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puissante, confortablement assise auprès de la cheminée, et qui s'occupait à souffler le feu, afin de faire chauffer l'eau pour le thé.

Publié le 15/12/2013

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puissante, confortablement assise auprès de la cheminée, et qui s'occupait à souffler le feu, afin de faire chauffer l'eau pour le thé. La dame n'était pas seule, car de l'autre côté de la cheminée, tout droit dans un antique fauteuil, était assis un homme dont le dos était presque aussi long et presque aussi roide que celui du fauteuil lui-même. Cet individu, qui attira sur-le-champ l'attention spéciale de Sam, paraissait long et fluet. Son visage était couperosé, son nez rouge ; ses yeux méchants et bien éveillés tenaient beaucoup de ceux d'un serpent à sonnettes. Il portait un habit noir râpé, un pantalon très-court et des bas de coton noir qui, comme le reste de son costume, avaient une teinte rouillée. Son air était empesé, mais sa cravate blanche ne l'était pas, et pendait toute chiffonnée et d'une manière fort peu pittoresque sur son gilet boutonné jusqu'au menton. Sur une chaise, à côté de lui, étaient placés une paire de gants de castor, vieux et usés ; un chapeau à larges lords ; un parapluie fort passé, qui laissait voir une quantité de baleines, comme pour contre-balancer l'absence d'une poignée : enfin, tous ces objets étaient arrangés avec un soin et une symétrie qui semblaient indiquer que l'homme au nez rouge, quel qu'il fût, n'avait pas l'intention de s'en aller de sitôt. Pour lui rendre justice, il faut convenir que s'il avait eu cette intention, il eût fait preuve de bien peu d'intelligence ; car, à en juger par les apparences, il aurait fallu qu'il possédât un cercle de connaissances bien désirable, pour pouvoir raisonnablement espérer s'installer ailleurs plus confortablement. Le feu flambait joyeusement sous l'influence du soufflet, et la bouilloire chantait gaiement sous l'influence de l'un et de l'autre ; sur la table était disposé tout l'appareil du thé : un plat de rôties beurrées chauffait doucement devant le foyer, et l'homme au nez rouge, armé d'une longue fourchette, s'occupait activement à transformer de larges tranches de pain en cet agréable comestible. Auprès de lui était un verre d'eau et de rhum brûlant, dans lequel nageait une tranche de limon ; et chaque fois qu'il se baissait pour amener les tartines de pain auprès de son oeil, afin de juger comment elles rôtissaient, il sirotait une goutte ou deux de grog, et souriait en regardant la dame à la puissante encolure, qui soufflait le feu. La contemplation de cette scène confortable avait tellement absorbé les facultés pensantes de Sam, qu'il laissa passer sans y faire attention les premières interrogations de l'hôtesse, qui fut obligée de les répéter trois fois, sur un ton de plus en plus aigre, avant qu'il s'aperçût de l'inconvenance de sa conduite. « Le gouverneur y est-il ? demanda-t-il enfin. - Non, il n'y est pas, répondit Mme Weller, car la dame n'était autre que la ci-devant veuve et la seule et unique exécutrice testamentaire de feu M. Clarke. Non, il n'y est pas, et qui plus est je ne l'attends pas. - Je suppose qu'il conduit aujourd'hui ? reprit Sam. - Peut-être que oui, peut-être que non, répliqua Mme Weller en beurrant la tartine que l'homme au nez rouge venait de faire rôtir. Je n'en sais rien, et de plus je ne m'en soucie guère. - Dites un Benedicite, monsieur Stiggins. » L'homme au nez rouge fit ce qui lui était demandé, et attaqua aussitôt une rôtie avec une voracité sauvage. Son apparence, dès le premier coup d'oeil, avait induit Sam à suspecter qu'il voyait en lui le substitut du berger dont lui avait parlé son estimable père. Aussitôt qu'il le vit manger, tous ses doutes à ce sujet s'évanouirent, et il reconnut en même temps que s'il avait envie de s'installer provisoirement dans la maison, il fallait qu'il se mît sans délai sur un bon pied. Commençant donc ses opérations, il passa son bras par-dessus la demi-porte du comptoir, l'ouvrit, entra d'un pas délibéré, et dit tranquillement : « Ma belle-mère, comment vous va ? - Eh bien ! je crois que c'est un Weller ! s'écria la grosse dame en regardant Sam d'un air fort peu satisfait. - Un peu, que c'en est un ! rétorqua l'imperturbable Sam, et j'espère que ce révérend gentleman m'excusera si je dis que je voudrais bien être le Weller qui vous possède, bellemère. » C'était là un compliment à deux tranchants. Il insinuait que Mme Weller était une femme fort agréable, et en même temps que M. Stiggins avait une apparence ecclésiastique. Effectivement, il produisit sur-le-champ un effet visible, et Sam poursuivit son avantage en embrassant sa belle-mère. « Voulez-vous bien finir ! s'écria Mme Weller en le repoussant. - Fi ! jeune homme, fi ! dit le gentleman au nez rouge. - Sans offense, monsieur, sans offense, répliqua Sam. Mais malgré ça vous avez raison. Ces sortes de choses-là sont défendues quand la belle-mère est jeune et jolie, n'est-ce pas, monsieur ? - Tout ça n'est que vanité, observa M. Stiggins. - Oh ! c'est bien vrai, » dit mistress Weller en rajustant son bonnet. Sam pensa la même chose, mais il retint sa langue. Le substitut du berger ne paraissait nullement satisfait de l'arrivée de Sam, et quand la première effervescence des compliments fut passée, Mme Weller elle-même prit un air qui semblait dire qu'elle se serait très-volontiers passée de sa visite. Quoi qu'il en soit, Sam était là, et comme on ne pouvait décemment le mettre dehors, on l'invita à s'asseoir et à prendre le thé. « Comment va le père ? » demanda-t-il au bout de quelques instants. À cette question, Mme Weller leva les mains et tourna les yeux vers le plafond, comme si c'était un sujet trop pénible pour qu'on osât en parler. M. Stiggins fit entendre un gémissement. - Qu'est-ce qu'il a donc, ce monsieur ? demanda Sam. - Il est choqué de la manière dont votre père se conduit. - Comment ! C'est à ce point là ? - Et avec trop de raison, » répondit Mme Weller gravement. M. Stiggins prit une nouvelle rôtie et soupira bruyamment. « C'est un terrible réprouvé, poursuivit Mme Weller. - Un vase de perdition ! » s'écria M. Stiggins, et il fit dans sa rôtie un large segment de cercle et poussa un gémissement sourd. Sam se sentit violemment enclin à donner au révérend personnage une volée qui permit à ce saint homme de gémir avec plus de raison, mais il réprima ce désir et demanda simplement : « Le vieux fait donc des siennes, hein ? - Hélas ! oui, répliqua Mme Weller. Il a un coeur de rocher. Tous les soirs, cet excellent homme... ne froncez pas le sourcil, monsieur Stiggins, je soutiens que vous êtes un excellent homme... Tous les soirs, cet excellent homme passe ici des heures entières, et cela ne produit point le moindre effet sur votre réprouvé de père. - Eh bien ! voilà qui est drôle ! rétorqua Sam. Ça en produirait un prodigieux sur moi, si j'étais à sa place. Je vous en réponds ! - Mon jeune ami, dit solennellement M. Stiggins, le fait est qu'il a un esprit endurci. Oh ! mon jeune ami, quel autre aurait pu résister aux exhortations de seize de nos plus aimables soeurs, et refuser de souscrire à notre humble société pour procurer aux enfants nègres, dans les Indes occidentales, des gilets de flanelle et des mouchoirs de poche moraux. - Qu'est-ce que c'est qu'un mouchoir moral ? demanda Sam. Je n'ai jamais vu ce meuble-là. - C'est un mouchoir qui combine l'amusement et l'instruction, mon jeune ami ; où l'on voit des histoires choisies, illustrées de gravures sur bois. - Bon, je sais ; j'ai vu ça aux étalages des merciers, avec des pièces de vers et tout le reste,

« – Un peu, quec’en estun ! rétorqua l’imperturbable Sam,etj’espère quecerévérend gentleman m’excusera sije dis que jevoudrais bienêtreleWeller quivous possède, belle- mère. » C’était làun compliment àdeux tranchants.

Ilinsinuait queMme Weller étaitunefemme fort agréable, eten même tempsqueM. Stiggins avaituneapparence ecclésiastique.

Effectivement, il produisit sur-le-champ uneffet visible, etSam poursuivit sonavantage enembrassant sa belle-mère.

« Voulez-vous bienfinir ! s’écria Mme Weller enlerepoussant. – Fi ! jeune homme, fi !dit legentleman aunez rouge. – Sans offense, monsieur, sansoffense, répliqua Sam.Maismalgré çavous avezraison.

Ces sortes dechoses-là sontdéfendues quandlabelle-mère estjeune etjolie, n’est-ce pas, monsieur ? – Tout çan’est quevanité, observa M. Stiggins. – Oh ! c’est bienvrai, » ditmistress Wellerenrajustant sonbonnet. Sam pensa lamême chose, maisilretint salangue. Le substitut duberger neparaissait nullement satisfaitdel’arrivée deSam, etquand la première effervescence descompliments futpassée, Mme Weller elle-mêmepritunair qui semblait direqu’elle seserait très-volontiers passéedesavisite.

Quoiqu’ilensoit, Sam était là, et comme onnepouvait décemment lemettre dehors, onl’invita às’asseoir etàprendre le thé.

« Comment valepère ? » demanda-t-il aubout dequelques instants. À cette question, Mme Weller levalesmains ettourna lesyeux versleplafond, commesic’était un sujet troppénible pourqu’on osâtenparler. M. Stiggins fitentendre ungémissement. – Qu’est-ce qu’iladonc, cemonsieur ? demandaSam. – Ilest choqué delamanière dontvotre pèreseconduit. – Comment ! C’estàce point là ? – Et avec tropderaison, » répondit Mme Weller gravement. M. Stiggins pritune nouvelle rôtieetsoupira bruyamment. « C’est unterrible réprouvé, poursuivit Mme Weller. – Un vase deperdition ! » s’écriaM. Stiggins, etilfit dans sarôtie unlarge segment decercle et poussa ungémissement sourd. Sam sesentit violemment enclinàdonner aurévérend personnage unevolée quipermit àce saint homme degémir avecplusderaison, maisilréprima cedésir etdemanda simplement : « Le vieux faitdonc dessiennes, hein ? – Hélas ! oui,répliqua Mme Weller.

Ilaun cœur derocher.

Touslessoirs, cetexcellent homme… nefroncez paslesourcil, monsieur Stiggins,jesoutiens que vous êtes un excellent homme… Touslessoirs, cetexcellent hommepasseicides heures entières, etcela neproduit point lemoindre effetsurvotre réprouvé depère. – Eh bien ! voilàquiestdrôle ! rétorqua Sam.Çaen produirait unprodigieux surmoi, sij’étais à sa place.

Jevous enréponds ! – Mon jeune ami,ditsolennellement M. Stiggins,lefait estqu’il aun esprit endurci.

Oh !mon jeune ami,quel autre aurait purésister auxexhortations deseize denos plus aimables sœurs, et refuser desouscrire ànotre humble sociétépourprocurer auxenfants nègres,danslesIndes occidentales, desgilets deflanelle etdes mouchoirs depoche moraux. – Qu’est-ce quec’est qu’un mouchoir moral ?demanda Sam.Jen’ai jamais vucemeuble-là. – C’est unmouchoir quicombine l’amusement etl’instruction, monjeune ami ;oùl’on voit des histoires choisies,illustrées degravures surbois. – Bon, jesais ; j’aivuçaaux étalages desmerciers, avecdespièces devers ettout lereste,. »

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