PERROT D'ABLANCOURT (Nicolas)
Publié le 13/03/2019
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PERROT D'ABLANCOURT (Nicolas), écrivain français (Châlons-sur-Marne 1606- château d'Ablancourt 1664). Né dans une vieille famille de parlementaires protestants, il se convertit au catholicisme, se lia avec Olivier Patru et vit s'ouvrir devant lui une carrière mondaine assurée par des bénéfices ecclésiastiques : c'est alors qu'il revint au protestantisme, se consacra à l'érudition (il savait l'hébreu, le grec, le latin, l'italien, l'espagnol) et se fit traducteur. Ses traductions de Thucydide, de Xéno-
phon, d'Arrien, de César, de Cicéron, de Plutarque (dont il explicite la finalité et les méthodes dans ses préfaces) étaient pour les uns (Conrart) des modèles de prose française, et pour les autres (Huet, Marolles, Amelot de La Houssaye) une accumulation d'inexactitudes : on les appela les « belles infidèles ». En réalité, il adapte les Anciens à son siècle, gommant le trivial, haussant l'anecdote à l'universel, voilant la réalité au nom des bienséances. Un quart de siècle après sa mort, on se battait encore à son sujet et l'on vit paraître en 1686 un Perrot d'Ablancourt vengé, dont l'auteur est incertain.
«
PERROT D'ABLANCOURT
Nicolas (1606-1664).
Nicolas Perrot d'Ablancourt naquit à Châlons-sur
Marne, dans une famille protestante.
Son père lui donna
la plus sérieuse éducation, puis l'envoya au collège de
Sedan.
Il fit son droit à Paris et, à dix-huit ans, fut reçu
avocat au parlement.
Comme Bayle à la fin du siècle, il
passa au catholicisme, et revint, vers 1632, au calvi
nisme.
Il voyagea, dans sa jeunesse, en Hollande et en
Angleterre; protégé par Richelieu et par Condé, ami des
frères Dupuy et surtout de Conrart et de Patru, il fut
admis, en 1637, à l'Académie française.
Mais des diffi
cultés financières l'obligèrent peu après à se retirer en
Champagne, où il mourut.
Ce protestant converti puis relaps était peut-être pas
sablement sceptique, et le fidéisme qu'il affiche dans son
Discours sur l'immortalité de l'âme (publié par Patru en
1681) pourrait n'être qu'un masque.
Mais c'était un
esprit élevé qui méprisait l'argent et chérissait l'amitié.
C'était surtout un grand écrivain, qui acquit une gloire
immense par ses traductions des anciens : Minucius Felix
en 1637, Cicéron en 1638, puis les Annales (1640-1644)
et les Histoires (1651) de Tacite, Arrien (1646),
Xénophon (1648 et 1662), César (1650), Lucien (1654),
Thucydide (1662).
A quoi s'ajoute la Description géné
rale de l'Afrique de Marmol (posth., !667).
Vers 1620, Amyot (l'illustre traducteur de Plutarque,
au xvte siècle) revint à la mode.
Malherbe, Coëffeteau,
Nicolas Faret y aidèrent.
Au même moment, Guez de
Balzac démontra que l'éloquence française pouvait éga
ler l'éloquence antique.
C'est ainsi qu'autour de Conrart
se forma un groupe de traducteurs.
Perrot fut le plus
illustre d'entre eux, et ses préfaces proposent une doc
trine cohérente de la traduction libre, qui nous fait com
prendre ce qu'on attendait de ces «belles infidèles » et
pourquoi leur vogue était fatalement vouée à s'éteindre.
On traduit les Grecs et les Latins, parce qu'ils sont
toujours actuels.
Tacite « est depuis quinze ans 1' oracle
de la politique [ ...
].
C'est lu y qui a engendré toute la
politique d'Espagne et d'Italie» (préface à Tacite).
Les
héros modernes, tel le vainqueur à Rocroi, ressemblent
aux héros anciens tels qu'Alexandre le Grand (préface à
Arrien).
Les œuvres antiques sont donc abordées comme des
œuvres du xv11• siècle que certaines faiblesses auraient
gâtées.
La langue française est bien différente du grec et
du latin; il faut >, il y a «dans les meilleurs auteurs [ ...
]
des endroicts qu'il faut toucher ou éclaircir>> (préface à
Lucien).
On remédiera donc aux obscurités de Tacite; on
supprimera ce gu' il y a de confus dans ses pensées;
on élaguera les répétitions et les détails inutiles, dont
s'embarrasse Thucydide; on abrégera César ...
Enfin, il
faut chercher l'unité du tout; ainsi Perrot se permet-il de
rendre le style de Xénophon.
»
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