Le personnage de CHIMÈNE

CHIMÈNE  Ce n’est point une, mais deux figures que présente ia poésie castillane. Il y a d’une part la Chimène des «romances» ou du de Rodrigo

(xive-xve s.) ; et d’autre part la Chimène des Enfances du Cid (16J8) de Guillén de Castro ou du Cid ( 1636) de Pierre Corneille. La première de ces figures est celle d’une femme qui ignore les raffinements psychologiques, qui vit dans un monde de violence dont les lois sont encore primitives, et où, lorsqu’un meurtre a été accompli, c’est affaire à la partie lésée de déterminer la réparation qu’elle exige. Rodrigue — le Cid — a tué le comte Lozano — Gormaz — et il importe peu que la vengeance soit ou non légitimée ; on lui imposera, en guise de réparation, d’épouser la fille de sa victime, en partant de ce principe que Chimène a perdu celui qui veillait sur elle et qu'il appartient à Rodrigue de la protéger désormais, avec toute la loyauté d’un vrai chevalier. La requête de Chimène n’a donc rien qui puisse surprendre, et elle est conforme à l’esprit et à l’atmosphère psychologique du Moyen Age. Il faudra, pour qu’on puisse parler à son propos d’une nouvelle création, attendre qu’un poète l’ait montrée partagée entre l’amour et l’honneur. Et la Chimène de Guillén