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Parade de Rimbaud Illuminations

Publié le 18/09/2018

Extrait du document

rimbaud

Des drôles très solides. Plusieurs ont exploité vos mondes. Sans besoins, et peu pressés de mettre en œuvre leurs brillantes facultés et leur expérience de vos consciences. Quels hommes mûrs! Des yeux hébétés à la 5 façon de la nuit d’été, rouges et noirs, tricolores, d’acier piqué d’étoiles d’or; des faciès déformés, plombés, blêmis, incendiés; des enrouements folâtres! la démarche cruelle des oripeaux! Il y a quelques jeunes, comment regarderaient-ils Chérubin,? pourvus de voix effrayantes et de 10 quelques ressources dangereuses. On les envoie prendre du

 

dos en ville, affublés d’un luxe dégoûtant.

 

Ô le plus violent Paradis de la grimace enragée! Pas de comparaison avec vos Fakirs et les autres bouffonneries scéniques. Dans des costumes improvisés avec le goût du mau-15 vais rêve ils jouent des complaintes, des tragédies de malan-

 

drins et de demi-dieux spirituels comme l’histoire ou les religions ne l'ont jamais été, Chinois, Hottentots, bohémiens, niais, hyènes, Molochs, vieilles démences, démons sinistres, ils mêlent les tours populaires, maternels, avec les 20 poses et les tendresses bestiales. Ils interpréteraient des

 

pièces nouvelles et des chansons << bonnes filles ». Maîtres jongleurs, ils transforment le lieu et les personnes et usent de la comédie magnétique. Les yeux flambent, le sang chante, les os s’élargissent, les larmes et les filets rouges 25 ruissellent. Leur raillerie ou leur terreur dure une minute,

 

ou des mois entiers.

 

J’ai seul la clef de cette parade sauvage.

surtout l'association de trois expressions qui manifeste le mieux l'atmosphère du texte: à « Parade » répondent le« Paradis de la grimace » (qui ouvre la deuxième strophe) et la« parade sauvage » (qui clôt le poème). L’écho de ces expressions donne les tonalités du texte, qui combine grimace et sauvagerie et crée une atmosphère à la fois risible et inquiétante.

 

I Une cruelle bouffonnerie

Le grotesque que met en scène Rimbaud ne doit pas faire rire. Comme c’était déjà le cas dans la tradition romantique, une certaine cruauté se dessine dans le mélange des genres. Si Rimbaud est sans pitié pour les figures qu’il peint ici, ces êtres sont eux-mêmes féroces: le texte évoque leur« grimace enragée », leur« démarche cruelle », leurs « ressources dangereuses » et leurs « voix effrayantes »• Lorsqu’il évoque « leur raillerie », le poète ajoute immédiatement « ou leur terreur », indiquant par-là même que la caricature est menaçante. L'évocation vire au cauchemar lorsque le mauvais goût des personnages devient le « goût du mauvais rêve ».

Il y a une dynamique de la cruauté dans le texte, comme si les images, se nourrissant les unes des autres, voyaient leur puissance d'évocation s'accroître. Les personnages apparaissent d’abord sous l’appellation ambiguë de « drôles » (amusants ou mauvais garçons?), mais ils deviennent vite des « malandrins »• Aussi, à la fin du texte, les couleurs des visages « rouges et noirs » évoquent-elles moins le maquillage que le sang lorsque « des filets rouges ruissellent » (étymologiquement, cruauté et sang ont la même origine).

PREMIER AXE DE LECTURE_

UNE PARADE GROTESQUE

rimbaud

« INTR ODUCT ION Issu des Iluminations, " Parade ., est un poème en prose composé de deux longs paragraphes et d'une phrase isolée qui fait office de commentaire- ou de refus de tout commentaire.

Le texte présente une série de personnages grimaçants et grotesques dont on ne sait pas bien s'il s'agit de simples bateleurs ou s'ils renvoient à d'autres figures plus menaçantes.

Pour tracer cette galerie de portraits, le style se fait grimaçant, et tisse des liens entre le défilé des personnages et le poème lui-même.

Le poème s'inscrit, aussi bien par son sujet que par la façon de le traiter, dans une esthétique grotesque.

Mais plus encore que d'un défilé carnavalesque, il s'agit d'une " parade sauvage "• à la fois inquiétante et agressive, dont le texte tout à la fois refuse le sens et se propose d'être la clef.

PREMIER AXE DE LECTURE UNE PARADE GROTES QUE L' im aginair e populair e et car navalesque La parade que peint le poème possède tous les traits du carnaval et de la fête des fous.

La culture à laquelle il renvoie est populaire, c'est celle de la" chanson " bonne fille " ., et de la" complainte ., ; celle de la" tragédie de malandrins et de demi-dieux ., ; celle encore des bonimenteurs, " maîtres jongleurs "• " bohémiens "• " fakirs •• et des " tours populaires ••.

Ces références évoquent l'atmosphère d'une fête carnavalesque.

La foule est composée d'une multitude d'êtres sur lesquels le poème glisse sans jamais se fixer, donnant l'impression d'un tourbillon de visages et de masques : " Chinois, Hottentots \ bohémiens, niais, hyènes, Molochs2, vieilles 1.

Ethnie de l'Afrique du Sud ou du Sud Ouest.

2.

Prétendue divinité cananéenne, mentionnée dans la Bible en corrélation avec des sacrifices d'enfants.. »

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