Définition et usage du mot: BLÂMÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. A.— Participe passé de blâmer* B.— Adjectif. 1. DROIT ANCIEN. Puni d'un blâme, à qui on a infligé un blâme. Les juges me renvoyèrent blâmé (PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Collection de lettres et articles publiés jusqu'à ce jour dans différents journaux, 1824, page 205 ). — Emploi comme substantif : Ø 1. J'espère (...) que vous n'avez pas envie (...) que je reste le blâmé de ce vilain parlement que vous venez d'enterrer sous les décombres de son déshonneur. PIERRE-AUGUSTIN CARON DE BEAUMARCHAIS, Correspondance, 1799, page 307. 2. DROIT ADMINISTRATIF : Ø 2. Est-il admissible qu'un acte blâmable et blâmé du gouverneur de Paris suive ses conséquences au détriment de celui contre lequel il fut commis? GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 286. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 215. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 513, b) 269; XXe. siècle : a) 240, b) 187. Forme dérivée du verbe "blâmer" blâmer BLÂMER, verbe transitif. A.— Porter un jugement défavorable sur une personne ou sur une chose; faire de sérieux reproches. 1. Emploi transitif. a) Domaine moral, intellectuel, etc. — [Le complément d'objet désigne une personne] : Ø 1. Un jour il se permit de reprendre la conduite odieuse et incorrigible du commandant, il osa le blâmer en sa présence et lui fit les plus vifs reproches. GÉNÉRAL LOUIS-NARCISSE BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyage à la Louisiane et sur le continent de l'Amérique septentrionale, 1802, page 30. Ø 2. Au lycée, Silbermann remportait les mêmes succès dans ses études, bien qu'il fût souvent blâmé pour son manque de méthode. Notre professeur de français lui reprochait en outre l'abus qu'il faisait de ses lectures et l'habilité avec laquelle il s'appropriait les idées et le style des autres. JACQUES DE LACRETELLE, Silbermann, 1922, page 82. — [Le complément d'objet désigne une chose concrète ou abstraite] : Ø 3. La femme mariée (...) est constamment après son mari, blâme tous ses faits, lui reproche tous les manques de la maison... EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 147. — Littéraire : Ø 4.... beaucoup d'hommes blâment la pluie, la neige, la grêle, les vents, le soleil; cela vient de ce qu'ils n'ont pas bien compris la liaison de toutes choses; ils croient que tous ces faits dépendent de décrets arbitraires, et qu'il y a au monde un capricieux jardinier qui peut arroser ici ou là;... ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1908, page 32. b) Domaine esthétique : Ø 5. Vous devez savoir que les lecteurs sont, en général, des juges sévères, plus disposés à blâmer les défauts d'un ouvrage, qu'à en louer les beautés;... MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 1, 1801, page X. Ø 6. Une rivale aurait peut-être accusé de dureté d'épais sourcils qui paraissaient se rejoindre, et blâmé l'imperceptible duvet qui ornait les contours du visage. HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 119. — Par métonymie. Il n'était plus le piteux cavalier que l'art équestre du capitaine blâmait (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 284 ). c) Domaine techniques : Ø 7.... des hommes, qui semblent être des spécialistes, affirment avec autorité, que nous serons retombés avant les fortifications. Beaucoup d'autres choses encore sont blâmées dans ce ballon d'un nouveau type que nous allons expérimenter avec tant de bonheur et de succès. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Voyage du Horla, 1887, page 1320. SYNTAXE : Blâmer quelqu'un de, pour, sur quelque chose; blâmer quelqu'un de, pour + infinitif; blâmer quelque chose de, en quelqu'un ou quelque chose; blâmer quelqu'un de ce que; rare, blâmer (en emploi absolu) + complétive : Ø 8. Si j'avais rencontré dans cette personne sans fortune et sans nom, (...), la beauté, la vertu, et mille qualités aussi dignes de mon respect que de mon amour... (...) Qui pourrait blâmer que j'eusse le désir de partager ma richesse avec son dénûment,... RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 299. 2. Emploi pronominal réfléchi : Ø 9. Le comte se dit que pour en être presque arrivé à se blâmer lui-même, il fallait qu'une erreur se fût glissée dans ses calculs. ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 707. Ø 10. Quand, par dérogation extraordinaire, Haudouin avait caressé sa femme au milieu de la journée, ils en demeuraient un peu gênés, comme s'ils eussent accompli une mauvaise action. Non seulement ils se blâmaient d'avoir dérobé ces instants-là au travail, mais cela leur semblait aussi contraire au bon sens que d'aller au sabbat en plein jour. MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 25. 3. emploi absolu. Que fallait-il faire? Étais-je appelé, comme les grandes personnes, à blâmer, féliciter, absoudre? (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 40) : Ø 11. Accuser, blâmer, soupçonner, maudire, railler, condamner, voilà ce qu'il y a au bout de toute causerie politique ou littéraire,... AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 440. B.— Emplois spéciaux, rares. Infliger un blâme. 1. DROIT ANCIEN : Ø 12. Accusé, poursuivi, mon innocent langage et mon parler timide trouvèrent grâce à peine; je fus blâmé des juges. PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Pamphlet des Pamphlets, 1824, page 213. 2. DROIT ADMINISTRATIF : Ø 13.... Brisson ayant blâmé Zurlinden (sans avoir même le vulgaire courage de mettre son blâme au Journal Officiel), laisse l'acte par lequel Zurlinden est blâmé porter ses conséquences. GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 272. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 175. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 367, b) 1 651; XXe. siècle : a) 1 547, b) 1 169.
