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La question romaine de 1848 à 1871 « Il faut que tout change pour que rien ne change ».

Publié le 25/11/2015

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La question romaine de 1848 à 1871 « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Ceci est l’une des citations d’un des personnages principaux, l’aristocrate Giuseppe Tomasi di Lampedusa dans Le Guépard (1963) de Luchino Visconti. Ce dernier nous représente l’Italie de 1860, une Italie en plein changement, une société complexe coincée entre volonté de modernisme pour les uns, volonté de stagnation des privilèges pour les autres. Ces changements passent par le désir d’unité d’une partie de la population italienne dont l’ampleur est déjà palpable en 1848. L’Italie, en 1848, est un ensemble pluri-étatique de huit Etats, fondé sur le principe de la légitimité dynastique et marqué par la présence de l’Autriche dans le Nord, en Lombard-Vénitien, et le Centre. En 1861, le royaume d’Italie (le Regno d’Italia) est proclamé, à l’issue de la deuxième « guerre d’indépendance » et de la conquête du royaume des Deux-Siciles ; il a pour capitale Turin, ex-capitale du royaume de Piémont-Sardaigne et pour souverains, le représentant de la Maison de Savoie : Victor-Emmanuel II. Pour que le nouvel Etat recoupe tout le territoire de la péninsule, il manque Rome, le Latium et la Vénétie. En 1866, la troisième guerre d’indépendance menée contre l’Autriche permet au royaume d’Italie de conquérir la Vénétie et, en 1870, Rome et le Latium cessent d’être possessions temporelles du pape. Rome est officiellement proclamée capitale d’Italie en 1871. Pendant la période 1848-1871, c’est bien la question romaine qui est en jeu. On la définit généralement comme l’ensemble des problèmes posés par la survivance de l’Etat pontifical qui représente l’ensemble des Etats sous l’autorité du Pape au XIXe siècle. Elle est, véritablement, au centre du problème d’ensemble de l’unité italienne. Cette question romaine s’inscrit dans le Risorgimento, qui désigne l’ensemble de la période, au cours de laquelle les Italiens sont passés d’une prise de conscience politique et morale du sentiment national à la constitution effective de l’Etat italien (seconde moitié du XIXe siècle). Comment définir alors la question romaine qui s’ancre dans le Risorgimento, sa nature et sa légitimité historique dans les processus qui caractérisent la naissance de l’Italie contemporaine ? De quelle façon celle-ci s’insère-t-elle dans les grands débats idéologiques nationaux depuis le XIXe siècle ? Comment, enfin, Rome est-elle devenue la capitale e l’Italie unifiée alors qu’elle représentait jusque-là le pouvoir religieux hostile à l’unification piémontaise ? Nous répondrons à cette question à travers le bilan des Révolutions et les effets qu’elles ont eu sur la question romaine au niveau de la péninsule (I). Nous analyserons ensuite la naissance du Royaume d’Italie et ses conséquences sur la question romaine en étudiant en profondeur le rôle du royaume de Piémont (II). Finalement, nous montrerons que la décennie suivante (1861-1871) répond définitivement à la question romaine, en mettant fin à l’union globale au travers d’un Etat pontifical (III). Nombreux sont les complots et mouvements qui ont tenté d’imposer l’unification du pays à partir des années 1820. Cependant, la marche vers l’unité italienne débute vraiment avec le « printemps des peuples » qui secoue l’ensemble de l’Europe en 1848. L’année marque véritablement une année charnière. C’est à partir de cette année qu’il est possible de dresser un bilan des Révolutions italiennes et les conséquences qu’elles ont eues sur la question romaine. L’Italie, tout d’abord, oscille au lendemain de la première guerre d’indépendance (1848-1849) entre démocratie et réaction. Les lendemains des révolutions furent amers pour toute tentative d’unification italienne, appuyée par des Etats pontificaux ou non, et l’on s’interrogea sur les causes de leur échec. La première tentation était de remettre en cause les souverains italiens qui ne surent concrétiser les espoirs mis dans un potentiel fédéralisme. Giuseppe Ferrari, un des protagonistes des événements de Lombardie, dénonça le caractère « national » des révolutions italiennes. Selon lui, l’erreur résidait dans le fait que ces mouvements n’avaient pas revêtu la dimension sociale qui eût permis de rallier les masses populaires essentiellement paysannes en posant le problème des droits à la propriété de la terre. Giuseppe Mazzini, véritable révolutionnaire et combattant pour l’unité italienne, considérait que la situation italienne demeurait explosive, que la révolution était imminente et qu’il convenait d’en coordonner le déclenchement et le déroulement avec les autres mouvements démocratiques européens. Pour lui, la question nationale l’emportait sur la question sociale, dans la mesure où cette dernière était facteur de division. Il s’attacha donc à rassembler les différentes organisations révolutionnaires en Italie, dans un réseau qui s’étend progressivement à tout le nord et le centre de la péninsule. En février 1853, le signal de l’insurrection à Milan est donné. C’est un sanglant et nouvel échec. D’autres actions furent également tentées : à Gênes, à Livourne. De par leur échec, ce furent les dernières tentatives de soulèvement provoquées par Mazzini que ses partisans abandonnèrent progressivement pour se tourner vers le Piémont. La réaction des forces en Italie dans les années 1850 fut rigoureuse, comme en Lombardie, où le siège perdura jusqu’en 1856. La plupart des libéraux ont dû quitter durant cette période les Etats d’Italie centrale pour se réfugier au Piémont à la suite de la répression. Ainsi, dans l’Etat pontifical dont la plupart des institutions créées depuis 1846 furent supprimées, la fonction publique est de nouveau occupée par les ecclésiastiques. Le pape et le secrétaire d’Etat restèrent sourds aux recommandations de Napoléon III et du gouvernement français. Ces derniers voulaient éviter un retour brutal à l’absolutisme et souhaitaient qu’un dialogue soit renoué entre le libéralisme italien et la papauté. Ceci est cependant impossible à court terme. La garnison française à Rome est alors maintenue pour garantir l’indépendance pontificale, ce qui causa l’aliénation de la sympathie qu’exprimaient pour la France de nombreux libéraux italiens et qui exprime l’ambiguïté de la « question romaine ». Ainsi de nombreux éléments semblent être en contradiction avec l’idée d‘unification. Comment les Italiens ont-ils réussi alors à la construire ? Le développement progressif en...
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« L’Italie, tout d’abord, oscille au lendemain de la première guerre d’indépendance (1848-1849) entre démocratie et réaction.

Les lendemains des révolutions furent amers pour toute tentative d’unification italienne, appuyée par des Etats pontificaux ou non, et l’on s’interrogea sur les causes de leur échec.

La première tentation était de remettre en cause les souverains italiens qui ne surent concrétiser les espoirs mis dans un potentiel fédéralisme.

Giuseppe Ferrari, un des protagonistes des événements de Lombardie, dénonça le caractère « national » des révolutions italiennes.

Selon lui, l’erreur résidait dans le fait que ces mouvements n’avaient pas revêtu la dimension sociale qui eût permis de rallier les masses populaires essentiellement paysannes en posant le problème des droits à la propriété de la terre.

Giuseppe Mazzini, véritable révolutionnaire et combattant pour l’unité italienne, considérait que la situation italienne demeurait explosive, que la révolution était imminente et qu’il convenait d’en coordonner le déclenchement et le déroulement avec les autres mouvements démocratiques européens.

Pour lui, la question nationale l’emportait sur la question sociale, dans la mesure où cette dernière était facteur de division.

Il s’attacha donc à rassembler les différentes organisations révolutionnaires en Italie, dans un réseau qui s’étend progressivement à tout le nord et le centre de la péninsule.

En février 1853, le signal de l’insurrection à Milan est donné.

C’est un sanglant et nouvel échec.

D’autres actions furent également tentées : à Gênes, à Livourne.

De par leur échec, ce furent les dernières tentatives de soulèvement provoquées par Mazzini que ses partisans abandonnèrent progressivement pour se tourner vers le Piémont.

La réaction des forces en Italie dans les années 1850 fut rigoureuse, comme en Lombardie, où le siège perdura jusqu’en 1856.

La plupart des libéraux ont dû quitter durant cette période les Etats d’Italie centrale pour se réfugier au Piémont à la suite de la répression.

Ainsi, dans l’Etat pontifical dont la plupart des institutions créées depuis 1846 furent supprimées, la fonction publique est de nouveau occupée par les ecclésiastiques.

Le pape et le secrétaire d’Etat restèrent sourds aux recommandations de Napoléon III et du gouvernement français.

Ces derniers voulaient éviter un retour brutal à l’absolutisme et souhaitaient qu’un dialogue soit renoué entre le libéralisme italien et la papauté.

Ceci est cependant impossible à court terme.

La garnison française à Rome est alors maintenue pour garantir l’indépendance pontificale, ce qui causa l’aliénation de la sympathie qu’exprimaient pour la France de nombreux libéraux italiens et qui exprime l’ambiguïté de la « question romaine ».

Ainsi de nombreux éléments semblent être en contradiction avec l’idée d‘unification.

Comment les Italiens ont-ils réussi alors à la construire ? Le développement progressif en Italie de l’Idée nationale est une des clefs de ce problème.

L’idéal est désormais plus laïc que religieux, comme nous le verrons par la suite, grâce à l’implication du royaume du Piémont dans le processus d’unification du pays.

Mazzini adopta une ligne politique ayant pour but la conquête de l’indépendance et la réalisation de l’unité, qu’on appellera bandiera .

La prééminence du royaume de Piémont se traduit aussi par le fait que Turin devienne peu à peu la capitale économique et culturelle de l’Italie.

Outre Garibaldi qui revient de son exil américain, de nombreuses personnalités influentes italiennes viennent s’installer dans la ville : le Vénitien Paleocapa, qui devient ministre des Travaux publics ; les Lombards Correnti et Fanti de Modène, qui lui devient général de l’armée piémontaise.

Ces intellectuels firent de Turin la capitale de l’Italie, en adhérant plus ou moins à la politique menée dans le royaume piémontais par Cavour mais en s’opposant fermement à l’union à travers un état pontifical.

Ce projet d’union se forma autour du jeune roi du Piémont,. »

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