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BALLANCHE Pierre Simon : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/11/2018

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BALLANCHE Pierre Simon (1776-1847). Écrivain et philosophe né à Lyon, Ballanche voit sa vie marquée par deux événements : l’écrasement de l’insurrection lyonnaise par la Convention; l’amitié de Mme Récamier, auprès de qui il s'installe à Paris en 1813. Il devient, avec Chateaubriand, un familier de l’Abbaye-aux-Bois. La tragédie de l’histoire et la fréquentation de l’auteur du Génie du christianisme motivent une pensée fondatrice de ce que l’on appellera le néo-catholicisme, qui combine une doctrine modernisée de l’exil terrestre et des signes divins, une esthétique qui appelle l'art à soutenir la religion et une interprétation de l’histoire humaine, ouverte sur un avenir qui intègre les valeurs de liberté, de progrès, d’émancipation des déshérités et d’assomp-tion de l’humanité.

 

Dans Antigone (1814), l’Essaz sur les institutions sociales (1818), le Vieillard et le jeune homme (1819), l'Homme sans nom (1820) et l’Élégie (1820), Ballanche affirme la sainte nécessité de la souffrance et du martyre dans le projet divin et le gouvernement providentiel de l’univers. L’homme sans nom, régicide, se trouve absous au nom de la réconciliation, le roi devient « une victime mystique d’une transformation sociale » que V Essai présente comme « un traité d’alliance entre le passé et l’avenir ».

« Ballanche intègre donc le temps dans la loi divine et voit dans la morale de la société présente celle du christianisme même.

Apôtre de la modernité chrétienne, opposé aux excès ultras, il constitue la théologie du pro­ grès comme dogme d'un certain royalisme bourgeois.

Pour cela, il lui faut étendre la doctrine à l'ensemble de l'évolution humaine, immense projet qui restera ina­ chevé, jalonné par la publication des Prolégomènes (1827), d'Orphée (1829), de la Vision d'Hébal (1831), l'ensemble participant du concept �laboré dans les Essais de palingénésie sociale, dont l'Epilogue paraît en 1832.

Les œuvres complètes, publiées en 1830 et en 1833, comportent des Réflexions diverses, avec de nom­ breux ajouts aux textes précités.

Le terme de palingénésie, emprunté à la philosophie stoïcienne et à Charles Bonnet (Palingénésie philosophi­ que, Genève, 1769), désigne une renaissance des êtres et des sociétés conçue comme source d'évolution et de perfectionnement.

Son emploi par Ballanche met 1' ac­ cent sur la recherche de l'unité et de l'harmonie et justi­ fie l'orientation nouvelle proposée aux catholiques: l'al­ liance du Credo et de l'humanitarisme laïque.

On comprend les résistances de l'Église catholique! Ballanche espérera jusqu'au bout l'adhésion du peu­ ple à la palingénésie.

Sa mort, survenue à Paris en 1847, cinq ans après son entrée à l'Académie, ne lui permettra pas de suivre la diffusion de sa doctrine dans le seul milieu qui pouvait l'accueillir : celui des intellectuels chrétiens autour duquel prendra corps le christianisme social.

Par sa vision globale du monde et de son devenir, Ballanche s'inscrit dans l'épopée romantique, dans laquelle l'individu coïncide avec le sujet collectif (peu­ ple ou genre humain) et peut en prendre conscience grâce à la médiation du poète, nouvelle figure du sage : « L'univers est le plus sublime concert, et il n'est donné qu'aux Sages et aux Poètes d'entendre son harmonie ravissame.

Linus, Orphée, Homère, Pythagore, hommes divins, sans doute votre organisation exquise vous per­ mettait d'être sensibles à cette mélodie ...

» (Du sentiment considéré dans ses rapports avec la littérature et les arts, 1801 ).

L'attente fondamentale de la régénération de l'huma­ nité sur laquelle repose toute l'œuvre de Ballanche est aussi (et surtout?) attente d'une résurrection de la poésie, langue d'éternité et d'harmonie, résurrection proclamée par Victor Hugo dans «Ce qu'on entend sur la monta­ gne» (Feuilles d'automne, 1831), alors même que le poète reste sourd au cantique sublime de la Création.

surdité inconcevable pour Ballanche.

[Voir aussi ILLUMINISME).

BTBLTOGRAPHŒ Œuvres.

-Œuvres complètes, Paris, 1883, 6 vol.

en 1, Slatkine Reprin1s.

1967.

Vision d'Hébal.

éd.

A.-J.-L.

Busst.

Genève, Droz.

Paris.

Mi nard 1969; le Vieillard et le jeune homme, pré s.

Arlette Michel, Garn ie r.

1982: la Ville des expiations et autres textes.

P.U.L.

Lyo n.

1981: l'Homme sans nom, prés.

Agnès Ket­ t le r.

France-Empire, 1989.

A consulter.

-On li r a avec profit l'excellente synthèse de Paul Bénichou dans le Temps des prophètes, Gallimard, 1977.

pp.

74-104; A.-J.-L.

Busst, «Ballanche et le poète voyant», Romantisme, n° 5, Fla m mari on, 1973; Arlette Michel, «Ballan­ c_he et l'épopée ro m ant iq ue », Mélanges de littérawre du Moyen­ Age au xx< siècle, E.N.S.J.F., 197 8; Mona Ozouf, in L'Homme régénéré, Gallimard, 1989.. »

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