Devoir de Philosophie

FARCE2, substantif féminin.

Publié le 11/02/2016

Extrait du document

 

FARCE2, substantif féminin.  

A.—  LITTÉRATURE (THÉÂTRE).  

1. HISTOIRE LITTÉRATURE.   [Moyen Âge]  Petit intermède comique joué sur le parvis des églises au cours de la représentation d'un mystère. Le peuple pieux du Moyen Âge, sur le parvis même de l'église, jouait les farces et les soties (MARCEL PROUST, La Prisonnière,  1922, page 127) : 

Ø 1.... les jours de spectacle, on avançait dans les églises l'heure des vêpres pour permettre aux fidèles, et sans doute aussi au clergé, de se rendre à temps au théâtre. (...). Les confrères, pour accroître encore la vogue dont ils jouissaient, ne tardèrent pas à joindre aux tragédies d'église quelques farces plus capables d'égayer l'assemblée.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Tableau historique et critique de la poésie et du théâtre français au XVIe.  siècle,  1828, page 176. 

2. Pièce de théâtre d'inspiration bouffonne mettant en scène des personnages souvent grotesques et présentant généralement un comique de mots, de gestes ou de situation(s). Jouer une farce; farce italienne. Un théâtre où l'on jouait des parodies, des farces classiques et des comédies de Gozzi (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 198) : 

Ø 2. Le Bourgeois Gentilhomme est une des seules grosses farces de Molière qui se hausse jusqu'au type, où la victime, à distance, échappe au rire cruel de la cour et nous montre un brave homme, soucieux de quitter l'ombre dédaignée par le soleil de Versailles.

JEAN COCTEAU, Le Foyer des artistes,  1947, page 181. 

—  En particulier.  MUSIQUE.  Opéra bouffe en un acte qui connut une certaine vogue en Italie (confer Rougnon 1935). 

—  Par métonymie.  [Avec l'article défini]  Genre théâtral dont relève une pièce de ce type. Je veux ne rien omettre de la résurrection annuelle de Paris par le drame, la comédie, la farce et la féerie (STÉPHANE MALLARMÉ, La Dernière mode,  1874, page 752 ). 

3. Locution figurée. 

a) Tirez le rideau, la farce est jouée. C'est une affaire réglée, il est inutile de s'y attarder. Nous allons fermer l'appartement, la farce est jouée, et vous remettrez la clef à M. le maire (HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette,  1846, page 268 ). 

b) Être le dindon de la farce (familier). Confer dindon I B 1 a. Tu n'entends pas être le dindon de la farce, peut-être? Reste donc chez toi, grande bête (ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris,  1873, page 759 ). 

c) En voir la farce (populaire et rare). Être satisfait, comblé par un voeu, par un désir qui se réalise. —  Vous ne savez pas ce que c'est que le grand jeu? dit solennellement Mme.  Fontaine. —  Non, je ne suis pas n'assez riche pour n'en avoir jamais vu la farce (HONORÉ DE BALZAC, Le Cousin Pons,  1847, page 126 ). 

Remarque : Encore dans DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT ) Supplément 1970 avec un exemple de M. Pagnol. 

B.—  Par extension, langage courant. 

1. Plaisanterie bouffonne, voire grossière, que l'on dit ou fait pour divertir les autres mais, plus souvent, pour s'amuser à leurs dépens. 

a) [L'accent est spécialement mis sur les paroles]  Dire, conter, débiter des farces. Synonyme : blagues. Maître Nicole (...) était un excellent homme, qui débitait d'assez bonnes farces au dessert (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale,  1845, page 176 ). 

b) [L'accent est spécialement mis sur un acte]  Bonne (souvent par antiphrase), mauvaise farce; faire, jouer une (des) farce(s); une farce d'écolier, d'étudiant Synonymes : bon (mauvais) tour, niche (familier), canular (familier). Gustave évoquait des farces d'écolier, des tours joués au père Gros (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre,  1919, page 117 ). Le cancre végétatif (...) machinateur de chahuts et de farces  (ALEXANDRE ARNOUX, Pour solde de tout compte,  1958, page 64) : 

Ø 3. On ne fait plus chez nous la vraie farce, la bonne farce, la farce joyeuse, saine et simple de nos pères. Et, pourtant, quoi de plus amusant et de plus drôle que la farce? Quoi de plus amusant que de mystifier des âmes crédules, que de bafouer des niais, de duper les plus malins, de faire tomber les plus retors en des pièges inoffensifs et comiques?

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Farce, 1883, page 1278. 

—  En particulier. 

·    Goût, disposition naturelle à plaisanter, à jouer des tours. Le goût du merveilleux n'a d'égal que le goût de la farce (MAURICE BARRÈS,La Colline inspirée,  1913, page 143 ).  [Avec ellipse de l'article]  Un certain esprit de farce et de taquinerie (PAUL CLAUDEL, Le Pain dur,  1918, I, 1, page 419 ). 

·    Souvent au pluriel.  Petit objet truqué que l'on offre à quelqu'un pour le duper et s'amuser de sa méprise. Boutiques de farces et attrapes. Synonyme : attrape (confer ce mot exemple 3). Boîte contenant 15 farces amusantes (Catalogue de jouets des Magasins du Louvre, 1936) : 

Ø 4. Lorsqu'on avait eu un enfant ensemble, inutile, n'est-ce pas? d'y mettre des façons, pour se fourrer sous la couverture. C'était comme les farces, le poil à gratter, le lit déboulonné, les joujoux qui aboient quand on les presse, tout ça, avec eux, n'aurait guère été que de la moutarde après dîner.

ÉMILE ZOLA, La Terre,  1887, page 194. 

c) Locution (vieillie) Faire ses farces. S'amuser, mener une vie libre et dissolue. —  Ah! Ah! petit... tu fais déjà tes farces, libertin! (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz,  1902, page 332) : 

Ø 5. —  Oui, la maman s'est saignée, dit Vautrin. Vous pourrez maintenant faire vos farces, aller dans le monde, y pêcher des dots, et danser avec des comtesses qui ont des fleurs de pêcher sur la tête.

HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot,  1835, page 113. 

—  Par euphémisme.  Faire des infidélités à son conjoint. —  Cela veut dire que votre femme fait ses farces tout comme les autres (PAUL DE KOCK, Le Cocu,  1831, page 214 ). 

2. Emploi adjectival, familier vieilli. 

a) Emploi apposé.  Qui a le goût de la farce; qui exprime ou contient de la drôlerie, du comique. Synonymes : drôle, cocasse, farceur. Ouvrage profondément farce (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1853, page 259 ). Mère Plutarque! (...) autre nom farce (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 115 ). Auteur farce et rigolo de syntaxe et de dictionnaire (LÉON DAUDET, Au temps de Judas,  1920, page 150 ). 

Remarque : Peut parfois rester invariable après un nom au pluriel, lorsque le substantif employé adjectivement est encore senti comme expression Ellipse Confusément disait l'Elster, l'Estramadoure, (...) Devant quatre ou cinq gars attentifs et narquois S'exclamant et riant très fort aux endroits farce (Paul Verlaine, Œuvres complètes, tome 1, Jadis, 1884, page 339). 

b) Emploi attribut. Letondu apparaissait prodigieusement farce et cocasse (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs les Ronds-de-cuir, 1893, 3e.  tableau, II, page 106) : 

Ø 6. C'était un grand gaillard, à cou énorme. Il riait, il jouissait des morceaux de peau que les deux femmes montraient. La petite blonde était grasse comme une caille. Ça serait farce, si sa chemise se fendait.

ÉMILE ZOLA, L'Assommoir,  1877, page 399. 

·    C'est rien farce. Je t'avoue que si je ne t'avais pas connu je serais peut-être encore en train de traîner sur les routes, « marcher la route » comme ils disent, nos gens, non, c'est rien farce, tu me vois, caporal, marchant derrière une roulotte, avec les femmes, les mômes, les chevaux maquignonnés (BLAISE CENDRARS, L'Homme foudroyé,  1945, page 367 ). 

Remarque : 1. On rencontre dans la documentation un emploi adjectival substantivé. —  Hein! les sacrés pochards! ils sont d'un farce! (IDEM, ibidem, page 506). 2. DICTIONNAIRE DES MOTS SAUVAGES  (MAURICE RHEIMS) 1969 atteste avec un exemple de Renée Massip l'adjectif farcesque. Qui tient de la farce : Le rire prohibé que suscitait l'esprit farcesque (La Main paternelle, Paris, Gallimard, 1961, page 84). Gustave Flaubert (Correspondance, 1878, page 112) reprend à son compte la célèbre phrase de Montaigne : Nos vacations sont farcesques. 

 

STATISTIQUES : Farce1 et 2. Fréquence absolue littéraire : 995. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 777, b) 2 302; XXe.  siècle : a) 2 339, b) 927. 

 

Forme dérivée du verbe \"farcer\"

 farcer

 Ce mot n'est pas défini dans le Trésor de la Langue Française.

 

 

Liens utiles