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L'utile, est-ce l'unique lien social ?

Publié le 13/01/2004

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  A partir de ce projet, il faut aussi la volonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse. Enfin il faut mettre en branle une habileté, une force, un talent physique. Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités (imagination, conception, déduction, volonté, habileté, force). Cet investissement fait de l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, et cela confère de la valeur à l'objet et le rend respectable. Si l'objet fabriqué -même mal- par le plus mauvais artisan, vaut mieux que la cellule la plus réussie de l'abeille la plus experte, c'est que, dans le premier, on contemple de l'humain, l'activité humaine objectivée. En ce sens, le travail est humain, et même uniquement humain. Il s'ensuit deux choses. D'abord, par le travail l'homme s'éduque, se forme, s'humanise. Que le travail soit pénible, astreignant, fastidieux, n'y change rien. Face à l'étymologie du terme « travail » (« tripalium » = instrument de torture) ou de la malédiction biblique (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »), les modernes, et surtout Hegel puis Marx, rétorquent que c'est par le travail que l'homme se fait homme, passe d'une activité instinctive à une activité pensée, d'une spontanéité animale à une discipline rationnelle.

« C'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui est animal devient humain, ce qui est humain devient animal ». Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 », encore marqués par l'influence de Hegel , si le travail est principiellement formateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devient aliénante,abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal. Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée du jeune Marx .

Notre auteur n'y est pas encore en possession des principales catégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'est pas parvenu à laformulation qu'il acquerra dans la maturité.

D'une part, Marx s'y montre plus proche d'une réflexion proprement politique, qui passera ensuite au secondplan (ou se verra réélaborée après les analyses économiques du « Capital »). D'autre part, Marx y est encore tributaire d'une lecture essentialiste, moins historienne que par la suite.

C'est ainsi qu'il prétend définir une essence dutravail qui se voit pervertie par les formes modernes de production. Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie de l'esprit » de Hegel , la dialectique du maître & de l'esclave.

Dans ce mouvement, qui fait suite à l'épisode de la lutte àmort pour la reconnaissance, Hegel montre que la libération véritable de l'humanité ne vient pas du maître, qui ne domine que symboliquement le monde, mais de l'esclave.

C'est par la discipline qu'impose le travail que l'homme s'éduque et domine, réellement cette fois, la matière. Si le travail, qui est humain, devient animal, c'est tout d'abord que seul l ‘homme, au sens propre, travaille.

Certes,certains animaux « fabriquent » ; castors, abeilles « construisent ».

Mais cette activité est instinctive, la règle de construction est, si l'on veut, donnée par la nature.

Le travail spécifiquement humain est tout autre.

Comme le ditMarx dans le « Capital » : « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de la construire dans la ruche .

» La perfection de la ruche n'est que la contrepartie d'une activité instinctive, « machinale », non pensée, non voulue. Le travail spécifiquement humain n'émerge que lorsque est en jeu la totalité de nos capacités.

Il faut imaginer etconcevoir ce que l'on va produire.

L'existence de l'objet est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation,quelque chose qui vient bien de l'homme et non de l'instinct, cad de la nature.

A partir de ce projet, il faut aussi lavolonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse.

Enfin il faut mettre en branle unehabileté, une force, un talent physique. Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités (imagination, conception, déduction,volonté, habileté, force).

Cet investissement fait de l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, etcela confère de la valeur à l'objet et le rend respectable.

Si l'objet fabriqué –même mal- par le plus mauvais artisan,vaut mieux que la cellule la plus réussie de l'abeille la plus experte, c'est que, dans le premier, on contemple del'humain, l'activité humaine objectivée.

En ce sens, le travail est humain, et même uniquement humain. Il s'ensuit deux choses.

D'abord, par le travail l'homme s'éduque, se forme, s'humanise.

Que le travail soit pénible,astreignant, fastidieux, n'y change rien.

Face à l'étymologie du terme « travail » (« tripalium » = instrument de torture) ou de la malédiction biblique (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »), les modernes, et surtout Hegel puis Marx , rétorquent que c'est par le travail que l'homme se fait homme, passe d'une activité instinctive à une activité pensée, d'une spontanéité animale à une discipline rationnelle. Mais ce premier point est corrélatif du second.

Le travail humain requiert la discipline et la mise en oeuvre de toutesnos capacités intellectuelles & physiques.

On ne sépare pas ici la conception du travail de son exécution ; l'esprit seforme en même temps que le corps.

Il faudrait ajouter que cette forme d'activité n'est pas séparable de formes desocialisation, du développement du rapport à autrui.

Enfin, et il faut insister sur ce point, l'homme peut être fier deson travail dans la mesure où il est bien le sien, cad un objet produit par ses qualités et qui en quelque sorte lesobjective. A ce que le premier Marx décrit comme une sorte « d'essence » du travail (terme qu'il reniera ensuite, en affinant sa conception de l'histoire, de la technique et des rapports de production), il faut alors opposer les formes modernesde production. Pour comprendre ce que dit Marx , il faut se souvenir que les débuts du capitalisme ont été sauvages ; qu'un théoricien comme Smith écrivait calmement : « Dans les progrès que fait la division du travail, l'occupation de la majeure partie de ceux qui vivent de ce travail,cad de la masse du peuple, se borne à un très petit nombre d'opérations simples [...] Or l'intelligence des hommes. »

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