Définition: AMORTISSANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Définition: AMORTISSANT, -ANTE, participe présent et adjectif. I.— Participe présent de amortir* II.— Emploi adjectival. A.— [En parlant d'un inanimé concr] Qui rend moins violent, calmant : Ø 1. [Mme. Troupeau à M. Baisemon.] — Oh! ç'en est surnaturel (...) il faut que cet Auguste lui ait donné [à Virginie] quelque drogue pour lui tourner la tête! (...) — Si vous faisiez demander à l'apothicaire une potion amortissante? PAUL DE KOCK, La Pucelle de Belleville, 1834, page 329. B.— Au figuré, péjoratif. [En parlant d'un inanimé abstrait] Dégradant : Ø 2. Je pense aux archanges de la chute des rebelles de Breughel. Les armures (...), les flèches de flammes de saint Michel et de saint Georges ne pourraient ici [dans les cafés de Marseille] servir de rien, elles s'embouseraient tout de suite dans un coton sans autre caractère que fluant, gluant et amortissant. JEAN GIONO, Triomphe de la vie, 1941, page 10. Remarque : Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) et Nouveau Larousse illustré donnent le sens " qui amortit en parlant d'une dette, d'une redevance ". Cet emploi, mal attesté, représentait un essai intéressant pour opposer amortisseur, réservé au sens " qui affaiblit " à amortissant, servant pour le sens " qui met fin à ". STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 9. Forme dérivée du verbe "amortir" amortir AMORTIR, verbe transitif. I.— Emploi transitif. Affaiblir graduellement, le cas échéant en la supprimant, une force, une charge pénible. A.— [Aspect non perfectif : l'affaiblissement est une fin en soi et n'entraîne pas suppression] 1. [L'objet désigne un inanimé concret] Rendre moins violent, atténuer graduellement. a) [L'objet désigne un mouvement à impact violent : choc, chute, coup, etc.] : Ø 1. Le poisson-lune, par exemple, a sous sa peau une couche épaisse de deux ou trois travers de doigt d'une substance blanche, semblable à du lard, mais qui présente tous les caractères chimiques de l'albumine. L'usage de ces diverses substances placées sous la peau paroît être d'amortir les coups et les autres chocs venant du dehors, et de diminuer leur effet sur les chairs;... GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 2, 1805, page 578. Ø 2. Si Philippe reçut un coup de sabre qui lui coupa le front et une partie de la figure, il fendit obliquement la tête de Max par un terrible retour du moulinet qu'il opposa pour amortir le coup d'assommoir que Max lui destinait. HONORÉ DE BALZAC, La Rabouilleuse, 1842, page 543. Ø 3. Si les secousses paraissent fusionnées dans les cas normaux, cela tient sans doute à ce que les différents faisceaux de fibres d'un muscle ne sont pas tétanisés d'une façon synchrone; la somme de leurs oscillations, encore amorties par l'élasticité musculaire, donne alors une contraction globale régulièrement soutenue. HENRI CAMEFORT, A. GAMA, Sciences naturelles, 1960, page 192. b) Par analogie. [L'objet désigne un phénomène naturel susceptible de produire un choc sur la sensibilité physique] — [Sur la vue, etc. : lumière, couleur] Diminuer l'éclat de, estomper : Ø 4. Gervaise couvrit le feu de deux pelletées de cendre. Elle imagina en outre de tendre une paire de draps sur les fils de laiton du plafond, en manière de stores, afin d'amortir le soleil. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 510. Ø 5. Cependant, sous le ciel gris de perle, Venise amortit ses verts et éclaire ses roses. PAUL-JEAN TOULET, Mon amie Nane, 1905, page 131. — [Sur l'ouïe : bruit] Assourdir : Ø 6. Par le sentier un homme s'avance, c'est un pasteur vêtu d'un manteau blanc que fixe autour de sa tête un cercle d'airain; il porte un bâton recourbé et marche dans des sandales de peau de bouc qui amortissent le bruit de ses pas. GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 380. — [Sur la sensibilité d'un objet naturel, etc.] : Ø 7. Dans notre Bretagne, où la propriété est morcelée, les champs sont fréquemment entourés de talus recouverts de végétation, qui gênent le ruissellement des eaux et amortissent les vents, protégeant ainsi le sol qui s'altère moins que dans beaucoup de régions de grande culture. CHARLES MAURAIN, La Météorologie et ses applications, 1950, page 234. c) [Aux sens physique a et b, mais avec un objet désignant un choc mécanique] — Dans le vocabulaire technique général : Ø 8.... l'air alternativement refoulé et aspiré dans le cylindre modérateur amortit le mouvement de la soupape et l'empêche de battre sur son siège. JULIEN-NAPOLÉON HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, page 548. Ø 9. La bêche de crosse [dans l'affût à coulisse] supporte (...) directement la percussion du tir, amortie par des freins. CAPITAINE ALVIN, Leçons d'artillerie, 1. Le Matériel, 1908, page 118. Ø 10. Quand on veut amortir plus complètement le bruit de l'échappement, on met deux pots d'échappement à la suite l'un de l'autre... RENÉ CHAMPLY, Nouvelle encyclopédie pratique, tome 18, 1927, page 171. Ø 11. Pour amortir les changements de régime [des alternateurs d'émission radiotélégraphique] , on peut (...) compter sur les variations des couples moteur et résistant ainsi que sur le gros moment d'inertie des masses tournantes. JOSEPH MERCIER, Traité de radio-électricité, Oscillateurs à haute fréquence, tome 1, 1937, page 78. Ø 12. Les anneaux présentent sur les menottes utilisées dans le cas des wagons l'avantage de pouvoir s'incliner latéralement, ce qui donne plus de souplesse à l'articulation et permet à la suspension de mieux amortir les efforts transversaux ressentis par le véhicule. MAURICE BAILLEUL, Notions de matériel roulant des chemins de fer, 1951, page 102. — Dans certaines techniques en particulier. · ART CULINAIRE. [L'objet désigne des herbes, des légumes] Rendre moins âcre (et accessoirement rendre plus souple) : Ø 13. Après avoir été épluchée et lavée avec soin, on jette la chicorée dans l'eau bouillante, ou on la retourne jusqu'à ce qu'elle soit amortie et non cuite. LOUIS-EUSTACHE AUDOT, La Cuisinière de la campagne et de la ville, 1896, page 642. Remarque : " Dans cette acception, il s'emploie plus ordinairement comme neutre. " (Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1878, DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). Confer infra II A 2 b. Par analogie. [L'objet désigne de la viande] Rendre plus tendre. Synonyme plus usuel : mortifier : Ø 14. Entrecôte au jus. Vous prenez la côte de boeuf qui se trouve sous le paleron; vous la parez (...) il faut la battre afin de l'amortir... ANDRÉ VIARD, Le Cuisinier royal, 1831, page 86. · DROIT ANCIEN. · IMPRIMERIE ANCIENNE. Amortir les cuirs. " Les faire tremper dans l'eau pour les rendre plus souples, afin de les monter plus facilement sur les balles. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). · MARINE. Amortir une embardée, une abattée. Les atténuer (confer Le Clère 1960). — Dans le domaine des Beaux-Arts, en particulier. · MUSIQUE : Ø 15.... dans les fanfares françaises (...) les saxotrombes remplacent avec avantage les cors, dont la sonorité a pour effet d'amortir l'éclat des trompettes et des cornets. FRANÇOIS-AUGUSTE GEVAERT, Traité général d'instrumentation, 1885, page 294. · PEINTURE : Ø 16. Si l'on se prévaut de l'absence de touche de certains tableaux de grands maîtres, il ne faut pas oublier que le temps amortir la touche. EUGÈNE DELACROIX. Journal, tome 3 1863, page 19. 2. Au figuré. Diminuer progressivement quelque chose. a) [L'objet est un inanimé abstrait] Amortir le(s) feu(x) de la jeunesse, amortir les passions (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 17. Il [le syndicat] apaise les mécontentements, il amortit les plaintes, il sert la marche de l'entreprise. Traité de sociologie (sous la direction de Georges Gurvitch) tome 1, 1967, page 485. — Absolument : Ø 18. Son rôle [de la morale] est de s'interposer, d'amortir, d'empêcher. MARCEL AYMÉ, Travelingue, 1941, page 160. b) Vieilli, rare. [L'objet désigne une collectivité ou une personne ou les qualités d'une collectivité ou d'une personne] Diminuer l'originalité excessive de : Ø 19. La France française a su attirer, absorber, identifier les Frances anglaise, allemande, espagnole, dont elle était environnée. Elle les a neutralisées l'une par l'autre, et converties toutes à sa substance. Elle a amorti la Bretagne par la Normandie, la Franche-Comté par la Bourgogne;... JULES MICHELET, Introduction à l'Histoire universelle, 1831, pages 446-447. — Péjoratif. Diminuer l'éclat de quelqu'un ou d'une qualité de quelqu'un : Ø 20. Ce théâtre n'a pas su non plus, ou n'a pas voulu conserver ou employer les comédiens de talent qu'il avait. Il a maladroitement ou à dessein amorti Madame Dorval, notre première tragédienne, et l'a complètement sacrifiée à Mademoiselle Georges. ALFRED DE MUSSET, dans la Revue des Deux-Mondes, 30 août 1832, page 642. Ø 21.... il [Camille Jordan] ne se blasa jamais comme tant d'autres avec les années; l'expérience n'émoussa point sa vivacité et n'amortit point sa fraîcheur morale... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 12, 1863-1869, page 335. B.— [Aspect perfectif : l'affaiblissement aboutit à la suppression de son objet] 1. Diminuer le plus souvent graduellement (une force, une charge aux effets dangereux ou pénibles) jusqu'à suppression ou arrêt complet. a) MARINE. Amortir un bateau, " l'échouer très haut par une grande marée, de manière (...) qu'il reste au sec pendant toute la morte-eau " (Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE)); amortir l'erre (d'un navire), " freiner peu à peu la vitesse acquise d'un bateau jusqu'à le stopper complètement " (Dictionnaire de la voile (MICHEL BARBEROUSSE) 1969). b) Par analogie. FINANCES. — [L'objet désigne une dette, un emprunt, une rente, etc.] Éteindre une dette, une redevance, etc. en remboursant le capital par paiements successifs. Amortir la dette publique : Ø 22. Pierre, par la même occasion, amortit et acquitte définitivement la pension de sa fille religieuse. ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 481. · Plus particulièrement. Amortir une action. Rembourser à l'actionnaire le montant nominal de cette action et la remplacer par une action de jouissance. — [L'objet désigne une acquisition importante, une construction, etc.] Pour tel bien donné, reconstituer, principalement à l'aide de sommes provenant de son exploitation, le montant, revalorisé en pouvoir d'achat, du capital dépensé pour se procurer ce bien. Amortir une maison, un matériel : Ø 23. Cette affaire lui laissa un bénéfice net d'environ cent soixante mille francs. Il gardait de plus entre les mains un outillage neuf, mieux adapté que l'ancien à la fabrication des chaussures militaires, outillage qui se trouvait déjà presque amorti, et qui allait lui permettre de travailler avec une marge de profit plus grande. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, page 170. Ø 24. Les routiers pourraient faire observer qu'en contrepartie le capital de la SNCF est amorti, que l'État prend en charge la reconstruction, la modernisation et l'équipement du chemin de fer alors qu'eux sont obligés d'amortir leur matériel avec leurs bénéfices d'exploitation. CHRISTIAN PINEAU, La S.N.C.F. et les transports français, 1950, page 40. Remarque : 1. Ce sens apparaît pour la première fois dans Dictionnaire de l'Académie Française tome 1 1932. 2. À ce sens se rattache le sens de amortir en comptabilité " déterminer la perte subie sur les valeurs d'actifs amortissables et les imputer soit aux coûts de revient, soit aux résultats " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). c) [Autres domaines] — DROIT ANCIEN. — HORLOGERIE : Ø 25. [il se produit une] Extinction naturelle des vibrations pendulaires libres amorties à la fois par une résistance visqueuse et par un frottement constant JULES ANDRADE, Horlogerie et chronométrie, 1924, page 50. — SPORTS (FOOTBALL). " Immobiliser le ballon pour s'en rendre maître. " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). — TECHNOLOGIE. Amortir la chaux vive. L'éteindre " en jetant de l'eau dessus, et en l'écrasant, en la corroyant pour la rendre propre à faire du mortier " (Dictionnaire des ouvriers du bâtiment (S. JOSSIER) 1881). 2. Au figuré ou par métaphore, rare : Ø 26. Grâce à la justice tardive des heures qui amortissent les rancunes, les étonnements et les mauvais vouloirs, et emportent lentement chaque obstacle dans la tombe, nous ne sommes plus au temps où le nom de M. Delacroix était un motif à signe de croix pour les arriéristes, et un symbole de ralliement pour toutes les oppositions, intelligentes ou non;... CHARLES BAUDELAIRE, Salon de 1845, 1845, page 8. Ø 27. La mansuétude de l'âge avait calmé les plus vives colères. La vie avait repris son cours, fermant les blessures, réparant les désastres, amortissant les regrets, ou les apaisant sous des regrets plus récents. EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 69. II.— Emplois pronominaux et neutres. A.— [Le sujet désigne une réalité physique] 1. [Le sujet désigne un mouvement violent, un coup, un bruit, une couleur] Devenir plus faible, moins violent. S'amortir par degrés, insensiblement, vite : Ø 28. La voiture avançait en égrenant un joli chapelet de détonations qui s'amortissaient dans l'étendue. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise, 1934, page 86. — Dans la langue technique générale : Ø 29. On peut montrer que l'opérateur de Boltzmann admet comme fonctions propres les fonctions sphériques, famille de fonctions à deux indices qui correspondant à des anisotropies d'autant plus fortes que les indices sont élevés. En partant d'une fonction de distribution arbitraire des électrons dans l'espace des vitesses, on montre alors que, par collisions avec les molécules supposées en équilibre thermique, les anisotropies initiales s'amortissent dans le temps :... Histoire générale des sciences (sous la direction de René Taton) tome 3, volume 2, 1964, page 316. 2. [Le sujet désigne une chose à effet dangereux ou pénible] Être réduit progressivement jusqu'à l'arrêt complet, jusqu'au néant, etc. Venir s'amortir. a) Dans la langue technique générale : Ø 30.... il est encore des natures flasques et cotonneuses où les idées d'autrui viennent mourir comme des boulets s'amortissent dans la terre molle des redoutes. HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 114. Ø 31. La vibration d'un excitateur s'amortit donc beaucoup plus vite que celle d'un résonateur. HENRI POINCARÉ, La Théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, 1899, page 49. b) En particulier. — ART CULINAIRE. Devenir plus tendre. Faire amortir des herbes dans de l'eau bouillante, faire amortir du cerfeuil sur une pelle rouge (Dictionnaire de l'Académie Française). — BEAUX-ARTS : Ø 32. Dans la pratique le choc de seconde s'amortit ordinairement en la dissonance moins âpre de septième majeure ou mineure. FRANÇOIS-AUGUSTE GEVAERT, Traité d'harmonie, 1885, page 260. Ø 33. La couleur conserve sur le tableau sa valeur entière; tout au plus peut-elle s'amortir avec la distance, se nuancer de reflets. FRANÇOIS-CHARLES BARLET, JULIEN LEJAY, L'Art de demain, 1897, page 30. — FINANCES : Ø 34. Les rentes viagères s'amortissent par la mort du titulaire. Larousse du 19e. siècle. Ø 35. Son atelier est garni maintenant de l'indispensable collection des machines nécessaires. Il a son « poste », ses meules, sa scie, ses sensitives, ses grosses perceuses, son étampeuse, ses cisailles, ses coupe-fer, ses poinçonneuses, ses grugeoirs, ses chignoles, que savons-nous encore?... Mais, hélas! Tout cela ne travaille guère, fâcheux capital qui ne s'amortit pas,... FERNAND FILLON, Le Serrurier, 1942, page 38. — MARINE. Amortir, s'amortir. · [En parlant de la mer] : Ø 36. L'on dit que la mer amortit quand les marées, (...) diminuent de hauteur. ÉMILE-THÉODORE, BARON QUINETTE DE ROCHEMONT, Cours de travaux maritimes, 1900, page 2. Ø 37. Les marées s'amortissent lorsque leur coefficient diminue peu à peu et qu'elles perdent de l'amplitude jusqu'à arriver aux mortes-eaux. Dictionnaire de la voile (MICHEL BARBEROUSSE) 1969. · [En parlant d'un bâtiment] Rester échoué ou plus rarement attendre sur rade pendant les mortes-eaux avant de reprendre la mer ou de remonter une rivière, avec les fortes marées. 3. Régionalisme (Anjou, Canada) : Ø 38. Le feu va s'amortir, mets-y donc eine fournille. GLOSSAIRE ÉTYMOLOGIQUE ET HISTORIQUE DES PATOIS ET DES PARLERS DE L'ANJOU (ANATOLE-JOSEPH VERRIER, RENÉ ONILLION) TOME 1 1908, page 34. Ø 39. Lorsque la chaleur semblait diminuer, la mère Chapdelaine disait d'un ton inquiet : — Ne laissez pas amortir le feu, les enfants! Et Maria, Tit'Bé ou Télesphore ouvrait la petite porte du foyer, jetait un coup d'oeil et s'en allait vers la pile de bois sans tarder. LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, pages 115-116. Remarque : Dans l'exemple 39, la forme neutre remplace la forme pronominale derrière le semi-auxiliaire laisser; confer aussi supra A 2 b art culinaire. B.— Au figuré. [Le sujet désigne généralement un inanimé abstrait] 1. S'affaiblir : Ø 40. J'avais dit cela parce qu'au contraire je savais que dans la fréquentation constante mon amour s'amortissait et que la séparation l'exaltait;... MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Fugitive, 1922, page 469. — Péjoratif. Se dégrader : Ø 41.... [l'inactivité] fait dériver la force émotive, sans la réduire totalement, vers une action dégradée, de puissance ou de complication pauvres, une partie de l'énergie émotive ayant été employée à vaincre le freinage de l'inactivité : l'élan religieux s'amortit en religiosité ou en ferveur esthétique, l'orgueil en vanité, la haine en ressentiment et en calomnie verbale,... EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 245. — Par analogie : Ø 42. Ainsi, peu à peu, tout l'argent avait disparu de ma caisse pour aller s'amortir dans des acquisitions peu productives ou des créances équivoques. LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 391. 2. [Avec une idée de mort, de fin, d'arrêt] S'éteindre, disparaître : Ø 43. En Angleterre, la couronne laissait volontiers les pairies s'amortir; sous Anne (...) les extinctions depuis le douzième siècle avaient fini par faire un total de cinq cent soixante-cinq pairies abolies. VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 3, 1869, page 124. — Par analogie : Ø 44. Le Directoire crée pourtant un type de siège extrêmement confortable : la chaise gondole (...). Ce siège généralement assez bas est une savante combinaison du fauteuil en cabriolet et du fauteuil de bureau. Il possède un dossier arrondi et très enveloppant qui vient s'amortir en pente douce jusqu'à la ceinture du siège, formant ainsi les accotoirs. JACQUELINE VIAUX, Le Meuble en France, 1962, pages 126-127. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 195.