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Pascal LAISNÉ La Dentellière (commentaire)

Publié le 06/11/2016

Extrait du document

pascal

(Aimery de Beligné, étudiant, et Pomme, petite coiffeuse, ont leur premier rendez-vous à la terrasse d'un café).

 

Quelque chose était en train de se passer. Aimery parlait à Pomme. Il parlait très vite et très petit comme écrivent certaines personnes, en serrant les mots. Pomme ne disait rien. Une partie d'elle-même écoutait; mais seulement une petite partie. Tout le reste commençait à s'enfoncer dans l'eau tiède, presque un peu trop, d'une rêverie indéfinie. Quelque chose changeait. Pour le jeune homme aussi. Les gens allaient et venaient devant ce couple banal sans rien remarquer, sans même les regarder vraiment. Eux non plus ne voyaient pas les gens. Tout cela n'était presque rien. Peut-être une infime modification dans la teinte et la consistance des choses devant eux : de la boule de chocolat, évidemment, mais aussi des coupes, et de la petite table ronde. La voilà qui se déroulait, Pomme, elle jusque-là si close, l'âme en colimaçon : son silence faisait deux petites cornes du côté d'Aimery, se rétractant parfois, mais point complètement, quand le jeune homme posait trop longuement le regard sur elle.

 

Pendant un moment leurs pensées glissèrent côte à côte, solitaires. Chacun s'enfermait sur lui-même, sans chercher à dévider le cocon où l’autre s'était de même enfermé. Ils ne sentaient pas que dans cette solitude, moins d'une heure après qu'ils s'étaient rencontrés, résidait le possible désir d'une vie à deux.

 

Pascal LAISNÉ La Dentellière

Remarques préalables

 

Le livre de Pascal Laisné, La Dentellière, a obtenu récemment un prix littéraire très enté.

 

Ce texte court, précieux, au rythme très lent, pouvait déconcerter les candidats, mais le plan du commentaire était suggéré de façon très pédagogique.

 

Commentaire proposé : plan

 

I. Univers clos

 

Entre ce couple et le monde extérieur existe une vitre — une vitre opaque —, un mur : on ne les remarque pas, ils ne voient pas les gens. Ils sont enfermés dans une sphère, dans une coquille, comme les escargots (« âme en colimaçon », « petites cornes ») : ce microcosme est suggéré par la rotondité du nom (Pomme), de la boule de chocolat, des coupes, de la petite table ronde, du cocon... L'image de fa clôture apparaît (« elle jusque-là si close »). On pourrait citer la fameuse formule du philosophe allemand Leibniz qui considérait les êtres humains comme des créatures « sans porte ni fenêtre ».

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