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La mondialisation (développement et analyse)

Publié le 28/10/2018

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Mais avant même que ces différents traités ne soient signés, des tentatives d'ouverture économique (stratégie alors considérée comme la meilleure garante de la paix) avaient vu le jour à une échelle mondiale.

Si la création d'une Organisation internationale du commerce avait échoué en 1948, l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), avait été signé en 1947 par vingt-trois pays. Malgré son caractère provisoire, le GATT est resté le seul instrument multilatéral régissant le commerce international jusqu'en 1994, année de création de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Tout au long de ses quarante-sept premières années, le GATT a été complété par d'autres accords « multilatéraux » et « plurilatéraux » (c'est-à-dire fondés sur l'adhésion volontaire et non pas automatique de tous ses membres) s'ajoutant à l'accord initial, dans le but de réduire de plus en plus les tarifs douaniers et les autres obstacles au commerce (subventions

notamment). Ces nouveaux accords ont été obtenus grâce à une série de « Rounds » ou cycles de négociations commerciales - huit en tout -le dernier étant le cycle de l'Uruguay (septembre 1986-avril 1994).

Uruguay Round a été le plus conflictuel et le plus novateur dans la mesure où il a élargi le champ de la négociation à des secteurs non couverts jusque-là par le GATT : l'agriculture, le textile et les services. À ce titre, il a mis en évidence le conflit commercial latent entre les États-Unis et l'Europe, notamment à travers la négociation agricole.

 

Le GATT en tant qu'organisation ad hoc n'existe plus depuis la naissance de l'OMC. Mais en tant qu’accord - enrichi pendant près d'un demi-siècle - il perdure toujours, incorporé à l'OMC qui compte actuellement 136 États membres.

 

Si depuis 50 ans, le commerce mondial a été multiplié par 18, la structure par produits et la répartition géographique de ce commerce ont évolué. Alors qu'auparavant les pays industriels échangeaient leurs produits contre des biens qu'ils ne pouvaient ou ne savaient produire (en général produits manufacturés contre produits primaires), on constate aujourd’hui que la plus grande partie des exportations et des importations concerne les mêmes secteurs, la différence se situant principalement au niveau de la spécialisation de ces produits.

En second lieu, le commerce mondial s'est concentré dans trois zones : l'Amérique du Nord, l'Europe de l'Ouest et l'Asie du Sud-Est. Cette tendance a pour conséquence principale d'inciter les entreprises à concentrer leurs investissements dans les marchés où sont établis leurs clients.

C'est ainsi que nombre d'entreprises réalisent une part importante de leur production en dehors de leurs pays d'origine, ce qui accélère la libéralisation des marchés.

UNE TENDANCE PROFONDE ET DURABLE

 

Très répandue et médiatisée depuis quelques années, la notion de « mondialisation » définit les bouleversements économiques que rencontre la planète depuis les années 1950, ainsi que le passage de stratégies économiques locales ou nationales à une dynamique économique internationale et mondiale. Cette tendance, inhérente au système capitaliste, s'est fortement accentuée à la suite du choc des deux conflits mondiaux, de l'effondrement du mur de Berlin et du bloc communiste, et enfin avec l'essor des nouvelles technologies de l'information. Le phénomène de la mondialisation est néanmoins ancien : l'historien Fernand Braudel puis le sociologue Immanuel Wallerstein ont montré que le capitalisme s'est constitué depuis le XVe siècle. Il a ainsi débordé son espace originel dans le cadre d’« économies-mondes » successives, en s'articulant autour d’un centre (une ville ou une capitale telle que Gênes, Amsterdam, Londres...) qui s'est déplacé dans le temps. Mais ce processus a certainement connu une accélération sensible au cours des cinquante dernières années.

 

La mondialisation et la globalisation résultent à la fois d'une conjoncture donnée et d'une logique économique. Elles se sont intensifiées au rythme des stratégies d'ouverture économique menées par les gouvernements et par les entreprises et au rythme des innovations technologiques. L'économie capitaliste a connu une phase d'intense mondialisation entre le milieu du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale, puis des phases de repli dues aux crises et aux deux guerres mondiales. Au cours des cinquante dernières années, de nouveaux bouleversements ont eu lieu et, depuis les années 1990, la mondialisation s'est intensifiée avec la libéralisation sans précédent des mouvements de capitaux.

 

La Seconde Guerre mondiale a considérablement modifié la donne et les conceptions économiques en vigueur. Le protectionnisme de l'entre-deux-guerres a cédé la place à des politiques de libre-échange et d'ouverture dont l'une des formes les plus manifestes est sans aucun doute la mise en place d'un nouveau cadre européen. Dès ses origines, la construction européenne devait être fondée sur l'harmonisation des politiques économiques dans le cadre d'un marché commun.

La première étape fut la création, le 9 mai 1950, et son entrée en vigueur un an plus tard, de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) lors du traité de Paris dans un secteur

particulièrement sensible. En effet, après avoir joué un rôle dans le déclenchement du conflit (l'occupation de la Ruhr dans les années 1920 par les Alliés contribua au succès du nazisme) puis dans le déroulement de la guerre, ce domaine en avait subi les conséquences dévastatrices. Du traité de Rome en 1957 à celui de Maastricht sur l'Union européenne en 1992, sans oublier la déréglementation des marchés financiers et l'entrée en vigueur progressive de l'euro à partir de 1999, l'objectif premier a toujours été de lever les obstacles à la libéralisation des économies nationales.

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« ENJEUX ET BOULEVERSEMENTS FINANCIERS La mondialisation touche aussi, et surtout, par la masse de capitaux engagés, les marchés financiers et monétaires .

En effet, depuis les années 1980, la libre circulation des capitaux (officialisée en Europe en 1990), a entraîné une forte croissance de la mondialisation financière.

La levée de toute restriction sur les mouvements de capitaux dans la plupart des pays et la bais se considérable des coûts des transactions -grâce notamment aux nouvelles technolog ies de l'information -ont permis le déplacement très rapide (en temps réel) et efficace d'énormes flux financiers au niveau mondial.

Ces flux excèdent de très loin en valeur les flux de marchandi ses.

LA MOND IALISATION FINANCilRE Le marché des devises a connu une gigantesque dilatation : le montant des transactions effectuées sur le marché des changes (là où s'échangent les devises) a été mult iplié par cinq depuis 1980 pour atteindre environ 1 500 milliards de dollars par jour.

Ce gonflement n'a donc plus de rapport direct avec le financement de la production et des échanges internationaux .

D'après les estimations de la Banque des règlements internationaux, le montant des transactions financières internationales est cinquante fois plus important que la valeur du commerce international portant sur les marchandise s et les services.

L'écart devient gigantesque lorsque l'on rapporte ce montant aux PNB (à titre d'exe mple , le PNB de la France -de l'ordre de 1 400 milliards de dollars en 2001 -équivaut au montant des transactions quotidiennes sur le marché des changes).

Paradoxalement.

alors que l'espace financier se mondialise rapidement , les différents systèmes monétaires tardent à s'adapter à ce mouvement.

Hormis l'euro, commun à douze pays européens, les monnaies conservent une base nationale tandi s que le dollar reste la monnaie de référence .

Mais les taux de change des principales devises fluctuent rapidement.

Ces variations ont été le moteur de l'accroissement spectaculaire et de la mondialisation des mouvements de capitaux sur les marchés des changes.

C'est afin de prévenir ou d'atténuer les effets de ces fluctuations monétaires que les États membres de l'Union européenne ont cherché à coordonner leurs politiques monétaires .

Après l'échec du Serpent monétaire européen en 1973 , leSME (Système Monétaire Européen) institué en 1979 , prévoya it une stabilisation des monnaies basée sur une nouvelle unité de compte, l'ECU (Unité de Compte Européenne ).

Ce mécanisme était fixe mais restait ajustable.

Ce système, qui fonctionnait relativement bien, montra ses limites dès le début des années 1990 avec le développement d'attaques spéculatives sur les monnaies .

La solution qui s'imposa alors fut de créer une monnaie unique pour faire disparaître les risques liés au change entre les différentes devises européennes et pour confier la politique monétaire à un organisme indépendant.

la BCE (Banque Centrale Européenne).

Le passage à la monn11ie unique en 1999 a notamment eu pour conséquences d 'inciter les entreprises européennes à renforcer leur compétitivité sans avoir recours aux différences de taux de change, à se réor ganiser et à s'internationaliser.

La mondialisation a donc eu pour effet de bouleverser les systèmes monétaires et financiers internationaux, voire à les stabiliser et à les rationaliser pour éviter les spéculations sur les variations des monnaies .

L'ÉCONOMIE-MONDE : DES DÉSÉQUILIBRES Si la mondialisation atteint une très grande part ie de la planète, elle se développe de manière fortement inégalitaire ; en outre, de nombreuses économies sont laissées à l'écart.

La mondialisation n'a pas comblé la polar isation du monde et se concentre avant tout dans trois zones principales (Amérique du Nord , Asie du Sud-Est et Europe occidentale), dominées respectivement par les États-Unis, le Japon et l'Union européenne.

C'est au sein de cette « Triade n que s'effectuent la plupart des échanges commerciaux et des mouvements de capitaux.

Les spécialistes pensent qu'elle sera économiquement prépondérante pendant encore au moins un quart de siècle.

Ces marché s ont en effet les capacités et les atouts nécessaires, contrairement à la plupart des autres zones mondiales , pour attirer et retenir les entreprises transnationales .

Ces dernières servent à leur tour en fournissant des technologies nouvelles et en favori sant les échanges.

L'essentiel des flux com merciaux et financiers mondiaux se développant entre ces économies ou à l'intérieur de chacune d'entre elles (c'est notamment le cas de l'Union européenne), les États concernés tentent de parvenir à un compromis entre coopération et concurrence.

L'évolution de l'économie mondiale dépendra essentiellement de la capacité à trouver ou non un point d'équilibre entre les deux .

À l'heure actuelle , la concurrence semble l'emporter ; ce phénomène est encore renforcé par le fait que l'économie dominante, confrontée à la multipolarisation du monde , n'est plus en mesure de le réguler.

Ainsi , lorsque l 'un des membres de la « Triade n se porte économiquement bien , l'un des deux autres peut très bien , quant à lui, traverser une crise violente.

lE POID S RELAT IF DES ZON ES tCONO M IQUES Cette situation concurrentielle entre ces « économies-mondes n (selon l'expres sion de Fernand Braudel) incite les transnationales à diversifier leurs risques ou à ne miser que sur l'une d'entre elles, ce qui peut avoir pour conséquence de créer ou d 'augmenter des déséquilibres.

Cette concurrence a permis aux États-Unis de conserver, malgré le lé ger déclin économique enregistré entre 1970 et 1990 , leur rang de première puissance économique mondiale devant le Japon et l'Europe , mais le poids relatif des trois acteurs principaux de la mondialisation a évolué .

Tand is que le Japon a subi les effets néfastes de l'interventionnisme politique et des crises asiatiques, l'Europe, qui avait été détrônée au xx< siècle par les États-Unis, représente le principal pôle du commerce international de marchandises et de services.

Elle est en effet l'origine, ou la destination , de 40% des échanges internationaux , devant le pôle asiatique -dont la Chine, les Nouveaux Pays Industriels (NPI) et l 'Amérique du Nord (ALENA ) réunissant depuis 1994 les États -Unis , le Canada et le Mexique).

Cela est dû en grande partie à l'importance des échanges intra -zones qui témoigne de l'intégration des différentes économies européennes, favorisée par la mise en place du marché unique .

Par ailleurs , en ce qui concerne les marchandises , l'Asie est fortement excédentaire, contrairement aux États­ Unis dont la balance commerciale reste structurellement déficitaire .

Pourtant, depuis novembre 2003, la Chine est la première zone d'accueil des investissements étrangers directs.

Les multinationales les plus importantes et les plus rentables restent américaines ; elles contrôlent plus de 20 % du stock mondial des investissements directs à l 'étranger et exercent une influence prépondérante sur la division internationale du travail.

La m ême constatation s'impose pour le commerce mond ial, par le biais des échanges intra -firmes entre les maisons­ mères et leurs filiales à l'étranger (47% des importations et 31 %des exportations des États-Unis sont le fait de ce type d'échanges ) .

En ce qui concerne la finance, et malgr é l'adoption de l'euro , le dollar reste largement la monnaie internationale dominante; l'influence politique des grands établissements financiers américains est prépondérante, notamment pour la régulation des services et des marchés financiers .

Parmi les pays émergents, les États d'Amérique latine figurent en bonne place, mais leur situation reste fragile (comme le montre la crise argentine) ou très dépendante de l'éco nomie américaine.

Le Mexique en particulier, du fait des nombreuse s zones franches situées sur la frontière américano­ mexicaine , fabrique des produits destinés principalement au marché nord-américain .

Les« dragons n d'Asie du Sud-Est (Corée du Sud, Taiwan , Hong-Kong.

aujourd 'hui rattachée à la Chine , et Singapour) doivent quant à eux encore surmonter les effets des krachs financier et boursier de 1997-1998 .

Grâce à leurs poids démog raphiques et économiques, la Chine, et à un moindre degré, l'Inde commencent à avoir une influence sensible sur l'ensemble de la région .

Enfin, de très nombreu x pays ne participent pas ou très faiblement au phénomène de la mondialisation .

Ainsi , l'Afrique subit les effets néfastes de ses fragilités interne s ; sa place dans la production industrielle mondiale est quasi nulle puisqu'elle n'intervient que dans moins de 3 % des échanges internationaux.

Elle représente pourtant près de 8 % de la population mondiale .

Ces déséquilibres profonds, qu'ils soient structurels ou conjoncturels, dus à des facteurs exogènes ou endogènes (c'est-à-dire provenant des causes extérieures ou internes) , ont entraîné de débats et de révisions au sein même des organismes internationaux directement concernés tels que le Fonds monétaire international , la Banque mondiale, les Nations -Unies , voire même I'OMC ont ainsi lieu.

LA RÉGULATION DE LA MONDIALISATION Face aux inégalités de développement.

sans cesse croissantes , les différents acteurs de la mondiali sation ont émis l'idée d'une régulation de la mondialisation.

Cette question en reste encore au stade du débat mais une coopération internationale se met peu à peu en place afin de réfléchir à d'éventuelles mesure s compensatoires et de définir les règles de la mondialisation .

Ces discussions ont lieu au sein des organismes internationaux et lors des sommets annuels du GB (réunissant les États-Unis , le Canada , la France , l'Allemagne , l'Italie, le Japon , le Royaume-Uni et la Russie ) mais elles ont débordé ce cadre officiel pour mobiliser de plus en plus d'assoc iations et d'organisations non gouvernementales rassemblées au sein de la mouvance " alter mondialiste n.

Cette mobili sation a été particulièrement forte à l'occasion du « sommet du millénaire n de I'OMC à Seattle en 1999, ou plus récemment à celui du G8 à Évian .

LE CONTR6LE DE lA VOLA TILirt FINA NCilR E Réglementer la mondialisation n'est pas une chose aisée tant les avis, les objectifs et les intérêts divergent.

Cependant.

certaines mesures ont été prises et quelques propositions existent déjà.

Par exemple, afin de réguler les flux financiers, certains États ont décidé de taxer temporairement les capitaux (entrant ou sortant du pays ).

C'est le cas du Chili et de la Malaisie .

La propo sition actuellement la plus débattue est de taxer de façon permanente les opérations de capitaux sur les marchés des changes : c'est la taxe dite" Tobin n du nom de son inventeur , James Tobin, qui la proposa dès 1972.

Cette idée a été reprise par les organisations « alter mondialistes n comme ATIAC (Asso ciation pour la Taxation des Tran sactions financières pour l'Aide aux Citoyens) .

Cette taxe devrait augmenter les marges de manœuvre des gouvernements.

Elle devr ait aussi permettre de freiner la spéculation qui engendre d'importantes fluctuations monétaires et donc de sérieuses difficultés pour certaines économies nationales, au premier rang desquelles celles des pays en voie de développement.

En outre , les sommes ainsi prélevées devraient permettre de venir en aide aux pays les plus pauvres , présentés comme les premières victimes de la mondialisation .

Le débat reste cependant complexe.

S'il n'est pas établi que mond ialisa tion et crois sance aillent nécessa irement de pair, comme le soutiennent les parti sans les plus libéraux de la mondialisation , il n'est pas non plus prouvé que la globalisation empêche certains pays de se développer.

Statistiquement, divers cas de figure existent.

Certain s pays en développement ou émergents ont connu une forte croissance en étant très intégrés financièrement , d'autres non .

La corrélation existe souvent.

mais elle ne constitue pas un lien de causalité .

La relation semble mieux établie entre intégration commerciale et croissance économique.

D'autres facteurs d'ordre économique, technolo gique ou politique pourraient entrer en jeu.

Les opposants à la taxe Tobin doutent notamment qu'une mesure similaire puisse servir d'instrument efficace contre la volatilité des mouvements de capitaux, d'autant moins opérant que son montant resterait relativement faible.

D'autre part.

pour être adoptée , cette taxe nécessiterait une très forte coordination au niveau mondial qui est loin d'être atteinte.

Une autre idée est apparue au cours des dernières années : celle de « gouvernance mondiale n.

Les États ne parvenant pas ou plus à maîtriser les prob lèmes engendrés par la mondial isation , il s'agirait de défin ir des prin cipes universels qui devraient être respectés à la fois par les États , les entreprises et les organisations internationales.

Il conviendra it ainsi de créer des liens solides et efficaces entre les milieux politiques , économiques et sociaux afin qu'ils participent ensemble à la régulation de la mondialisation et qu~ls unissent leurs forces et leurs capacité s de réflexion pour trouver des solutions aux problèmes issus de ce processus apparemment incontrôlable.

Quoi qu~l qu'il en soit, si certains experts pensent que réglementer le phénomène de la mondialisation tient de l'utopie, les ONG , le monde associati f et les citoyens qui se reconnai ssent sous le vocable " alter mondialiste s n sont en passe de faire bouger les choses .. »

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