Dictionnaire en ligne: ÉMERAUDE, substantif. I.— Substantif féminin. A.— MINÉRALOGIE et JOAILLERIE. Pierre précieuse, transparente et généralement d'un vert intense, constituant une des variétés du béryl. Le diamant dans les mines de Golconde, le rubis dans celles du Pégu, l'émeraude dans les rochers du Pérou, et la perle au fond de la Mer orientale (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 177 ). La bague était une magnifique émeraude parfaitement montée (ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, page 119 ). Plusieurs coulées de gemmes uniques! des parures! des émeraudes d'une magnificence incroyable! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 514 ). Confer aigue-marine exemple 3 : Ø 1. Les émeraudes égyptiennes sont inférieures à celles de l'Oural, remarquables par leurs dimensions, mais qui, à leur tour, ne peuvent rivaliser avec le splendide coloris des pierres sud-américaines, d'un vert à nul autre pareil, comparable à l'eau de quelques rares lacs de montagne. ANDRÉE ET NICOLAS METTA, Les Pierres précieuses, 1960, page 78. SYNTAXE : Émeraude(s) et or, et rubis, et saphirs; reflets d'émeraude; collier, croix, diadème d'émeraudes; perles, rubis, saphirs et émeraudes. · Émeraude orientale. Variété verte du corindon*. Émeraude orientale. — Corindon vert; joaillerie (A. PÉRÈS, Les Pierres et les roches, Guide pratique, 1896, page 41 ). Le corindon, que sa grande dureté place immédiatement après le diamant, fournit des gemmes très estimées et de couleurs variées. Il est bleu dans le « saphir » proprement dit ou « S. oriental » (...); rose dans le « rubis R oriental »; jaune « topaze orientale »; vert « émeraude orientale »; violet « améthyste orientale » (ALBERT DE LAPPARENT, Cours de minéralogie, 1899, page 508 ). — Par métaphore. [Par référence à l'éclat et/ou à la valeur de l'émeraude] Vous êtes belle. Vous êtes l'émeraude et la source du monde. Vous êtes la jeunesse, la joie (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, I, page 141 ). B.— Par métonymie. Couleur de l'émeraude. Ce nuage prit d'abord une nuance bleue; puis du saphir il passa à l'opale, et de l'opale à l'émeraude. Arrivé à cette dernière couleur, il s'y fixa (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 2, 1846, page 309 ). Le moindre ton vert (« cobalt » et « émeraude » par exemple) et orangé donne un brillant magnifique (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1853, page 6 ). Toutes les teintes, ce sont : mauve tendre, réséda, crépuscule, gris tzarine, bleu scabieuse, émeraude, marron doré (STÉPHANE MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, page 800) : Ø 2.... il se plaît ainsi à établir ses premiers plans dans les harmonies claires et les autres dans des accords de plus en plus soutenus, passant (dans son Décor Méridional du Musée d'Art Moderne, par exemple) du gris et des roses pâles à des oranges cuivrés, des violets, des émeraudes d'une vigoureuse intensité. BERNARD DORIVAL, Les Peintres du XXe. siècle, 1957, page 29. — En particulier. 1. Emploi adjectival invariable. Qui a la couleur verte de l'émeraude. La verdure émeraude de l'herbe au printemps, le dessèchement violacé des fonds de torrent (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1890, page 1117 ). S'avisant à son reflet du ruban émeraude qu'elle portait autour du cou (ANDRÉ GIDE, Isabelle, 1911, page 655) : Ø 3.... tout un atouche en soie écarlate traversé de deux bandes de couleur olive; l'orange à côté du violet, des roses croisés avec des bleus, des bleus tendres avec des verts froids; puis des coussins mi-partie cerise et émeraude, des tapis de haute laine et de couleur plus grave, cramoisis, pourpres et grenats, tout cela marié avec cette fantaisie naturelle aux Orientaux, les seuls coloristes du monde. EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, page 236. 2. D'émeraude, locution adjectivale. a) [En parlant d'un élément du paysage] Lacs d'émeraude, lacs glacés (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Les Syrtes, 1884, page 15 ). Une espèce de forêt d'émeraude sombre (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 276 ). · Côte d'Émeraude. Littoral nord de la Bretagne caractérisé par la couleur verte de la Manche à cet endroit : Ø 4. La diversité et la beauté des sites appelaient la Bretagne à une vocation touristique. La vie balnéaire s'est émiettée à l'image du littoral. Pourtant, parmi cette foule de petites stations, quelques concentrations se sont faites : d'abord sur la Côte d'Émeraude, de Cancale au cap Fréhel, où la relative proximité de Paris était un facteur favorable au développement de stations comme Dinard. Encyclopædia Universalis. tome 3 1969, page 584. b) Poétique. [En parlant de l'Irlande, par référence à l'abondance et à la fraîcheur de sa végétation] Érin, île d'Émeraude; Émeraude des Mers. À bord du navire qui le portait vers l'Écrin d'Émeraude (JACQUES-ÉMILE BLANCHE, Mes Modèles, 1928, page 231 ). c) [En parlant d'une partie du corps d'une personne ou d'un animal, notamment des yeux] . Les vipères à la robe d'émeraude (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 271 ). Sur ta main pâle et chaude Une larme tomba de tes yeux d'émeraude (ALBERT SAMAIN, Le Chariot d'or, 1900, page 62 ). Sur le saleys qui dort Un oiseau d'émeraude et d'or Fila comme une flèche (PAUL-JEAN TOULET, Les Contrerimes, 1920, page 42 ). C.— Rare. ALCHIMIE. Émeraude des philosophes. Rosée du mois de mai. On sait, de plus que la « rosée de mai », ou « émeraude des philosophes », est verte (FULCANELLI, Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique..., tome 2, 1929, page 249 ). Remarque : Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892 définissent l'émeraude des philosophes comme la rosée des mois de mars et septembre; seul Dictionnaire des symboles (Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Marian Berlewi) 1969, page 324 abonde dans le sens de Fulcanelli. II.— Substantif masculin. ORNITHOLOGIE. A.— Oiseau paradisier de la Nouvelle-Guinée, caractérisé par le plumage vert de sa gorge. Dans une promenade, il est vrai, j'entendis les cris glapissans de plusieurs émeraudes mâles (JULES-SÉBASTIEN-CÉSAR DUMONT D'URVILLE, Voyage de découvertes autour du monde et à la recherche de La Pérouse, tome 4, 1832-34, page 582 ). B.— Émeraude-améthyste. Oiseau-mouche ou colibri de la Guyane, caractérisé par un plumage bleu et vert. Confer améthyste exemple 8. Remarque : 1. Grand dictionnaire universel du XIXe et du XXe. siècle (Pierre Larousse), Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965 attestent l'emploi au pluriel de émeraude pour désigner un groupe de colibris. 2. On rencontre dans la documentation émeraudé, ée, adjectif, rare. Qui rappelle par la couleur ou l'éclat l'émeraude. Leur toit de cuivre verdi et émeraudé fait penser à des dames vénitiennes (Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 1860, page 806). Cette petite idole aux prunelles émeraudées (Paul Duval, dit Jean Lorrain, Phocas, 1901, page 351). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 428. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 533, b) 976; XXe. siècle : a) 621, b) 467.
