre l'arbitraire à la notion de publicité, en montrant en quoi la citation deBenjamin Constant se justifie, puis en la remettant en cause en réévaluant les notions qu'elle contient ou la manièredont celles-ci sont articulées :. »

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