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La chute des Philippines - Seconde guerre mondiale (Histoire)

Publié le 23/01/2019

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histoire

LE BOUCHER DE BATAAN

De souche aristocratique, le général Masaharu Homma fut d’abord observateur sur le front de l’Ouest en 1914, du côté des Alliés, avant d'occuper un poste plus opérationnel lors de la guerre sino-japonaise. Mêlant la brutalité à une certaine sensibilité, il fut un chef controversé, qui n’hésitait pas à contester ouvertement les ordres de ses supérieurs (attitude tout à fait extraordinaire dans le cadre de l’Armée japonaise). Il fut l’un des rares militaires japonais de haut rang à exprimer publiquement son opposition à la guerre contre les Alliés. Quoi qu’il en soit, sa direction des opérations aux Philippines, à la tête de la 14e Armée, fut inégale mais souvent brillante -comme MacArthur lui-même l’admit plus tard. Si les Américains

 

avaient contre-attaqué dans le golfe de Lingayen, l’invasion aurait pu se solder par un désastre pour Homma, qui sut tabler sur l’impréparation de MacArthur. Pour n’avoir pas achevé immédiatement la conquête de l’archipel (et ce en raison de l’héroïque résistance des Américains à Bataan), et après avoir été accusé d’une trop grande clémence envers les Philippins, celui que les Américains appelèrent le “ boucher de Bataan ” fut limogé en août 1942. En 1945, il fut arrêté par les Américains, renvoyé à Manille et jugé pour crimes de guerre. Le 3 avril 1946, cet aristocrate tomba sous les balles d’un peloton d’exécution.

 

► Le général de c

Seul pays chrétien d’Asie, les riches Philippines, situées à seulement 1 100 km de la base aérienne japonaise de Formose (Taïwan), constituaient un J objectif stratégique de premier ordre pour les envahisseurs venus du Pacifique Nord.

 

Soumis à la domination espagnole depuis le XVIe siècle, puis passée sous l’autorité des États-Unis à l’issue de la guerre hispano-américaine de 1898, les « Filipinos » étaient, au seuil de la Deuxième Guerre mondiale, en passe d’obtenir leur indépendance. La défense de l’archipel restait néanmoins du ressort des Américains, qui, en l’occurrence, se montrèrent pour le moins peu avisés.

UN PLAN GRANDIOSE

◄ Page précédente : une patrouille japonaise, défilant avec assurance dans un village proche de Manille, manifeste son autorité d’occupant. En médaillon :le drapeau national des Philippines.

Dans l’hypothèse d’une offensive nipponne visant le Sud-Est asiatique, les Américains s’attendaient à ce que les Japonais marchent sur Manille. La flotte U.S. du Pacifique quitterait alors son sanctuaire de Pearl Harbor (situé à huit mille kilomètres à l’est) pour se porter à la rescousse : une bataille navale s’ensuivrait, qui se solderait par une victoire éclatante des Américains en mer de Chine. Dans l’éventualité - jugée peu probable - d’un retard de la flotte, les garnisons américaines et les Éclaireurs philippins encadrés

 

par des officiers américains se replieraient vers les montagnes de Bataan et l’île de Corregidor pour y attendre des renforts.

 

La baie de Manille, protégée par les canons de l’île de Corregidor, était considérée comme inviolable par toute force venue de la mer. Vue d’avion, Corregidor rappelle par sa forme un têtard géant qui s’apprêterait à quitter la baie pour se diriger vers la mer de Chine méridionale. La surface de l’île était constellée de positions de batterie : l’Artillerie côtière des Etats-Unis servait 23 batteries et 56 canons et mortiers ; il existait en outre un réseau souterrain, appelé Malinta, dont le tunnel principal faisait 430 m de long sur 10 m de large : des galeries latérales abritaient des entrepôts et un hôpital parfaitement équipé.

UN BLITZ DE 55 JOURS

Les Japonais avaient eux aussi leur plan. Leurs projets d’attaques sur Pearl Harbor et à travers tout le Sud-Est asiatique dépassaient cependant leurs moyens. Aussi le général Homma, commandant de la 14e Armée, ne se vit-il allouer que deux divisions renforcées, avec lesquelles il reçut pour mission d’envahir Luçon en moins de cinquante-cinq jours. La maîtrise des airs étant essentielle, Homma projeta une série de débarquements dans le nord de l’île afin de s’emparer d'aérodromes et de préparer ainsi la couverture aérienne du débarquement principal dans le golfe de Lingayen.

 

En juillet 1941, les Américains radicalisèrent encore leur assurance. MacArthur (l’un des chefs militaires les plus expérimentés et les plus célèbres que les États-Unis eussent produits depuis la guerre de Sécession) se vit confier le commandement des forces armées U.S. d’Extrême-Orient : lorsqu’il vanta les qualités de ses jeunes divisions philippines et écarta avec mépris la menace japonaise, prétendant que toute tentative de débarquement serait vouée à l’échec, Washington le crut sur parole.

 

Luçon devait se transformer en forteresse dont la « force de frappe » serait constituée par une une centaine de

▼ Fusiliers marins japonais pleins de confiance s’apprêtant à débarquer aux Philippines, vers la fin du mois de décembre 1941.

Pendant ce temps, à 1 100 km au nord, Formose était prise dans les brouillards. Les équipages du 5e Groupe aérien japonais, exaspérés, attendaient eux aussi, au pied de leurs bombardiers Betty et de leurs chasseurs Zéro, mais que le temps se dégage : non seulement ils avaient perdu tout espoir de créer la surprise (ils auraient dû bombarder la base de Clark à l’aube), mais ils craignaient maintenant que les Américains ne prennent l’initiative.

 

Le général Brereton fit enfin décoller ses B-17, mais non pour bombarder l’ennemi, pour se livrer à des opérations de reconnaissance ! Lorsqu’il en reçut enfin l’ordre, à la fin de la matinée, le ciel s’était éclairci à Formose et les Japonais étaient déjà en vol.

 

La 19e Escadre de bombardement dut revenir à Clark

 

pour que les appareils soient ravitaillés et embarquent leurs bombes. Les pilotes reçurent les instructions concernant leurs objectifs (les aérodromes formosans)... puis partirent déjeuner. Il était midi : la base aérienne de Clark n’avait pas encore réalisé que la guerre avait commencé. Les équipes au sol achevèrent leur tâche avant de se rendre à leur tour au mess. Il ne resta plus alors personne pour recevoir de Manille le message d’alerte avertissant d’une attaque japonaise imminente.

L’ANÉANTISSEMENT

Un quart d’heure plus tard, les premières bombes frappaient la base de Clark ; neuf heures et demie s’étaient écoulées depuis l’attaque sur Pearl Harbor. Tandis que les Betty bombardaient les hangars et les installations, les Zéro piquaient pour mitrailler le bel alignement des bombardiers et des chasseurs.

 

Lorsqu’une heure plus tard l’attaque prit fin, une centaine d’appareils avaient été détruits et la base de Clark était anéantie. De nombreuses recrues Américaines, peu expérimentées et mal entraînées, s’étaient enfuies, prises de panique. Il y avait des centaines de morts et l’hôpital de la base était submergé par l'afflux des blessés. Dans toute l’île, la même scène de désolation se répéta : les Japonais étaient maîtres des airs. Dans les jours qui suivirent, ils bombardèrent Manille et détruisirent Cavité, principal arsenal et base navale de Luçon.

 

De petits détachements japonais débarquèrent bientôt à Vigan et Aparri, dans le nord, pour s'emparer des aérodromes. MacArthur ne prêta pas attention à ces débarquements. Il économisait soigneusement ses forces, dont la majeure partie était placée sous le commandement du général Wainwright au nord de Luçon et sous celui du général Parker au sud.

 

Les divisions philippines durent soutenir le plus fort de l'assaut, cependant que les Américains, qui constituaient les meilleures troupes, se tenaient en réserve. Les « Filipi-nos » formaient deux régiments d’infanterie (Eclaireurs et

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