Définition: ARCHE2, substantif féminin.

Définition: ARCHE2, substantif féminin. I.— HISTOIRE SAINTE (Ancien Testament). A.— Arche, arche d'alliance, arche sainte ou arche du Seigneur. 1. Sorte de coffre en bois de cèdre renfermant les tables de la loi données à Moïse sur le Mont Sinaï, et qui est recouvert d'un couvercle en or dit propitiatoire et surmonté de deux chérubins : Ø 1. Moïse voulut en vain effacer de sa religion tout ce qui rappelait le culte des astres : une foule de traits restèrent malgré lui pour le retracer; et les sept lumières ou planètes du grand chandelier, les douze pierres ou signes de l'urim du grand prêtre, (...) enfin, le nom d'Osiris même conservé dans son cantique, et l'arche ou coffre imité du tombeau où ce Dieu fut enfermé, demeurent pour servir de témoins à la filiation de ses idées, et à leur extraction de la source commune. CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 294. 2. Par extension. a) [Par référence à l'endroit où l'on plaçait l'arche à l'origine] Tabernacle : Ø 2.... un usage qu'ils [les Beni-Israël] adoptèrent [des Hyksos] fut celui des arches ou tabernacles, abritant derrière les ailes d'éperviers affrontés et sous une autre grande aile oblique, formant châle, l'image du dieu, invisible pour les profanes. ERNEST RENAN, Histoire du peuple d'Israël, tome 1, 1887-92, page 145. · Arche portative (ERNEST RENAN, Histoire des origines du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, page 6 ). b) Sorte d'armoire dans les synagogues où l'on enferme les livres saints et en particulier le Pentateuque. Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Nouveau Larousse illustré, Grand Larousse encyclopédique. 3. Par métaphore et au figuré. a) Peut désigner ce qu'il n'est pas permis de contester, principe inviolable. — [Par référence aux tables de la loi] Écrit s'érigeant en loi universelle et qu'il convient de respecter (Confer Mme. DE STAËL, CONSIDÉRATIONS SUR LES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, TOME 2, 1817, PAGE 19). — [Par référence au caractère de sainteté de l'arche] Sanctuaire : Ø 3. Coblentz même, l'incomparable Coblentz, cette arche sainte aux yeux de nous autres profanes, ce sanctuaire unique, ce nous semble, d'honneur et de zèle, Coblentz était entaché de modérantisme, et on le réputait trop monarchien pour le reconnaître monarchique. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, tome 1, 1869, page 56. Ø 4. Ainsi les accueillons-nous tous, en les dénombrant [les victimes de la guerre] , dans l'arche de notre mémoire encombrée de martyrs. FRANÇOIS MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, page 431. b) [En parlant d'une personne] Être pur, médiateur entre Dieu et les hommes : Ø 5. Je devenais l'arche de l'ancienne et de la nouvelle alliance, le médiateur naturel entre l'ancien et le nouvel ordre de choses. EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 1075. B.— Arche de Noé. 1. Au propre. Arche ou arche de Noé. Sorte de grand vaisseau en bois formant coffre que Noé construisit par ordre de Dieu et où il se réfugia avec sa famille et plusieurs espèces d'animaux pour échapper au déluge. La Colombe de l'arche. — JEUX. Jouet en forme de coffre flottant contenant des échantillons en bois des couples d'êtres réfugiés dans l'Arche de Noé de la Bible. Offrir une arche de Noé à un enfant. 2. Par extension. Bateau, navire : Ø 6. Nous nous arrêtâmes pour contempler l'arche magnifique (un yacht) apportée par la mer... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 60. — Par comparaison. Bâtiment, maison située loin de tout : Ø 7. La foule murmurante qui bat les murs de Sainte-Marie-Majeure, les trompettes d'argent, ce silence qui, avec la voix du père, déborde la ville, recouvre la misérable Europe et s'étend jusqu'aux confins du monde, tout cela grâce à la radio m'est donné, tandis que je songe, dans cette vieille maison, arche perdue au milieu d'une campagne noyée. FRANÇOIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 291. 3. Au figuré. a) [Par référence à l'arche, symbole religieux] · L'arche. L'Église, la communion des fidèles : Ø 8. Que fût devenu le monde, si la grande arche du christianisme n'eût sauvé les restes du genre humain de ce nouveau déluge? FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 2, 1803, page 586. · Être hors de l'arche. Être hors de l'Église. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires. b) Par extension. Lieu de refuge et de salut : Ø 9.... le Liban est un refuge, une arche de salut pour les races traquées. MAURICE BARRÈS, Une Enquête aux pays du Levant, 1923, page 69. c) [Par référence à la diversité des occupants de l'arche] — Proverbial et familier. Arche de Noé. Lieu où sont réunis personnes et animaux de toute espèce : Ø 10. De Belfast je suis passé en Écosse par l'industrieuse, la commerçante Glascow. Le vaste et lourd bateau qui va nous y conduire, est une véritable arche de Noé, tout sexe, tout âge, toute race, toute espèce y est pour ainsi dire représentée : chiens, chats, poules, des moutons, des boeufs, des chevaux. Toutes ces pauvres bêtes qu'on va vendre en Écosse, sont étrangement dépaysées. JULES MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, page 105. — Péjoratif. « Le Constitutionnel, cette arche de Noé des vieilleries » (HONORÉ DE BALZAC, Œuvres diverses, tome 3, 1850, page 578 ). — [Dans un sens restrictif] Rassemblement d'une élite : Ø 11. Ce que rêve Courier à cette date, ce n'est pas de noyer tout le genre humain, quoique détestable, mais de faire une arche de quelques personnes d'élite et d'y vivre entre soi. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 6, 1851-62, page 339. II.— Emplois techniques. par analogie avec la forme d'un coffre, soit au sens I A, soit au sens I B. A.— ARCHÉOLOGIE. Arche sépulcrale (Chez les anciens). Sorte de cercueil en forme de coffre, en marbre ou en terre cuite dont le couvercle était souvent orné de sculptures. Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré. B.— DROIT (ANCIENNE JURISPRUDENCE). Arches ou arches d'aman. Archives de notaire. Remarque : Attesté dans Glossaire de l'ancien droit français (Dupin, Édouard Laboulaye) 1846, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Nouveau Larousse illustré, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes avec la définition suivante " Coffre en bois sculpté, généralement à couvercle bombé servant à conserver trésors et archives ", d'où, par synecdoque, le sens " d'archives " et parfois de " trésor " (attesté dans le Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, confer infra emplois argotiques). · " Dépôts d'actes privés reçus par les magistrats municipaux dans les communes du Nord, à partir du XIIIe. siècle " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). C.— MARINE. Arche ou arche de pompe. Boîte ou caisse établie dans la cale autour des pompes, pour les préserver des chocs éventuels. Synonyme : archipompe*. Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE DE MARINE (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ) 1831, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, GLOSSAIRE NAUTIQUE (AUGUSTIN JAL) 1848, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. D.— TECHNOLOGIE (VERRERIE). Four secondaire en briques relié au four principal par des ouvertures appelées lunettes et où s'effectue le frittage ou le recuit du verre. SYNTAXE : Arche à matières, à pots; arche à fritter (ou calciner), à recuire (ou de recuisson); arche cendrière : Ø 12. Pour amorcer l'étirage, on fait adhérer le verre qui vient de jaillir à une sorte de herse en fer que l'on soulève lentement entre des rouleaux dans une cheminée appelée puits. Cette cheminée est une arche à recuire et sa température se règle en ouvrant plus ou moins des volets tels que V. Lorsque la herse arrive vers le sommet de la cheminée, on la détache et à partir de ce moment la partie du ruban de verre déjà solidifié s'engage entre des rouleaux et entraîne la partie visqueuse. CLÉMENT DUVAL, Le Verre, 1966, page 66. III.— Argot. A.— Argot des voyous. Coffre-fort. (Attesté dans le Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT), 1901, Charles-Louis Carabelli, [Langage de la pègre] ). · Aller à l'arche. Aller chercher de l'argent. Remarque : Attesté dans Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte, 1866, Les excentricités du langage français (Lorédan Larchey) 1880, Dictionnaire de la langue verte (Hector France) 1907, La Rue 1954, Dictionnaire historique des argots français (Gaston Esnault) 1966, qui donne une définition plus précise " Aller chercher, avec une procuration, l'argent qu'un joueur dupé a perdu sur parole ", et Charles-Louis Carabelli, [Langue de la pègre] . B.— Au pluriel. [Par référence à l'arche de Noé] " Galères " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 751. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 191, b) 1 270; XXe. siècle : a) 1 102, b) 833.