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VADEBONCœUR Pierre : sa vie et son oeuvre

Publié le 11/11/2018

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VADEBONCŒUR Pierre. Écrivain canadien d'expression française. Bien qu’il ait publié ses premiers écrits peu après la guerre et qu’il ait collaboré activement à la revue Cité Libre, Pierre Vadeboncoeur fera surtout sentir son influence à partir de 1963, année de parution de la Ligne du risque, recueil d’essais qui marquera profondément le début de la « Révolution tranquille ». Dénonçant le conservatisme de l’époque du Premier ministre Duplessis, proposant comme modèle d’audace et de liberté intellectuelles le peintre automatiste Paul Émile Borduas (mort en 1960), cet ouvrage contenait en outre une importante analyse du mouvement syndical nord-américain, dans laquelle Vadeboncœur, lui-même permanent de la Confédération des syndicats nationaux depuis 1950, préconisait une rénovation des théories et des pratiques ouvrières québécoises — rénovation qui se produira effectivement au cours des années suivantes. Politiquement, Vadeboncœur prônait alors une forme de socialisme fédéraliste très proche de celui du Nouveau Parti démocratique, fondé à la même époque. Ses positions évolueront rapidement par la suite. Tout en demeurant un socialiste convaincu, comme en témoigne lfAutorité du peuple (1965), il adhérera de plus en plus à l’idéologie indépendantiste incarnée bientôt par le Parti québécois (fondé en 1968).

« nationaliste trouvera en Vadeboncœur l'un de ses défen­ seurs les plus acharnés (la Dernière Heure et la Pre­ mière, 1970), qui cherchera à maintenir ce nationalisme dans l'axe d'un humanisme et d'un socialisme authenti­ ques.

En même temps, Vadeboocœur se fera polémiste virulent (Leflres et colères, 1969; Un génocide en douce, 1976; Chaque jour, l'indépendance, 1978; To be or not to be, 1980), s'en prenant surtout à ses anciens compa­ gnons de Cité libre désormais au pouvoir à Ottawa (Tru­ deau, Marchand, Pelletier), qu'il accuse de faire le jeu d'intérêts économiques et culturels antiquébécois.

Mais à ces textes politiques, qui constituent ce qu'on pourrait appeler le versant «public» de son œuvre, répond une autre ligne de création, plus« privée », moins circonstancielle, et qui a produit jusqu'ici quatre livres d'une écriture extrêmement travaillée, retraçant des expériences spirituelles ou poétiques d'un tout autre genre, en apparence, que les combats du polémiste, mais qui sont peut-êt.re la vraie source d'inspiration de l'homme et de l'écrivain.

Le premier de ces livres, Un amour libre (1970), est le récit d'une fascination : fasci­ nation pour un enfant, fascination du dessin, fascination devant les puissances de l'imagination poétique.

Le deuxième, Indépendances ( 1972), est à la fois une réflexion sur le destin culturel du Québec et un consente­ ment aux nouvelles formes de liberté spirituelle et morale incarnées par la jeunesse occidentale de la fin des années 60.

Les Deux Royaumes ( 1978), toutefois, marqueront une rupture : « De grands changements sc sont produits dans ma pensée ...

».

C'est, de la part d'un intellectuel qui a vécu intensément le bouillonnement idéologique et culturel du Québec contemporain, une prise de distance radicale, l'instauration d'une réserve de l'esprit et une confiance absolue faite à la fois aux pouvoirs du spirituel, à l'art et aux grandes valeurs de la culture humaniste.

Ces positions seront reprises dans les «chroniques inactuelles » que 1 'écrivain donne à la revue Liberté, ainsi que dans ses Trois Essais sur l'insi­ gnifiance ( 1983), où s'exprime un refus de plus en plus péremptoire de l'esprit moderne et de ce qu'il appelle « la ruine de la culture ».

Dans la littérature québécoise actuelle, l'œuvre de Vadeboncœur occupe donc une position à la fois centrale (par sa thématique) et unique (par sa forme de pur essai).

Elle représente aussi un rare exemple d'engagement et d'intériorité, d'écriture militante et de poésie, de passion pour le présent et d'ouverture à l'intemporel.

[Voir aussi QuÉBEC.

Littérature du-et de l'Acadie).

BffiLIOGRAPHIE (En collaboration), Un homme libre : Pierre Vadeboncœur, Montréal, Leméac, 1974; Liberté, numéro spé cia l, novembre­ décembre 1979, articles deR.

Beaudoin, J.

Cellard, F.

Ricard ...

; R.

Vigneault, « Vadeboncœur, l'énonciation dans l'écriture de l'essai>>, Voix et images, VII, 3, 1982.

F.

RICARD. »

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