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ACROPOLE, ACROPOLIS, substantif féminin.

Publié le 04/10/2015

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ACROPOLE, ACROPOLIS, substantif féminin.  

A.—  ANTIQUITÉ.  Partie la plus élevée d'une cité, servant de citadelle et ordinairement couronnée de sanctuaires. (Emploi absolu, le mot désigne l'acropole d'Athènes) : 

Ø 1. Du côté de la ville, je vois monter par la voie Sacrée, taillée dans le flanc même de l'Acropolis, la population religieuse d'Athènes, qui vient implorer Minerve et faire fumer l'encens de toutes ces divinités domestiques à la place même où je suis assis maintenant, et où je respire la poussière seule de ces temples.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 142. 

Ø 2. Un intervalle de ruines désertes, mais moins importantes, sépare la colline des grands temples, ou l'Acropolis de Balbek, de la nouvelle Balbek, habitée par les Arabes.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 2, 1835, page 192. 

Ø 3. Les vents ont dispersé les personnages de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique, au milieu desquels j'ai paru, et dont je viens de vous parler : l'un est tombé de l'Acropolis d'Athènes, l'autre du rivage de Chio; celui-ci s'est précipité de la montagne de Sion, celui-là ne sortira plus des flots du Nil ou des citernes de Carthage.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 241. 

Ø 4. À quoi servait cette colonne? Je n'en sais rien. Le rhéteur Aphthonius dit qu'elle s'élevait au milieu de la citadelle d'Alexandrie (qui, comme l'Acropole d'Athènes, contenait des temples, la bibliothèque, etc.) et qu'elle servait de point de repère au milieu des portiques, des galeries, des couloirs, des cours et des bâtiments qui l'entouraient.

MAXIME DU CAMP, Le Nil, Égypte et Nubie,  1854, page 13-14. 

Ø 5. L'image de la cité projetée, désirée, l'espoir de se créer une sûre forteresse, une noble et solide acropole, avait soutenu de longues années ces fermes citoyens.

JULES MICHELET, L'Insecte, introduction, 1857, page XXI. 

Ø 6. La colline de l'acropole, au centre de Byrsa, disparaissait sous un désordre de monuments. C'étaient des temples à colonnes torses avec des chapiteaux de bronze et des chaînes de métal, des cônes en pierres sèches à bandes d'azur, des coupoles de cuivre, des architraves de marbre, des contreforts babyloniens, des obélisques posant sur leur pointe comme des flambeaux renversés.

GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 1, 1863, page 57. 

Ø 7. Quand cette voix se tut, à Pise, près de là,

Du haut d'une acropole une autre voix parla :...

VICTOR HUGO, La Légende des siècles, Les Sept merveilles du monde, tome 4, 1877, page 511. 

Ø 8. Voici les îles d'Égine, de Salamine, et puis, dans une échancrure que forment deux belles montagnes, un rocher apparaît qui porte quelques colonnes et le triangle d'un fronton, le coeur hésite; le doigt, le regard interrogent. Cette petite chose?... C'est l'Acropole, semblable à un autel, et qui nous présente, avec la plus étonnante simplicité, le Parthénon.

Vue à trois lieues depuis la mer, au fond d'un golfe pur, resserrée entre les montagnes et sans défense, l'Acropole émeut comme un autel abandonné.

MAURICE BARRÈS, Le Voyage de Sparte,  1906, page 30. 

Ø 9. L'acropole hellénique, l'oppidum italiote, le bordj arabe, la casbah berbère ont un air de famille; elles procèdent des mêmes matériaux, affectent sur les cimes rocheuses les mêmes positions dominantes. On voit sur les côtes de Ligurie ou de Provence leurs murs croulants posés en nids d'aigles pour surveiller au loin l'horizon.

PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 157. 

Ø 10....jamais Cézanne le latin n'a été plus près de l'âme grecque; la montagne s'érige ainsi qu'une acropole, où la fermeté de Rome s'unirait au raffinement d'Athènes;...

RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible,  1955, page 94. 

B.—  Par analogie littéraire.  Lieu, souvent remarquable par sa hauteur, et possédant les caractéristiques ou la valeur symbolique d'un lieu fortifié ou sacré. 

1. Lieu fortifié : 

Ø 11.... Sisyphe avait jeté là son rocher et Job son tesson. En somme, terrible. C'était l'acropole des va-nu-pieds. Des charrettes renversées accidentaient le talus; un immense haquet y était étalé en travers, l'essieu vers le ciel, et semblait une balafre sur cette façade tumultueuse;...

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 410. 

Ø 12. La maison! elle est, dans mon souvenir, comme un donjon, comme une citadelle, notre acropole : pierre de taille par devant, rocailleuse meulière sur les hauts flancs aveugles.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, page 50. 

—  Au figuré : 

Ø 13. L'idée stoïcienne d'une acropole inexpugnable, d'une imprenable et invincible citadelle du libre choix retrouve ici un sens assez plausible.

VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 258. 

2. Lieu sacré : 

Ø 14. Cette colline [de Sion] , ce centre de la Lorraine, où étaient établis les Baillard, formait de toute éternité une acropole nationale et religieuse, un lieu saint, un lieu tout saturé de puissances mystiques.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, 1er.  janvier 1913-3 avril 1913, page 29. 

Ø 15. L'après-midi, le soleil frappera de biais ce spectacle jusqu'au soir; du moins il ne quittera guère les toits multicolores; et je crois bien que dès le matin il s'installera sur la menue acropole que forme le cimetière et dans les feuillages des plus hauts arbres; ce qui ne m'empêchera pas de l'avoir chez moi une bonne partie de la journée.

LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 47. 

—  Au figuré : 

Ø 16. L'école, c'est une petite chose qui change, mais l'église voilà l'acropole de nos sentiments et de nos idées.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 8, 1909-1911, page 180. 

3. Par extension.  [En parlant de lieux ou de constructions élevés, réels ou imaginaires, appelant une évocation historique, exotique, etc.] :

Ø 17.... soudain tout l'Orient éclata en musique. C'était plein d'incandescences et de laves qui de seconde en seconde allaient chacune attisant sa couleur, brillant en brillant, sombre en sombre, et cela restituait des acropoles de Titans, des querelles de dieux au-dessus d'Iliades, de fabuleux passages de mer Rouge, avec dans le fond, par derrière ces nuées barbares, des cités d'orangers qui descendaient. Puis tout s'apaisa. Alors le soleil vint dehors, blanc et net comme une hostie ou comme une perle et il roula sur la route à la façon d'un avion qui roule avant de s'enlever; enfin se détacha et monta,...

HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe,  1922, page 102. 

Ø 18. J'aperçois devant moi, de biais, un temple grec qui se découpe en sombre sur l'acropole coupante, profilée, d'un gratte-ciel : c'est le Subtreasury, l'ancienne douane, jadis Federal Hall, où Washington dont voici la statue, fut élu premier président des États-Unis.

PAUL MORAND, New-York,  1930, page 53. 

Remarque : 1. Dans ce dernier emploi, il est probable que les auteurs ont procédé à une analyse étymologie du mot. 2. Certains auteurs du XIXe.  siècle font de acropole un masculin (confer étymologie) : 

Ø 19.... c'est un brouillard sillonné d'éclairs, noyant dans une vapeur azurée et dorée les arbres de l'avenue, les maisons des deux côtés, la barricade; un brouillard, dans lequel s'étagent les bâtisses et la colonne de l'horizon, dans l'apparence vague d'un acropole.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  avril 1871, page 760. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 172. 

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