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Spinoza: Les illusions de l'homme

Publié le 05/01/2004

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spinoza

« 2.

L'étendue et la pensée A.

Les attributs de Dieu La Substance, Dieu ou la nature, se manifeste sous une infinité d'« attributs », qui sont ses manières d'être.

Nousn'en connaissons que deux : l'étendue (la matière) et la pensée.

Ce ne sont pas deux substances différentes, séparées, mais deux expressions distinctes d'une même substance.

Ily a un parfait parallélisme entre les deux, fondé sur une unité fondamentale ; l'un n'agit pas sur l'autre, mais tout cequi se passe dans l'un a son correspondant dans l'autre.

Expliquons cela. B.

L'âme et le corps Comme « partie » de la Substance, l'homme peut être considéré doublement : du point de vue de l'étendue, il estun corps ; du point de vue de la pensée, il est une âme.

L'âme, comme mute partie de la pensée, est une idée,l'idée de quelque chose d'étendu, ici l'idée du corps.

Tout ce qui arrive dans le corps a son correspondant dans l'âme: ainsi un certain état matériel de l'estomac se traduit, s'exprime dans la pensée comme sentiment de faim.

Ce nesont pas deux choses différentes, mais deux expressions d'un même état.

L'énigme cartésienne de l'union de l'âme et du corps est ainsi « résolue ».

Âme et corps ne sont pas deuxsubstances incommunicables, mais une même réalité – l'homme – vue de deux points de vue différents.

Tout état del'homme est simultanément mouvement dans le corps et idée dans l'âme.

Il n'y a pas d'action réciproque âme-corps,mais action d'un seul être qui est âme et corps. C.

Les genres de connaissance Pour l'âme il y a trois manières de connaître les choses : l'opinion, le raisonnement, l'intuition.

À la source du premier genre de connaissance, il y a d'abord l'ouï-dire, par quoi nous « connaissons » par exemplenotre date de naissance, sans vraie certitude.

Puis vient la connaissance sensible, ou par l'imagination*.

Par ellenous ne saisissons que des faits, sans connaître leur cause.

Puisque nous atteignons les faits par l'intermédiaire des modifications de notre corps, au hasard de ses rencontres,l'expérience sensible nous en apprend autant, sinon plus, sur l'état de notre corps que sur l'essence des choseselles-mêmes.

Cette connaissance est relative à notre situation, à notre limitation ; elle n'est qu'une accumulation de faits, isolésde leurs raisons.

Ainsi, lorsque nous percevons une chose isolément des raisons qui l'expliquent, hors de l'ordre de lanature, nous en avons une idée inadéquate.

Le deuxième genre de connaissance procède par le raisonnement, qui est la connaissance des choses par leurcause : je connais réellement ce qu'est le cercle lorsque je sais qu'il est la figure engendrée par la rotation del'extrémité d'un segment autour de l'autre extrémité.

Lorsqu'une chose est ainsi connue par sa cause réelle, et que l'on peut se la rendre intelligible par la seule force dela pensée, sans la recevoir de l'extérieur comme un fait brut, inexpliqué, relatif à notre point de vue limité, on ditque l'on en a une idée adéquate.

On connaît alors les choses comme Dieu les connaît, absolument.Le troisième genre est l'intuition immédiate, sans la médiation d'un raisonnement.

On saisit la chose en elle-même,dans son lien direct avec Dieu, qui la produit. D.

L'erreur et l'illusion L'idée vraie est à elle-même son propre signe.

Son évidence suffit à nous la faire connaître comme vraie.

Et seulela vérité donne une pleine et entière certitude.

Mais d'où vient l'erreur par quoi nous tenons pour vrai ce qui ne l'estpas ?La théorie spinoziste de l'erreur s'oppose à celle de Descartes.

Le jugement n'est pas le fait de deux facultésindépendantes, la volonté venant donner librement son assentiment à ce que lui proposerait l'entendement.

Non,c'est l'idée elle-même qui s'affirme en nous, à proportion de sa clarté : l'erreur n'est pas une faute de la volonté,mais une simple imperfection de l'idée.

Si j'affirme que le soleil est grand comme une assiette, où est l'erreur ? Non pas dans l'idée que j'ai, mais dansl'absence de l'idée de la vraie distance.

Il n'y a rien de positif dans l'erreur.

C'est une simple privation.

En effet, quele soleil apparaisse, depuis la terre, et pour nous, grand comme une assiette, cela est vrai, et explicable par les loisde l'optique et de la physiologie.

L'erreur consiste seulement à prendre cette idée, qui a quelque chose de vrai, pourcelle de la vraie distance.

L'apparence n'est pas fausse en soi, mais partielle ; il faut l'interpréter.

Notons qu'une fois acquise l'idée de la vraie distance, l'erreur se dissipera, mais l'apparence subsistera.

C'est ce quidistingue l'illusion' de l'erreur : quand bien même on n'en est plus la victime, elle demeure ; le soleil continuerad'apparaître grand comme une assiette.. »

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