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APOTHÉOSE, substantif féminin.

Publié le 27/10/2015

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APOTHÉOSE, substantif féminin. ANTIQUITÉ CLASSIQUE. Acte de déification par lequel un personnage devient objet d'un culte officiel. A.— MYTHOLOGIE. Admission posthume des héros parmi les dieux de l'Olympe. Apothéose d'Hercule, d'Énée. B.— HISTOIRE ROMAINE. Cérémonie de déification (anthume ou posthume) des empereurs ou exceptionnellement d'une personne de la famille ou de l'entourage des empereurs. Apothéose de César, d'Auguste, d'Antinoüs (favori de l'empereur Adrien). Remarque : L'apothéose était représentée sur les médailles, pierres gravées, bas-reliefs, etc, sous la forme de l'ascension d'un aigle (pour les hommes) ou d'un paon (pour les femmes) emportant au ciel la personne divinisée. — Par analogie. 1. RELIGION CATHOLIQUE. Ascension et glorification posthume des saints : Ø 1. Au moment du départ, en attendant la poste d'Aarau, entrés à l'église des Jésuites, très parée, très coquette, pleine de marbres, de fresques déplorables, représentant la vie de saint François-Xavier, jusqu'à son apothéose, où le pape et toute l'Église le voit de terre monter au ciel, ou plutôt triompher dans le ciel sur un char attelé d'un éléphant et d'une girafe : rien de plus burlesque. JULES MICHELET, Journal, 1843, page 525. 2. Parfois ironique. Glorification d'une personne défunte : Ø 2.... il [Mouhled-din-Ibn-el-Arabi] eut plus tard son apothéose; on recherche pieusement ses restes, le sultan Selim lui fit faire un somptueux sarcophage et un grand kiosque de faïence bleue pour son sommeil. JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, La Galilée, 1896, page 167. Ø 3. La disparition d'un homme à la guerre, c'est une apothéose, une ascension, c'est une mort sans cadavre qui dispense des enterrements, des plaintes, et même des regrets, car le disparu semble s'être fondu plus vite qu'un squelette dans son sol, dans son air natal, et s'être aussitôt amalgamé à eux... JEAN GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, III, 5, page 146. 3. Honneurs exceptionnels décernés à une personne de son vivant : Ø 4.... jamais je n'encouragerai personne à entrer dans la carrière des lettres (...) les réputations éphémères meurent du soir au matin; grand homme la veille, on est un sot le lendemain, et tandis qu'une gazette fait votre apothéose, une autre gazette, à la même heure, vous traîne aux gémonies. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 486. Ø 5. Une chose bien curieuse en ce moment, c'est l'apothéose de Paul Valéry, sacré grand poète. PAUL LÉAUTAUD, Journal littéraire, 1910-1921, page 312. — Au figuré. [En parlant d'une chose concrète ou abstraite] Exaltation, beauté, grandeur surhumaine : Ø 6.... par suite de l'infaillible logique de la nature, le mot apothéose est un de ceux qui se présentent irrésistiblement sous la plume du poëte quand il a à décrire (...) un mélange de gloire et de lumière. CHARLES BAUDELAIRE, L'Art romantique, 1867, page 548. Ø 7. Notre grand coeur, c'était cette petite chose! Étions-nous assez fous, pourtant, les premiers jours! Tu te souviens, l'enchantement, l'apothéose? S'aimait-on!... et voilà : c'était ça, notre amour! PAUL GÉRALDY, Toi et Moi, 1913, page 142. Ø 8. La langue latine, la langue française sont deux réussites, ou deux apothéoses du soi — Le verbe y a la toute puissance. Le verbe y tient l'emploi d'un soleil. LÉON DAUDET, L'Hérédo, 1916, page 283. C.— Spécialement. 1. PEINTURE. Représentation de la gloire suprême décernée à des personnages illustres. Apothéose d'Homère (par Ingres), de Charles-Quint (par Titien), de Henri IV (par Rubens)... : Ø 9. Au plafond, deux magnifiques apothéoses, la première de ce même Tintoret. Sur les marches d'un escalier qui monte jusqu'au ciel, s'échelonnent les doges, les drapeaux des provinces sujettes de la dominante République. Au-dessous, des balcons chargés de belles patriciennes. Au-dessus, des renommées symbolisant le triomphe. JULES MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, page 456. 2. SPECTACLES. Mise en scène triomphale d'une partie d'une pièce à spectacle, à laquelle participe toute la troupe. Apothéose d'Opéra, de féerie, de revue, de ballet; effet, triomphe d'apothéose; apparaître dans une apothéose. — Par comparaison : Ø 10. «... Odette, Sagan qui vous dit bonjour », faisait remarquer Swann à sa femme. Et, en effet, le prince, faisant comme dans une apothéose de théâtre, de cirque, ou dans un tableau ancien, faire front à son cheval, adressait à Odette un grand salut théâtral et comme allégorique, où s'amplifiait toute la chevaleresque courtoisie du grand seigneur inclinant son respect devant la femme, fût-elle incarnée en une femme que sa mère ou sa soeur ne pourraient pas fréquenter. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 640. Remarque : " On désigne aussi sous le nom d'apothéoses certaines décorations théâtrales, fort compliquées et destinées à servir de tableau final dans les féeries ou les pièces à grand spectacle. " (JULES ADELINE, Lexique des termes d'art, 1884). 3. PHYSIQUE. " Phénomène d'optique qui se montre sur les nuages ou les brouillards à l'opposé du soleil et qui consiste en cercles irisés, dont l'observateur voit son ombre couronnée. Synonymes : gloires, ombres frangées, couronnes antisolaires. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 345. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 269, b) 865; XXe. siècle : a) 756, b) 319. Forme dérivée du verbe "apothéoser" apothéoser APOTHÉOSER, verbe transitif. A.— [Le complément désigne une personne ou une faculté humaine] " Mettre au rang des dieux " (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). — Par analogie : Ø 1. Je me souviens ainsi d'un raout des plus bourgeois, pourtant, mais où j'ai cru assister à un bal de demi-dieux (...) l'Europe avait délégué là [en Californie] , dans le bonheur et l'éclat d'un paradis du Pacifique, des échantillons humains apothéosés par la sélection naturelle, le sport et la joie de vivre. Une race nouvelle, un ballet bachique, dans quelque Olympe fabuleux. PAUL MORAND, L'Eau sous les ponts, 1954, page 170. — Au figuré. Glorifier, exalter : Ø 2. Voulant ridiculiser l'Apothéose de Voltaire, j'ai dû dire Apothéoser, l'auteur de la Pucelle Apothéosée;... LOUIS-SÉBASTIEN MERCIER, Néologie ou Vocabulaire des mots nouveaux, tome 1, 1801, page 40. · S'apothéoser.. S'exalter : Ø 3. De cette multitude [de mes moi] au moins soyons le roi! Mon orgueil peut encor dans sa déconfiture À s'apothéoser ainsi trouver pâture. JEAN RICHEPIN, Mes paradis, 1894, page 189. B.— [Le complément désigne une chose] Transfigurer : Ø 4. Tout, hommes, paysages, palais, dans le monde lyrique, est pour ainsi dire apothéosé. CHARLES BAUDELAIRE, L'Art romantique, 1867, page 548. Ø 5. Je t'adore, Soleil! Tu mets dans l'air des roses, Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson! Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses! EDMOND ROSTAND, Chantecler, 1910, page 28. Remarque : 1. Néologisme pour Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892. Attesté également dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 (inusité), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Nouveau Larousse illustré et Grand Larousse encyclopédique en dix volumes 2. La documentation fournit un exemple d'emploi adjectival du participe présent apothéosant « qui apothéose » : " ... [aux courses du Cirque, au moment de la victoire,] toutes les énergies de l'âme projetées en un spasme (...) plus profond, plus apothéosant que le spasme même de l'amour! " (JEAN RICHEPIN, Contes de la décadence romaine, 1898, page 122).

« qui dispense des enterrements, des plaintes, et m?me des regrets, car le disparu semble s'?tre fondu plus vite qu'un squelette dans son sol, dans son air natal, et s'?tre aussit?t amalgam? ? eux... JEAN GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, III, 5, page 146.

3.

Honneurs exceptionnels d?cern?s ? une personne de son vivant?: ? 4....

jamais je n'encouragerai personne ? entrer dans la carri?re des lettres (...) les r?putations ?ph?m?res meurent du soir au matin; grand homme la veille, on est un sot le lendemain, et tandis qu'une gazette fait votre apoth?ose, une autre gazette, ? la m?me heure, vous tra?ne aux g?monies. FRAN?OIS-REN? DE CHATEAUBRIAND, M?moires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 486.

? 5.

Une chose bien curieuse en ce moment, c'est l'apoth?ose de Paul Val?ry, sacr? grand po?te. PAUL L?AUTAUD, Journal litt?raire, 1910-1921, page 312.

? Au figur?.

[En parlant d'une chose concr?te ou abstraite] Exaltation, beaut?, grandeur surhumaine?: ? 6....

par suite de l'infaillible logique de la nature, le mot apoth?ose est un de ceux qui se pr?sentent irr?sistiblement sous la plume du po?te quand il a ? d?crire (...) un m?lange de gloire et de lumi?re. CHARLES BAUDELAIRE, L'Art romantique, 1867, page 548.

? 7.

Notre grand coeur, c'?tait cette petite chose! ?tions-nous assez fous, pourtant, les premiers jours! Tu te souviens, l'enchantement, l'apoth?ose? S'aimait-on!...

et voil?: c'?tait ?a, notre amour! PAUL G?RALDY, Toi et Moi, 1913, page 142.

? 8.

La langue latine, la langue fran?aise sont deux r?ussites, ou deux apoth?oses du soi ? Le verbe y a la toute puissance.

Le verbe y tient l'emploi d'un soleil. L?ON DAUDET, L'H?r?do, 1916, page 283.

C.? Sp?cialement.

1.

PEINTURE.

Repr?sentation de la gloire supr?me d?cern?e ? des personnages illustres.

Apoth?ose d'Hom?re (par Ingres), de Charles-Quint (par Titien), de Henri IV (par Rubens)...?: ? 9.

Au plafond, deux magnifiques apoth?oses, la premi?re de ce m?me Tintoret.

Sur les marches d'un escalier. »

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