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Quelles formes et quelles fonctions prennent les « spectacles »?

Publié le 05/08/2014

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Le terme de « spectacle « désigne tout ce que l'être humain peut contempler en éprouvant des émotions. Ils sont nombreux dans le roman, où bien des actions pren¬nent un caractère théâtral. Ils sont offerts soit par la nature, soit par l'homme, qui est souvent acteur et spectateur.

(Un roi sans divertissement (1947) de Jean Giono.)

« 176 chasse, et les torches; et la fête du 6 août à Saint-Baudille organisée par Mme Tim, où tout le château qu'elle fait parcourir à Saucisse, est décoré avec art.

Sacrés La messe de minuit (pp.

56-58) est un spectacle qui permet de rompre la mono­ tonie de l'hiver: la décoration de l'église avec du houx, du buis et des guirlandes de papier, les candélabres dorés, les chasubles brodées, la lumière des torches et des cierges, la fumée de l'encens, tout contribue à composer un tableau coloré magnifique qui contraste avec « dans la nuit très noire la muraille très noire de la forêt ».

C'est pourquoi Langlois demande à Martoune de lui montrer les chasubles du prêtre et à celui-ci l'ostensoir de l'église, dont les couleurs et l'éclat constituent un spectacle rare, qu'il contemple longuement (pp.

97-100).

Tragiques Le sang sur la neige, motif récurrent du roman, est perçu comme un spectacle par tous ceux qui contemplent ce violent contraste de couleurs -le rouge et le blanc - Eées à la mort, qu'elles annoncent à chaque fois, dans une prémonition tragique : « [ ...

}ces belles taches de sang frais sur la neige vierge» (p.

23).

Les trois morts qui mettent un terme à chaque partie du récit sont aussi présen­ tées comme des spectacles tragiques, de plus en plus théâtralisés : si la mort de M.V.

se déroule selon un cérémonial assez sobre, la mort du loup et la mort de Langlois ont un caractère spectaculaire.

Ill.

Pour quelles fonctions? Un divertissement La fonction première de ces spectacles est le divertissement au sens ordinaire de distraction; c'est précisément le cas de la fête organisée à Saint-Baudille par Mme Tim, qui veut distraire Langlois de son inaction et de sa mélancolie : « Ce fut très bien, Saint-Baudille.

Question de changer les idées on ne pouvait pas faire mieux.

A un point que pas une idée ne pouvait rester en place.

» (p.

198) Pourtant le strata­ gème est voué à l'échec car le mal est profond, comme le comprend très vite Saucisse, qui ponctue chaque tentative de Mme Tim par ces mots : «Tu peux courir! » Une initiation La fonction du spectacle du sang sur la neige, qui fascine par sa beauté, est de plonger celui qui le contemple dans une sorte de léthargie, un état second proche de l'hypnose.

Mais au-delà de cet effet premier, il constitue une initiation à la cruauté qui pousse ensuite le sujet à renouveler l'expérience en provoquant lui-même la mort.

D'ailleurs Giono, en faisant allusion à Perceval, évoque les drogues (p.

25).

Une purification Le spectacle de la messe de minuit est un substitut à la cruauté puisque la messe ritualise le sacrifice du fils de Dieu fait homme -le prêtre y boit d'ailleurs symboli­ quement le sang du Christ.

D'une part, le meurtrier est détourné de ses pulsions par le spectacle qui s'offre à lui, d'autre part, une mise à mort symbolique est évoquée sous ses yeux, l'effet est donc cathartique (p.

57).. »

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